Promenade côtière (6 janvier 2002)
Participants : Cathy et Jean-Louis Constant, Michèle, Max, Julien et Jérémy Duez, Alida Kabache, Rose et Pierre Sorhaïts, Christine et Jeannot Ladevèse et, pour le retour des conducteurs aux voitures, Jean-Louis Bessou.
C'est
la première balade de l'année 2002 ! Il faisait tellement beau
samedi que nous avons décidé de refaire le lendemain la longue
marche depuis l'embouchure de l'Adour jusqu'à Bidart, que nous avions
faite il y a deux ou trois ans par une tempête exceptionnelle.Mis
à part Max, cela fait près d'un mois que nous n'avons pas fait
de randonnée, en raison du froid de cette fin d'année, et nous
manquons un peu d'entraînement. Evidemment, jusqu'au dernier moment,
nous n'avons pas été sûr du temps qu'il ferait. Samedi,
il n'y avait eu qu'un tout petit peu de brume aux alentours de 10 heures,
mais ce dimanche matin, le soleil brille par son absence.
Heureusement
que nous n'avons programmé le départ que pour 13 heures. Enfin,
il apparaît, et nous gagnons notre point de départ dans la bonne
humeur. Max est parti vers 8 heures du matin "faire" l'Artzamendi,
afin de ne pas piaffer d'impatience dans cette randonnée sans dénivelé.
Nous ne savons pas trop comment nous habiller : il fait frais, mais le corps
s'échauffe vite en marchant. J'ai décidé de superposer
les pulls pour pouvoir ajouter ou ôter une épaisseur à
volonté suivant la température ambiante. L'air est moins transparent
que la veille et les montagnes sont couvertes d'un léger voile, mais
il ne faut pas se plaindre, le ciel est d'un bleu limpide, de même que
la mer, dont la houle blanche s'orne d'une crête diaphane rebroussée
par le vent en une courbe légère. Il manque encore Jeannot et
Christine qui ont visité le musée basque le matin et nous rejoindrons
un peu plus loin. La marée descend jusqu'à 16 heures et la marche
est facile, d'abord sur la jetée, puis sur le sable durci par l'humidité
des vagues qui s'amenuisent progressivement. Quelques surfers enveloppés
de leur combinaison noire attendent patiemment sur leur planche le rouleau
idéal et, l'heure de la sieste passée, nous croisons d'autres
promeneurs.
Pierre,
toujours ennemi de la monotonie, nous entraîne à l'assaut de
la falaise qui domine la grotte de la Chambre d'Amour, pour gagner la route
qui mène au phare. C'est là que nous retrouvons Christine et
Jeannot, qui s'épargnent ainsi la portion des plages d'Anglet. Nous
obliquons vers l'entrée du golf de Biarritz pour rendre une visite
surprise à Alain, mais il est absent, dommage ! Nous suivons très
exactement la découpe de la côte et tournons à droite
sur le sentier piétonnier en surplomb de la mer d'où nous admirons
la vue plongeante sur les plages depuis celle du VVF jusqu'aux lointaines
plages landaises qui se profilent au-delà de l'embouchure de l'Adour.
La mer se soulève en rides régulières, respiration géante
actionnée par l'attraction conjuguée de la lune et du soleil
ainsi que les mouvements réguliers ou erratiques de notre atmosphère
terrestre. A la regarder ainsi, parsemée de quelques rares petits bateaux,
je me sens envahie d'une paix singulière. Pierre, toujours volubile,
raconte que des pêcheurs lui auraient assuré avoir trouvé
dans leurs filets, ou accrochés à leurs hameçons, des
piranhas (!!!), et qu'ils auraient vu également le souffle de deux
baleines, non loin de nos côtes... Cela me rappelle le cadavre du dauphin
que j'avais trouvé sur une plage d'Anglet en hiver, de triste mémoire.
Les
tempêtes hivernales affectent aussi les animaux marins, poissons, mammifères
ou oiseaux, rejetés brutalement sur les côtes par la furie des
éléments. Nous faisons le tour du phare nouvellement repeint
et apprécions la taille de certaines vagues qui se ruent vers les ruines
d'une tourelle de vigie en contrebas. Des touristes inconscients nous inquiètent
un moment, descendus trop bas et inconscients du danger de se faire balayer
par une vague plus forte. A Miramar, la grosse roche percée est couverte,
à son habitude, par toute une colonie d'oiseaux de mer, cormorans,
mouettes, goélans et autres sternes, silhouettes noires dressées
sur le sommet arrondie de la roche claire. Nous passons sur les rochers glissants
recouverts d'algues dégagés par la marée descendante
et encore léchés par quelques vagues et gagnons le port des
pêcheurs que nous longeons sans vertige sur les murets étroits
qui abritent des barques échouées sur le sable. Pierre, incorrigible,
interpelle le chauffeur du petit train touristique de Biarritz et nous le
prenons d'assaut uniquement pour traverser le tunnel jusqu'à la halte
du rocher de la Vierge. Ensuite, tout le monde descend, et le conducteur nous
raconte sa vie (Pierre, selon ses propres dires, aurait dû se faire
confesseur !). Le monde est petit : ils se trouvent des connaissances communes
et échangent des nouvelles. Ce brave homme, inquiet de l'épandage
des boues d'épuration prévu sur la commune de Biaudos, qui recevra
une compensation financière d'un demi-million de francs pour sa coopération,
a préféré déménager à Biarritz.
Nous poursuivons notre chemin vers la côte des Basques.
La
vue est toujours aussi merveilleuse, et nous constatons avec plaisir que nous
pourrons en toute sécurité cheminer sur la bande de sable découverte
par la marée au pied des falaises. Nous appelons Jean-Louis B. pour
qu'il prévoie de venir nous chercher aux alentours de 17 heures 30
à la plage d'Eretegia, juste avant celle où se jette le ruisseau
de l'Ouhabia. Nous avons mal évalué notre temps de marche. Au
bout de la jetée aménagée de la plage de la côte
des Basques, nous traversons le chantier interdit au public pour l'aménagement
des falaises qui continuent de s'écrouler en pataugeant dans les marnes
blanches gluantes et pleines de flaques. Puis nous escaladons les grosses
roches grises de protection et rejoignons le sable lisse et dur. Peu à
peu, le soleil descend sur l'horizon, disque rouge traversé de légers
rubans de brume, derrière le Jaizkibel et les monts cantabriques.
L'embrasement rouge violacé du ciel au-dessus de la croupe hispanique se reflète dans les minces pellicules d'eau, miroirs lissés par la vague qui se retire, contrastant avec l'opacité sombre du sable dur sous la voûte nocturne, et c'est presque à la nuit tombée que nous rejoignons enfin Jean-Louis B. qui nous attend patiemment. Le groupe se congratule et se sépare, les chauffeurs montent dans la voiture, Pierre repart chez lui à Bassussary en courant le long de la R.N. 10, et le reste du groupe remonte à pied lentement la côte raide pour attendre Max sur la place du village devant un bon chocolat chaud.