Céline à Madagascar

Récit et illustrations de Céline Constant, 16 ans

 

Dimanche soir, arrivée à Tananarive.

 

Lundi matin, après une nuit encore chaude de soleil, dès 5 heures on entend déjà monter l'effervescence de la ville.

Même si l'aéroport n'est qu'à quelques kilomètres de Tana, nous partons une heure avant. Sur le trajet, nous en comprenons la raison : çà roule dans tous les sens, les voitures s'arrêtent au milieu de la chaussée ... à se demander s'il existe un code de la route !...

Pendant ces attentes, nous avons tout le temps d'apprécier notre environnement pittoresque. De vieilles voitures (4L, 2 chevaux ...) aux couleurs éclatantes roulent au milieu d'une foule tout aussi bariolée. Des gamins jouent à même le sol et nous disent bonjour.

Matinée d'attente de l'avion à l'aéroport de Tana.

Arrivée à Morondava : lieu désert et une heure d'attente avant de récupérer les bagages.

L'hôtel se compose de petits bungalows sur pilotis qui donnent sur une plage immense et blanche en bordure d'une mer turquoise.

Vers 4 heures, sous le soleil encore écrasant, je m'en vais marcher le long de cette plage, les pieds mouillés par l'eau chaude des vagues. La baie se finit par un bateau échoué, tout rouillé. Je reste quelques minutes à l'ombre de l'épave, inerte, éblouie par le soleil intense. Je regarde les rouleaux qui, inlassablement, butent sur cette carcasse. Ensuite, je me décide à faire demi-tour. Tous les Malgaches que je croise me saluent et l'un d'eux marche avec moi jusqu'à l'hôtel. Nous restons longtemps assis sur le sable. Il me parle de la vie à Madagascar, de la pêche à la crevette et de maintes autres choses dont je ne me souviens plus.

Je suis à peine depuis deux jours au bout du monde, et je sens déjà la chaleur de ce peuple, sa gentillesse, son dévouement ...

 

Mardi, c'est le jour de la grande excursion. Tôt le matin, nous partons en 4x4 sur des pistes cabossées. Le trajet dure longtemps, presque toute la matinée. Au passage, nous nous embourbons dans un trou fangeux ... Tout çà pour voir des baobabs !

Ils sont imposants et majestueux. Leurs cimes brossent le coucher du soleil dans les tons orange-rose. En continuant sur cette piste, nous atteignons vers midi la forêt des lémuriens - en malgache : forêt de kirindi-.

Nous sommes vraiment dans la jungle. Nous marchons dans le sous-bois d'où émane une chaleur étouffante. Certains oiseaux lâchent des cris qui percent le silence ; ceux sont les perroquets noirs. Soudain, des bruits de feuilles nous font sursauter : nous levons les yeux et apercevons les lémuriens dans les branches. Ils sont par groupes de 3 à 8 membres. Il existe à Madagascar six espèces de ces "peluches", dont quatre nocturnes.

Notre présence ne les dérange pas et nous les voyons sauter de branche en branche avec une agilité épatante !

Nous rencontrons également de gros lézards affublés d'une crinière de piquants sur le dos, on dirait des iguanes - pas très rassurants-, tout comme les gros serpents qui dorment enroulés au bord du chemin ...

Outre toutes ces bestioles effrayantes, nous pouvons admirer ces gros piliers de bois : baobabs, camphre, ébène ... enfin, tous les bois "précieux" de Mada.

Au retour, nous nous arrêtons auprès d'une petite tribu africaine parmi tant d'autres en bordure de la route rouge et boueuse.

Naturellement, les enfants nous accueillent avec enthousiasme : en leur donnant quelques bonbons, nous leur offrons le bonheur.

A l'ombre d'un arbre, une femme pile le riz, tandis que d'autres dorment. Certains se baignent dans des flaques fangeuses d'aspect plutôt insalubre. Je suis affligée devant la misère de cette population : "maisons" en torchis, guenilles trouées et rien. Ils vivent de leurs petites cultures et d'élevage : riz, volaille ...

Sur cette même piste, nous nous embourbons de nouveau  dans la même ornière qu'à l'aller. Alors, rebelote, il faut que tout le monde retourne patauger dans la boue ...

 

Mercredi, nous prenons le bateau. Au large, en plein milieu de l'océan, il y a une petite île uniquement faite de sable entouré d'un cordon d'eau turquoise. C'est un délice de plonger dedans. En faisant le tour de la plage, je trouve des coquillages magnifiques gros et intacts. Inutile de dire que j'en ramasse des quantités !

Ce petit paradis n'est qu'une escale. Notre destination finale est Belo sur Mer, un village de pêcheurs. Après la sieste sous les cocotiers et malgré le soleil plombant, je décide d'explorer plus avant le village.

A l'inverse des tribus africaines, les habitations côtières sont des cases de bois juchées sur pilotis.

L'activité principale de Belo est la construction de pirogues et de boutres taillés directement dans les troncs. Au bord de l'eau, on trouve énormément de carapaces de crabes (d'une envergure imposante) et parfois de tortues aussi.

Ici, les eaux sont chaudes et très poissonneuses. Les gens n'ont pas besoin de grand chose pour vivre heureux. Ils ont une vie simple.

 

Puisque la journée du jeudi est libre, nous choisissons de visiter le centre ville de Morondava. C'est vraiment folklorique !! Les quelques boutiques que nous y trouvons ne proposent à la vente que des babioles inutiles. Sur le trottoir, assises sur le sol, des couturières s'affairent sur de vieilles machines à coudre manuelles. Ensuite, nous visitons le marché où les viandes et les poissons cuisent au soleil et sont à la merci des mouches. Une sorte d'égout traverse le marché. Des odeurs fétides planent au-dessus des étalages et je ne m'attarde pas trop, de peur de me sentir mal.

Si on ne tient pas compte de la fraîcheur des produits, la gastronomie malgache n'est pas mauvaise. J'ai goûté de l'autruche et du zébu : c'était vraiment succulent. Mais le plat local typique, c'est le "roumasav" : des morceaux de zébu ou de porc avec des brèdes spéciales qui picotent la langue, le tout accompagné de riz. La deuxième spécialité culinaire est le "ravtout", qui se compose de feuilles de manioc au coco assorties de viande et de riz.

 

Vendredi matin, nous embarquons dans une pirogue pour aller visiter la mangrove (où l'on pêche les gros crabes) ; puis nous faisons escale dans un village de pêcheurs similaire à celui de Belo : des cases de bois, et les gosses qui jouent au milieu des zébus et des cochons. Les hommes sont à la pêche pour ramener le repas du jour. En fait, ceux sont des gens qui vivent en autarcie.

Un boutre (taillé directement dans un tronc d'arbre) avec son balancier

- parfois équipé d'une voile-

Après cette petite balade en mer, nous faisons une sieste réparatrice jusqu'à 4 heures : c'est dur, la vie sous les tropiques !!!

 

Samedi après-midi, visite du parc du Menabe : lémuriens (quand ils se déplacent au sol, ils dansent et sautillent debout sur leurs pattes de derrière), autruches, tortues, serpents, lézards, sangliers, des caméléons superbes, hérissons, crocodiles ... et visite d'un tombeau africain : un petit carré avec une barrière en bois toute sculptée.

 

Dimanche matin, 10 heures, avion pour Tana qui décolle à 14 heures ! On l'aura compris, les avions ne sont pas très ponctuels à Madagascar !

 

Lundi matin, marché artisanal de Tana : nappes malgaches, pierres, sculptures sur bois ...

 

Dimanche après-midi : retour à la maison.

Peut-être comme une sorte de conclusion à ce voyage, je qualifierais cette terre de mystérieuse et son peuple de chaleureux.

Une semaine isolée de tout : stress, télé, urbanisation ... J'ai eu l'impression de revenir cent ans en arrière, mais j'ai beaucoup apprécié la simplicité de la vie des Malgaches, leur joie de vivre ...

Je pense que c'était comme une véritable coupure dans le temps, où tout ce que l'on croyait indispensable à notre vie s'évaporait. La nature abondante et généreuse s'impose à Madagascar en maître absolu des lieux.

C'était un très beau voyage ...

 

Céline