Enfin,
nous avions refait la Médocaine, mais en choisissant le circuit de 30
km seulement.
Voilà
mon expérience du VTT.
J'étais
un peu inquiète. J'avais en mémoire les récits de Max émaillés de description
de "soleils" mémorables (chutes spectaculaires par-dessus
le vélo) dont il nous avait gratifié pratiquement après chaque sortie
VTT à la suite de Pierre.
Je
savais bien que le groupe ne me laisserait pas tomber et m'aiderait,
mais je n'avais pas envie d'être la lanterne rouge qui freine tout le
monde.
Certes,
je sais monter à vélo, mais sur route bitumée, et encore, pas trop longtemps
; je n'aime pas trop les côtes, et il ne faut pas me demander d'aller
très vite. En outre, je ne suis pas du tout entraînée : je n'en ai pas
fait depuis de nombreux mois (alors qu'Anglet aménage de plus en plus
de voies cyclables).
C'est
aujourd'hui que nous changeons d'heure, il a fallu donc nous lever
très tôt pour un dimanche (7 heures, heure d'été, mais 6 heures,
heure d'hiver) et j'ai découvert les Pyrénées effleurées sur leurs
cimes par les rayons rasants du soleil. Je me serais crue à Lescun.
C'était superbe. La météo annonçait la pluie, puis couvert, et
comme d'habitude, ils se sont trompés, il fait très beau (mais
frais pour le moment).
Max est catastrophé : il a oublié son sac à dos avec tout
le matériel de dépannage et l'eau devant son garage, mais heureusement
Pierre est équipé pour réparer pneus crevés, freins défaillants
et autres calamités. Nous partons donc de la place principale
d'Ascain où nous laissons les voitures garées près de l'église.
Les cerisiers sont en fleurs et à la vue des pêchers roses du
village me reviennent en mémoire les poèmes de mon enfance...
Nous laissons les dernières maisons, pour obliquer sur un chemin
caillouteux à souhait, qui longe l'Arrayoko erreka (ruisseau).
Nous pédalons doucement, zigzagant entre les galets plus ou moins
gros tout en admirant le paysage. Nous avons pénétré dans un vallon
encore à moitié plongé dans l'ombre, parcouru par le ruisselet
et dont les chênes montrent tous
les stades de maturation, depuis
les branches nues seulement bourgeonnantes, en passant par les
feuilles tirant vers le jaune-vert tendre recouvertes de grappes
de pollen, puis le feuillage vert cru coeur de salade, et enfin
le vert plus sombre de l'arbre allant vers l'été. Les bas-côtés
sont tapissés alternativement de violettes et de gentianes bleu
profond dont les couleurs rivalisent d'intensité avec les buissons
jaune d'or des ajoncs épineux qui nous agrippent au passage.
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Nous
montons et descendons, tantôt sur de la terre durcie, tantôt sur
des gravillons fins ; parfois, un passage plus difficile s'apparente
davantage au lit desséché d'un torrent (à monter, ou à descendre).
Pierre, Max et Richard se lancent des défis : à celui qui tiendra
le plus longtemps sans mettre pied à terre. Rose et moi poussons
tranquillement le vélo, cela va aussi vite, et c'est moins périlleux.
Un peu plus loin, il faut traverser le ruisseau à gué. Pierre
me dit : "Vas-y, prends de l'élan, et ne t'arrête surtout
pas, pas besoin d'aller vite, il suffit de bien viser l'endroit
où l'eau est la moins profonde !" J'hésite un instant, et
me lance. Ouf ! Je suis passée sans presque me mouiller : juste
quelques éclaboussures ! Il faudra le traverser à plusieurs reprises,
mais à chaque fois, l'accès est différent, et le passage en vélo
tout aussi laborieux (si on veut garder les pieds secs).
Pierre
et Richard ont pris de l'avance. Lorsque nous les rejoignons,
Pierre est tordu de rire : une énorme flaque barrait le
passage, il a fait la course avec son ami en faisant mine
de la traverser, et au dernier moment, il est passé sur
le côté. Evidemment, Richard s'est retrouvé au milieu, les
deux pieds dans l'eau et le vélo totalement embourbé !
Nous
faisons halte peu après le col de Saint Ignace près d'une
bergerie, qui est en fait un gîte aux beaux murs de pierre.
Richard sort ses chaussettes dégoulinantes et boueuses et
marche pieds nus dans l'herbe vers le point de vue en bordure
de pinède. Rose et moi nous asseyons sur une souche pour
admirer la côte, et particulièrement la baie de Saint Jean
de Luz protégée par ses trois digues.
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Ensuite,
nous poursuivons en longeant l'Uzkaïngo Erreka qui suit un autre
vallon parcouru par des pottoks à la robe luisante (sauf un jeune
dont les poils longs et bouclés font penser aux animaux en peluche,
compagnons de notre prime jeunesse). Max essaie de les approcher
le plus possible tandis qu'ils se désaltèrent à une petite cascade,
pour les prendre en photo.
Au-dessus
de nos têtes planent les vautours. Si près des agglomérations
et pourtant en pleine nature sauvage, nous jouissons du calme
champêtre et nous reposons dans l'herbe sèche au soleil en partageant
les derniers carrés de chocolat. C'est le bonheur à l'état pur.
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