VTT à partir d'ASCAIN (25 mars 2001)

 

Pierre était réticent pour m'emmener faire du VTT (Vélo Tout Terrain) à la boucle d'Ascain. Il se souvenait des difficultés que j'avais éprouvées lors de la Médocaine, où j'étais prête à tout abandonner au bout d'une heure de cahots tant je souffrais (je ne supportais plus le contact de la selle). Pourtant, grâce à ses conseils éclairés (et à mon entêtement), j'avais tenu bon jusqu'au bout des 50 km (et j'avais même dansé aux haltes-dégustations de vin reconstituantes agrémentées de concerts de musiciens en habit !). C'était il y a 2 ans.

Depuis, nous avions suivi Richard dans un circuit plus court, mais sportif tout de même, à partir du phare de Fontarrabie, en longeant la falaise qui plongeait dans l'océan puis en passant par l'église de Guadalupe et le fort enfoui sous la colline. J'avais adoré la halte - déjeuner dans la petite crique en forme de mini-fjord aux crabes innombrables courant sur les roches plates et glissantes, couvertes de mousses vertes et humides, où j'avais nagé dans une eau peu profonde aux fonds transparents parsemés d'oursins.

 

Enfin, nous avions refait la Médocaine, mais en choisissant le circuit de 30 km seulement.

Voilà mon expérience du VTT.

J'étais un peu inquiète. J'avais en mémoire les récits de Max émaillés de description de "soleils" mémorables (chutes spectaculaires par-dessus le vélo) dont il nous avait gratifié pratiquement après chaque sortie VTT à la suite de Pierre.

Je savais bien que le groupe ne me laisserait pas tomber et m'aiderait, mais je n'avais pas envie d'être la lanterne rouge qui freine tout le monde. 

Certes, je sais monter à vélo, mais sur route bitumée, et encore, pas trop longtemps ; je n'aime pas trop les côtes, et il ne faut pas me demander d'aller très vite. En outre, je ne suis pas du tout entraînée : je n'en ai pas fait depuis de nombreux mois (alors qu'Anglet aménage de plus en plus de voies cyclables).

 

 

 

C'est aujourd'hui que nous changeons d'heure, il a fallu donc nous lever très tôt pour un dimanche (7 heures, heure d'été, mais 6 heures, heure d'hiver) et j'ai découvert les Pyrénées effleurées sur leurs cimes par les rayons rasants du soleil. Je me serais crue à Lescun. C'était superbe. La météo annonçait la pluie, puis couvert, et comme d'habitude, ils se sont trompés, il fait très beau (mais frais pour le moment). 

Max est catastrophé : il a oublié son sac à dos avec tout le matériel de dépannage et l'eau devant son garage, mais heureusement Pierre est équipé pour réparer pneus crevés, freins défaillants et autres calamités. Nous partons donc de la place principale d'Ascain où nous laissons les voitures garées près de l'église. Les cerisiers sont en fleurs et à la vue des pêchers roses du village me reviennent en mémoire les poèmes de mon enfance... Nous laissons les dernières maisons, pour obliquer sur un chemin caillouteux à souhait, qui longe l'Arrayoko erreka (ruisseau).

 

Nous pédalons doucement, zigzagant entre les galets plus ou moins gros tout en admirant le paysage. Nous avons pénétré dans un vallon encore à moitié plongé dans l'ombre, parcouru par le ruisselet et dont les chênes montrent tous les stades de maturation, depuis les branches nues seulement bourgeonnantes, en passant par les feuilles tirant vers le jaune-vert tendre recouvertes de grappes de pollen, puis le feuillage vert cru coeur de salade, et enfin le vert plus sombre de l'arbre allant vers l'été. Les bas-côtés sont tapissés alternativement de violettes et de gentianes bleu profond dont les couleurs rivalisent d'intensité avec les buissons jaune d'or des ajoncs épineux qui nous agrippent au passage.

 

 

 

Nous montons et descendons, tantôt sur de la terre durcie, tantôt sur des gravillons fins ; parfois, un passage plus difficile s'apparente davantage au lit desséché d'un torrent (à monter, ou à descendre). Pierre, Max et Richard se lancent des défis : à celui qui tiendra le plus longtemps sans mettre pied à terre. Rose et moi poussons tranquillement le vélo, cela va aussi vite, et c'est moins périlleux. Un peu plus loin, il faut traverser le ruisseau à gué. Pierre me dit : "Vas-y, prends de l'élan, et ne t'arrête surtout pas, pas besoin d'aller vite, il suffit de bien viser l'endroit où l'eau est la moins profonde !" J'hésite un instant, et me lance. Ouf ! Je suis passée sans presque me mouiller : juste quelques éclaboussures ! Il faudra le traverser à plusieurs reprises, mais à chaque fois, l'accès est différent, et le passage en vélo tout aussi laborieux (si on veut garder les pieds secs).

 

 

Pierre et Richard ont pris de l'avance. Lorsque nous les rejoignons, Pierre est tordu de rire : une énorme flaque barrait le passage, il a fait la course avec son ami en faisant mine de la traverser, et au dernier moment, il est passé sur le côté. Evidemment, Richard s'est retrouvé au milieu, les deux pieds dans l'eau et le vélo totalement embourbé !

Nous faisons halte peu après le col de Saint Ignace près d'une bergerie, qui est en fait un gîte aux beaux murs de pierre. Richard sort ses chaussettes dégoulinantes et boueuses et marche pieds nus dans l'herbe vers le point de vue en bordure de pinède. Rose et moi nous asseyons sur une souche pour admirer la côte, et particulièrement la baie de Saint Jean de Luz protégée par ses trois digues.

 

 

 

Ensuite, nous poursuivons en longeant l'Uzkaïngo Erreka qui suit un autre vallon parcouru par des pottoks à la robe luisante (sauf un jeune dont les poils longs et bouclés font penser aux animaux en peluche, compagnons de notre prime jeunesse). Max essaie de les approcher le plus possible tandis qu'ils se désaltèrent à une petite cascade, pour les prendre en photo.

Au-dessus de nos têtes planent les vautours. Si près des agglomérations et pourtant en pleine nature sauvage, nous jouissons du calme champêtre et nous reposons dans l'herbe sèche au soleil en partageant les derniers carrés de chocolat. C'est le bonheur à l'état pur.

 

 

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