Préhistoire du Bassin de l'Adour : Bilans et perspectives

(19 janvier 2002)

SOMMAIRE

Préambule
 
Introduction
 
Le Paléolithique inférieur dans le Bassin moyen de l'Adour : technocomplexes à galets taillés du Pays de Rivière-Basse (Gers)
 
La grotte d'Unikoté (Pyrénées Atlantiques) : une grotte-repaire d'hyènes des cavernes avec des indices de présence humaine dans des niveaux würmiens. Mise en évidence de trois modes d'occupation différents de la cavité.
 
Bilan des recherches de 1996 à 1998 dans la grotte d'Isturitz (Pyrénées Atlantiques)
 
La grotte d'Azkonzilo à Irissarry. Note préliminaire.
 
Analyses anthracologiques en Basse Navarre et dans le bassin d'Arudy, bilan de recherches
 
Le solutréen de Montaut (Landes). Données anciennes et acquis récents.
 
La grotte du Bourouilla à Arancou (Pyrénées Atlantiques) : fonds commun et originalité du matériel dentaire façonné.
 
Histoire de la végétation et des activités humaines en montagne basque à partir de l'analyse pollinique.
 
L'habitat du Chalcolithique au Bronze moyen dans le Bassin de l'Adour. Premiers résultats.
 
Formes et évolution du complexe atlantique dans le bassin de l'Adour du XXVIème siècle au VIIIème siècle avant J.C.
 
Activités métallurgiques en montagne basque au cours des cinq derniers millénaires. Les apports d'une démarche intégrée alliant palynologie et géochimie isotopique du plomb.

 

 

Préambule :

Il fait encore nuit à 8 heures du matin lorsque je quitte la maison. Je suis contente, il n'a pas gelé, seule une bruine légère humecte la surface brillante du macadam. Je ne veux pas arriver en retard au colloque exceptionnel qui a lieu à Saint Etienne de Baigorry. J'allume la radio dans la voiture et, au fur et à mesure que j'approche de ma destination, la vallée des Aldudes, encastrée dans la chaîne des Pyrénées, je perds contact avec les chaînes espagnoles qui diffusent les informations. Les montagnes font écran aux ondes radio et de ce fait, Babou qui cherchera un peu plus tard à me joindre sur mon mobile nouvellement acquis pour trouver la mairie où se tient la session, n'y parviendra pas et devra demander son chemin aux passants.

St Etienne de Baigorry

Les premiers arrivés sont massés à l'entrée : pour moi, pas d'équivoque possible, je suis au bon endroit. D'autres voitures se succèdent à ma suite et se garent sur la vaste place fermée par le fronton tout au fond : je suis dans les temps. Une fois payé mon entrée, je vois qu'il y a deux sortes de sièges, les confortables et les autres, massés au fond. Ce détail est important, car nous devrons rester assis pendant toute la journée. Je me hâte d'occuper deux places aux sièges rembourrés encore vacantes, et patiente un moment en observant la population présente. Je repère très vite deux costume-cravate, qui s'avèrent effectivement être les officiels : le plus important a le volume proportionné à sa charge, le visage rubicond et l'aisance souriante, l'autre est plus jeune, au corps sec et le visage moins ouvert. Les scientifiques bavardent par petits groupes, mélangés au public varié, à dominante âgée tout de même, et majoritairement, quoique pas de façon écrasante, de sexe masculin. A mon étonnement (et ma satisfaction), nous sommes venus nombreux et la salle se remplit en l'espace d'une demi-heure - personne ne conteste la place gardée libre près de moi, heureusement -. Enfin, nous entrons dans le vif du sujet.

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Introduction :

A la tribune, le maire de Saint Etienne de Baïgorry, M. Jean-Baptiste Lambert, prend la parole et fait un discours de bienvenue et de remerciements. Enchaînent, dans le même registre, le Président du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques, M. Jean-Claude Lasserre, le Directeur Régional des Affaires Culturelles (D.R.A.C.), le professeur Pierre Bidart, Président du Comité Izpegui/CPIE Pays Basque, organisateur du colloque, et enfin M. Claude Chauchat, Docteur d'Etat, Chargé de Recherches au CNRS et responsable scientifique de cette journée. J'apprends qu'il y a quarante opérations archéologiques par an, représentant un budget de 3 millions de francs, ce qui met les Pyrénées Atlantiques au même rang que la Dordogne, et j'en suis étonnée. Les recherches qui vont être décrites représentent dix ans de travail en moyenne, le dernier colloque de ce genre ayant eu lieu à Banca en 1992, avec pour sujet la métallurgie antique. Le public vient des quatre départements limitrophes, on parle même d'un Suisse attendu plus tard dans la journée qui voyage par le train.

Le comité Izpegui a pour objet d'organiser toutes sortes de manifestations relatives au patrimoine du Pays Basque, et n'est pas spécialisé dans l'archéologie. Il établira ultérieurement la publication des actes qu'il éditera lui-même, mais cela prendra un certain temps car il ne semble pas que les scientifiques présents soient entrés dans l'ère informatique : papiers volants, transparents et diapositives sont les outils efficaces, mais anciens, de présentation de l'information. D'ailleurs, le comité de lecture ne doit siéger que cet été, si j'ai bien compris. Il précise qu'il intégrera aux textes des interventions les communications des autres scientifiques qui n'auront pas pu présenter le résultat de leurs recherches lors de ce colloque : onze exposés, c'est déjà beaucoup pour la journée, il aurait fallu organiser plusieurs journées consécutives, plus onéreuses et moins pratiques pour ceux qui viennent de loin. Applaudissements, congratulations, vite, on commence, car il ne faut pas prendre de retard afin que chacun puisse s'exprimer.

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Françoise Millet et Dominique Millet, Laboratoire de Préhistoire, CNRS, Université de Toulouse-Le Mirail : "Le Paléolithique inférieur dans le Bassin moyen de l'Adour : technocomplexes à galets taillés du Pays de Rivière-Basse (Gers)"

Des prospecteurs locaux ont rassemblé des collections de ces galets taillés : un agriculteur à Labastide-Villefranche, un Allemand près de Sorde. D. Millet profite de travaux routiers pour examiner les talus taillés par la pelleteuse dans les collines plantées de vigne. Il nous montre des schémas sur transparents corrélativement à des diapositives. Il nous désigne la nappe du pliocène, dernier apport dans la région, la quartzite veinée de dépôts jaunes et nous donne l'âge approximatif des sédiments qui contiennent les outils (impossibles à dater au carbone 14) : le pléistocène moyen. C'est un gisement original à cause du matériau utilisé, le galet, au lieu du silex.

Le lieu d'observation se situe près des villages de Lelin et Lapujolle et se nomme la station de Soubiran. D. Millet en effectue la stratigraphie en commentant qu'il s'agit d'une station de plein air en partie détruite. Le matériel recueilli se compose de produits de débitage, outillage sur éclats, bifaces, choppers, racloirs... Nous sommes sur un lieu de façonnage d'outils sur galets. Il nous montre des outils façonnés sur éclats, des ébauches, des bifaces retravaillés, des racloirs très grossiers. Il commente la facture de certains bifaces, grossiers, asymétriques, irréguliers, une partie de leur surface non façonnée. Des termes techniques s'égrainent : taille centripète, ou bifaciale alterne. C'est un scientifique qui a effectué lui-même des séquences de taille expérimentale. De ce fait, il appréhende mieux les problèmes liés au matériau lui-même, le galet (à la place du silex utilisé sur d'autres sites à la même époque). Il s'agit d'une matière composite, peu solide, qui parfois se fend en deux de façon impromptue. Il conseille : "Surtout, ne tapez jamais sur la pointe, cela provoque des ondes de choc dans le galet qui le brisent, et lorsque vous avez travaillé 5 heures durant à le façonner, cela fait mal au cœur !" Les pièces pèsent de 400 grammes à 1,5 kg (outils lourds). Il y a des traces de débitage sur enclume, de percussion violente avec un percuteur dur, autre galet ou percuteur mobile. L'aspect du produit fini dépend des caractères techniques de la matière première : pour les nuclei plus structurés, il en sort des formes discoïdales.

Percuteur

En voyant les photos, je suis étonnée du sens de l'observation de ces chercheurs et des collectionneurs locaux : il s'agit d'un endroit totalement isolé, en plein campagne gersoise, au milieu des vignes, et les galets, érodés, enserrés dans une couche à un demi-mètre de profondeur de la surface sont visibles ici uniquement en raison du fait qu'il s'agit d'un talus tranché dont on voit les strates horizontales en coupe. Les schémas des galets représentés de face, de profil et de "dos", sont plus parlants que les photos.

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Patrick Michel, Université Bordeaux I, CNRS, Talence : "La grotte d'Unikoté (Pyrénées Atlantiques) : une grotte-repaire d'hyènes des cavernes avec des indices de présence humaine dans des niveaux würmiens. Mise en évidence de trois modes d'occupation différents de la cavité."

P. Michel travaille dans cette grotte depuis quelques années grâce à Claude Chauchat. Elle est située près d'Iholdy, dans des calcaires du crétacé, et insérée dans la "gouttière" Bonloc. Elle se compose de deux parties :

- Unikoté 1, dans le porche d'une surface de 33 m², divisée en 13 niveaux d'étude différents sans avoir encore atteint le plancher de la grotte. On y distingue deux grands ensembles : un plancher stalagmitique présentant une forte présence de hyène des cavernes et un autre où celle-ci est moins présente.

- Unikoté 2, située sur une portion antérieure du même réseau karstique dont le toit s'est effondré (gros blocs calcaires). Une tranchée y a été creusée pour faire un sondage, les sédiments ont été évacués sur 50 m² et les parois recouvertes de calcite ont été dégagées. En 1998, un autre niveau a été étudié présentant une accumulation osseuse : des os rognés, reliefs des hyènes, et les traces d'une industrie lithique (fréquentation humaine : pierres taillées).

crânes

En juillet 1993, un crâne humain est découvert (homo sapiens) qui n'a pas été rogné par les hyènes mais présente des cassures anciennes et des stries d'origine anthropique (dues à l'action de l'homme). On trouve 15 vestiges osseux, restes de 5 individus adultes ou immatures.

En 2000, un autre crâne a été découvert sur de gros blocs au niveau du Würm ancien, mais ce sont des restes d'homme moderne : mystère, comment ces vestiges sont venus là ? Il y a des indices du paléolithique moyen (98%) composés de pierres taillées, nucléi, racloirs, pointes moustériennes, 3 fragments d'ossements de grands herbivores incisés par l'homme, et du paléolithique supérieur (2%). Unikoté 2 possède également 3 zones vestiges de foyer (charbon de bois).

foyer

Unikoté 1 a trois types de vestiges dans la même couche d'1,20 mètre d'épaisseur qui indique la contemporanéité de la hyène et de l'homme dans la grotte (chacun l'occupant à tour de rôle, en l'absence de l'autre espèce). La faune est étudiée en tant que relief des repas des hyènes. Il est à noter qu'Unikoté 1 était habitée par un clan de hyènes composé de nombreux individus, alors qu'elles sont en nombre bien inférieur en Unikoté 2. Il s'agissait donc d'un groupe en milieu ouvert dans le premier cas, contrairement au second, situé en milieu boisé, où la hyène est moins à l'aise pour chasser.

 
Unikoté 1
Unikoté 2
Hyène
30%

8%

Herbivores
60%
79%
Carnivores (loups) (1)
10%
13%

(1) En l'absence des hyènes parties en migration saisonnière.

En U1, une forte proportion de hyènes âgées ressort qui montre une occupation sur une longue période, marquée par la présence également de coprolithes abondants et fréquents (excréments fossilisés). Les os rongés proviennent d'ongulés de grande taille surtout (ceux de petite taille ont été entièrement consommés par les hyènes aux mâchoires puissantes). Il n'en reste que les cylindres (les extrémités ayant été rongées). Ils sont situés dans la strate du Würm ancien supérieur.

Une datation au carbone 14 d'un os gravé, d'un crâne et os divers est en cours. Aucunes études palynologiques sur les coprolithes n'ont été effectuées, ni de paléoparasitologie, faute de moyens. Celles-ci permettraient une analyse plus fine de l'environnement (milieu ouvert ou boisé), étant donné que les hyènes s'attaquent en priorité à l'abdomen, la panse, les fourrures, le pollen transitant dans leur tube digestif et se retrouvant dans les excréments. Pour le moment, le produit des recherches reste confiné à l'enceinte du bureau du scientifique P. Michel et n'a pas fait l'objet d'une exposition.

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Christian Normand, Service Régional de l'Archéologie, Centre Archéologique Départemental, Hasparren et Alain Turq, Musée National de Préhistoire, Les Eyzies de Tayac : "Bilan des recherches de 1996 à 1998 dans la grotte d'Isturitz (Pyrénées Atlantiques)."

Isturitz

Il s'agit d'une grotte située dans une position stratégique, au confluent de plusieurs régions (Atlantique, vallée de l'Ebre) à proximité de la grotte d'Iholdy et au sein du croissant de l'Arberoue. Elles est répartie sur plusieurs niveaux, la grotte d'Isturitz, objet des fouilles archéologiques, celle d'Oxocelhaya au-dessous, ouverte au public et enfin Erberua, grotte occupée par l'Arberoue qui la rend inaccessible. C'est d'ailleurs cette rivière qui a creusé ces trois niveaux successivement. La grotte d'Isturitz possédait une entrée (lieu d'introduction de la rivière à flan de la colline de Gastelu), maintenant comblée, et une sortie du côté du village d'Isturitz, éponyme, seule voie d'accès actuelle.

Une légende s'était répandue sur la présence à l'intérieur d'une mine d'or. Au XVIIIème siècle, on s'aperçoit qu'il ne s'agit que d'une grotte naturelle et sous Napoléon III, au XIXème siècle, les premiers visiteurs y pénètrent. Ils découvrent la présence de phosphates dans le sol et, pendant des dizaines d'années, des milliers de m3 d'engrais naturel sont extraits, détruisant par là-même de précieuses sources d'information sur notre passé. Des vestiges sont remarqués à l'intérieur des produits d'extraction et, peu à peu, la reconnaissance se fait de la qualité archéologique de la grotte qui justifie enfin la cessation de l'exploitation.

Des recherches archéologiques sont entreprises à grande échelle, sur une grande surface de la grotte : des dizaines de milliers d'objets (flûtes parmi les plus anciennes du monde, mobilier, outils de silex...) sont emportés par des collectionneurs. Une stratigraphie corrélée montre la coexistence à des niveaux différents d'objets médiévaux, de l'âge du bronze, du paléolithique supérieur (aurignacien, magdalénien, gravétien...) dénotant une fréquentation assidue de la grotte depuis des temps très anciens (aurignacien : 32-36 000 ans, gravétien : 22-24 000 ans).

Question : Après toutes ces fouilles, est-il utile d'effectuer encore des recherches archéologiques sur ce site ?

Avec le Service Régional de l'Archéologie, C. Normand entreprend une opération-diagnostic sur la colline pour en étudier le potentiel archéologique. En 1997-1998, des sondages sont effectués, de concert avec une recherche bibliographique sur les fouilles anciennes et une observation in situ. Dans la salle Isturitz, les fouilles ont été faites jusqu'au sol rocheux : il ne reste plus rien. L'entrée elle-même (ancien lieu de sortie de la rivière) est dangereuse, présente des risques d'effondrement, et a été utilisée comme lieu de stockage : elle n'est pas intéressante. La salle Saint Martin par contre dévoile des vestiges anthropiques (dus à l'occupation humaine) et une faune très intéressante. Il est procédé à l'observation systématique des parois (ce qui n'avait jamais été fait). On y observe, insérées dans les fissures, des esquilles osseuses ou de silex taillé. Il y a des traces de coloration rouge. Une zone funéraire est découverte où les corps ont été simplement déposés, sans inhumation, et dont les restes sont aujourd'hui dispersés.

Zone à fouiller ou à analyser :

En 1999, une opération de fouilles programmées est entreprise, encore en cours, dont il faudra en tirer le bilan d'ici une dizaine d'années. En ce qui concerne l'occupation animale, le potentiel est très important : mandibules d'ours, restes de lion, de mammouth, de rhinocéros, de cheval... Une omoplate de jeune mammouth ramenée par l'homme est découverte, encore insérée dans sa gangue à l'intérieur de la grotte, non loin de fragments d'os brûlés et d'autres non (les os servaient-ils de combustible ?). Des mandibules et un crâne d'ours sont également trouvés, ainsi que des coprolithes de hyènes, des restes de bison, de cerf... Des animaux sont venus mourir à l'intérieur de la grotte, des herbivores y ont été introduits comme proies par les carnivores (beaucoup de "sélènes", partie tubulaire des os dont les extrémités ont été rongées). Il y a également des os d'origine anthropique (extrémités osseuses et esquilles), et des ossements humains associés à la présence d'outils. Les sujets d'étude ne manquent pas. Les œuvres d'art ont été perdues, restent par contre les bases de l'homme moderne avec les fondements de l'industrie. L'âge du bronze est inséré entre deux couches de calcite. On peut également y trouver des vestiges de la transition homme de Neandertal - homme moderne, toujours très discutée en Europe.

En conclusion, Isturitz est un gisement de référence pour la région. Il y a encore beaucoup à dire, surtout en ce qui concerne les fouilles des périodes anciennes. On y trouve des similitudes, lors de la période pré-aurignacienne entre le style aquitain, méditerranéen et italien, époque très représentée puisqu'on peut trouver plus de 100 objets au m² tels que outils lithiques, restes osseux, éléments de parures. Dans la littérature ancienne relative aux fouilles il a été décelé des erreurs de datation d'outils imputables au bouleversement des couches causé par les éboulis et les ruissellements.

Je remarque que ce scientifique sera le meilleur intervenant, sans conteste, de toute la journée : homme de grande taille, au verbe haut, très à l'aise et de bonne humeur, très bon vulgarisateur, il offre un exposé brillant, vivant, intéressant avec un enthousiasme communicatif. Les applaudissements seront nourris après sa conclusion.

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Claude Chauchat, CNRS : "La grotte d'Azkonzilo à Irissarry. Note préliminaire."

C. Chauchat expose le bilan résumé de 10 ans de recherches dans la grotte d'Azkonzilo à Irissarry, qui présente des gisements de l'époque du solutréen. Il signale qu'il y a des fouilles à faire à ce sujet dans la grotte du phare à Biarritz.

La grotte d'Azkonzilo est située à mi-flan d'un ravin entaillé dans le Baïgoura par le Laca, ruisseau qui se jette dans la Nive à Ossès. Il y a plusieurs cavités dans ce ravin qui constitue une faille dans des schistes et quartzites comblés par du mâchefer qui s'est effondré ultérieurement.

Un premier sondage effectué en 1984 permet de déceler des indices du solutréen. En 1986-1994, un programme de fouilles est entrepris. Le problème, c'est que les roches sont acides, ce qui élimine la présence d'ossements. Par contre, il y découvre la première séquence solutréenne pour l'Aquitaine. A des époques récentes, cette grotte a été utilisée pour y pratiquer des cultures clandestines et elle a fait office de bergerie.

Le sol se compose de plusieurs strates : les outils solutréens commencent à être trouvés dans des lambeaux de la couche 4, en très faible quantité. A une profondeur de 30 cm, la couche 5 comprend du charbon. C'est la couche 6 qui possède le gisement le plus riche et la 7 se compose d'argile avec un peu d'outillage gravétien. Cet outillage lithique et le charbon sont dégagés de leur gangue par tamisage dans l'eau du ruisseau en contrebas, puis un tri est effectué pour classer les outils en catégories et nombre par couche. Il est constaté une fragmentation fréquente des outils obtenus par un choc fort et intentionnel sur un support grand au départ. Puis ces fragments sont retravaillés. La couche 5b est jonchée de galets et de gros blocs, dont un bloc plat près d'une concentration de galets aurait pu servir de siège. Il y a un bloc gravé de 23 cm de long, 14 de large et 7 d'épaisseur en quartzite recouvert de schiste. L'art paléolithique est animalier.

Étant donné la richesse du gisement en charbon, il en est prélevé une partie par flottement qui est transmise pour étude de la composition botanique. Il s'agit d'un mélange d'essences tempérées et de climat plus froid (châtaignier, sapin, pin à crochet). Il se pose le problème de la datation au carbone 14 (envoi au laboratoire de Gif s/Yvette) : en 1995, cette datation donne pour le niveau 5b des dates de 3 040+-70 avant J.C., et 4 460+-80 avant J.C. qui ne correspondent pas du tout aux dates attendues (19 000 à 20 000 ans). S'agirait-il de charbon intrusif (matière organique récente) ? Les strates auraient-elles été bouleversées ? Il est certain que non, puisque les instruments ne le sont pas, alors pourquoi cette date bizarre pour le charbon ? En outre, la présence du pin à crochet, dont l'apparition sur Terre est bien postérieure à l'époque considérée, est invraisemblable. Par contre, les os au même niveau 5b sont datés 16 470+-130, date qui se rapproche beaucoup plus. Seulement, les bois et les os sont mêlés aux outils, ce qui implique que c'est bien du charbon d'origine. Une pollution liquide due à la bergerie a dû s'insinuer dans les porosités du charbon, davantage que dans les os, ce qui fausse considérablement les deux datations. Il faut prendre en considération également une pollution possible par les eaux du ruisseau dans lequel le terrain du gisement a été tamisé. Au solutréen, les matières premières sont d'abord en provenance du nord, puis de la péninsule ibérique. Le problème, c'est que rien d'équivalent n'a été trouvé en Navarre, ni aucun camp de base. Il faut donc poursuivre les études.

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Paloma Uzquiano, du laboratorio de Arqueobotanica, Instituto de Historia, CSIC, Madrid, qui devait faire l'exposé intitulé "Analyses anthracologiques en Basse Navarre et dans le bassin d'Arudy, bilan de recherches", est malheureusement absente. Elle aurait pu lever le doute sur la datation grâce à ses études. Les plantes (châtaigniers, pin à crochet) sont des espèces végétales récentes. Cependant, des analyses palynologiques (relatives au pollen) montrent que ces espèces ont pu être trouvées à des époques transitoires anciennes. Ce ravin est encaissé : au sommet, les espaces découverts comportaient des plantes adaptées au froid, alors que des essences plus tempérées et des arbres auraient pu trouver refuge à l'abri de la cassure du relief. Reste le problème du pin à crochet. Ne serait-ce pas plutôt du pin sylvestre, dont le pollen est très difficile à distinguer du précédent ? Dernière hypothèse : les vers de terre sont capables de fragmenter et de faire migrer le bois. Ils sont particulièrement nombreux et énormes au Pays Basque. Auraient-ils déplacé les végétaux ?

Pause déjeuner

Nous nous regroupons dans les voitures car "le parking n'est pas aussi grand qu'au supermarché", nous disent les organisateurs ! J'emmène Babou et trois auditeurs et nous suivons d'autres voitures pour gagner le restaurant situé vers la sortie du village sur la route de Saint Jean Pied de Port. Repas très consistant, composé d'une garbure épaisse en entrée, de confit de canard accompagné de pommes de terre aux lardons, vin et fromage de brebis et gâteau basque. La confiture disposée dans l'assiette des desserts est inhabituelle : rouge, plus liquide et sans fruits apparents ; en outre, une convive a l'impression qu'elle pique - pas étonnant, il s'agit de confiture de piment rouge, à la place de la confiture de cerises noires plus conventionnelle ! Ma foi, ce n'est pas mauvais du tout et je n'en laisse rien. Un bon café pour ne pas dormir durant les exposés de l'après-midi, et, hop, retour à la mairie, les choses ont été menées rondement. J'ai fait connaissance avec mes passagers, devenus mes voisins de table, et avec d'autres convives et nous ne manquons pas de sujets de conversation, tout le monde ici étant passionné, d'archéologie du Moyen-Age, de minéralogie, de voyages, d'histoire...

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Michel Lenoir, Institut de Préhistoire et de Géologie du Quaternaire, Université Bordeaux I et Jean-Claude Merlet : "Le solutréen de Montaut (Landes). Données anciennes et acquis récents."

Le gisement de Montaut est situé près de Saint Sever dans les Landes. Le chercheur effectue une étude "posthume" car l'exploitation de ce gisement s'est terminée à la fin des années 1960. Son travail est d'inventorier les collections existantes et de les étudier. Il existe environ 500 pièces foliacées réparties sur une douzaine de collections (Laporterie, Dubalen, Neuville, Mascaraux, Toulouse, Paris, Etats Unis...) dont les trois principales sont situées à Bordeaux, Dax et Mont-de-Marsan, et relatives à l'époque du solutréen. Les fragments, dispersés entre les différentes collections, ne peuvent être réunis pour recomposer des outils complets, ce qui augmente la difficulté de l'étude. M. Lenoir suit une approche d'abord morphologique (classement par forme) puis technologique, c'est à dire l'étude du mode opératoire pour l'élaboration des pièces et description de leur degré de finition. Il y a des pointes à cran (plutôt du gravétien que du solutréen ?), et également du matériel du magdalénien. Le matériel n'a pas été ramassé exhaustivement (il manque les produits de taille, les éclats...). Il y a des objets curieux, solutréen "gascon". En fait, il n'existe pas de solutréen "typique" mais plutôt une tendance des archéologues antérieurs à sélectionner certains outils plutôt que d'autres de façon à dégager un "style" solutréen. Le silex est d'origine locale, de même qu'à Sossay (Landes). L'intérêt de Montaut tient dans le fait qu'il comporte des pièces finies et des cassées (qui sont plus intéressantes car elles montrent les divers stades de fabrication). Les pièces sont polymorphes (asymétriques ou symétriques, en croissants, bananes...), obtenues par percuteurs durs (pierre) ou tendres (bois végétal ou de cervidé) et vont de 12 à 3 cm. Les bifaces sont sculptés avec, rarement, des retouches en pelures par pressions (bois de renne). Peu de travail thermique également, qui consiste à envelopper la pierre dans une gangue d'argile pour la chauffer afin d'améliorer le résultat de la taille. La forme d'un poignard de silex fait penser à celle d'un poignard danois de l'âge du bronze. Une bonne quantité de formes sont excentriques (contours très découpés) que l'on peut retrouver en Russie, à l'âge du bronze, et chez les Touaregs, notamment dans les jouets de pierre pour enfants.

bifaces pierres taillées pointes de silex

Le chercheur se définit lui-même comme un précurseur, taillant lui-même le silex pour en comprendre le mode opératoire. Ce solutréen landais, gascon, a-t-il pu essaimer en Chalosse ? Sur le site, il reste encore des pièces fragmentaires, cassées lors de la production puisqu'elles sont trouvées sur le lieu de fabrication : des couteaux, ou pointes de sagaie, difficiles à différencier car les pièces sont trop anciennes pour faire une étude de tracéologie, sans doute trop lourdes pour constituer des pièces de lances à propulseur. Il faut noter qu'il existe très peu de ce silex en dehors de Montaut, mis à part dans deux gisements situés dans les Pyrénées Centrales.

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François-Xavier Chauvière, Institut de préhistoire de l'Université de Neuchâtel, Suisse : "La grotte du Bourouilla à Arancou (Pyrénées Atlantiques) : fonds commun et originalité du matériel dentaire façonné."

Cette grotte est située entre Sordes (à 9 km) et Isturitz (15 km). Des pilleurs clandestins l'ont découverte avant les archéologues (1986). En 1991, C. Chauchat fait un sondage et trouve des couches paléolithiques (magdalénien). Un four à chaux médiéval a quelque peu abîmé le site. Le lieu des fouilles clandestines a été déblayé et tamisé. Y ont été trouvés des objets en bois de renne (identiques aux pièces d'Isturitz), des centaines de silex taillé (mobilier). En 1998-2001, il est procédé à l'extension du sondage, achèvement du tamisage et poursuite des fouilles, qui dégagent des éléments barbelés, style harpon, en bois de renne ou de cerf (difficile à déterminer en raison de la petite taille de l'outil), aiguilles à chas, et particulièrement du matériel dentaire :

En tout, 500 objets dont 57 dents. Il en est fait l'étude technique, fonctionnelle, par date d'arrivée dans le gisement de façon à recontextualiser au niveau du site, de la région, du magdalénien. Des pièces sont arrivées sur le site cassées, usées, déjà utilisées et par conséquent difficiles à dater, d'autant que ce sont des pièces diffusées dans toute l'Europe. Une crache de cerf (incisive) décorée date du néolithique, avant l'âge du bronze. Des canines de renard (gris ou polaire) sont utilisées depuis l'apparition de l'homme moderne. Des pièces crantées avec des incisions (les solutréennes sont plus profondes qu'au magdalénien) sont identiques à celles d'Isturitz et de la péninsule ibérique. Une canine de cheval sert à perforer la lèvre.

Les dents sciées sont des incisives d'herbivores travaillées sur la mandibule avec la gencive encore en place. L'utilisation en est la même que chez les Esquimaux. Après avoir été sciée, la dent est cassée (c'est la raison pour laquelle la racine est rarement entière). Les faons naissent à la bonne saison : il est donc probable que cette activité se fasse à l'époque de la chasse, d'où l'hypothèse de saisonnalité de la parure. Des racines d'incisives de cheval sont taillées en pointe, pour être des poinçons ? Il semble plutôt que ce soient des ébauches, de même qu'à Isturitz, qui sont ultérieurement perforées, après avoir été raclées. Ces dents sont souvent des objets de parure, mais parfois elles ont une autre utilité.

Cette grotte ne serait-elle utilisée qu'en été ? Sur le site, on trouve des perçoirs, mais comme il a été pillé, il est difficile de déterminer s'il est un lieu de production. De façon sûre, en tout cas, ses occupants étaient en relation avec Isturitz plutôt que les gisements du nord.

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Didier Galop, Laboratoire de Chrono-Ecologie, UMR 6565, CNRS Besançon : "Histoire de la végétation et des activités humaines en montagne basque à partir de l'analyse pollinique."

D. Galop cherche à reconstituer l'histoire de l'environnement de la montagne basque et de sa relation avec l'homme durant l'holocène (période la plus récente du quaternaire). L'équipe est composée de 25 chercheurs qui étudient l'histoire du climat (avec les cernes des arbres et le pollen). Des analyses polliniques ont été effectuées sur 9 tourbières du Pays Basque (Mouriscot à Biarritz, Oloron, 3 Fontaines sur la Rhune, Atxuria, Quinto Real à Urepel, Okabé à Iraty, en bas du cirque glaciaire, etc.).

Exemple de l'analyse pollinique d'Okabé - Méthodologie : Il est procédé à l'étude des pollens fossiles conservés dans la tourbière au fur et à mesure de sa croissance. On effectue un carottage (avec un appareil manuel), puis un échantillonnage (coupe tous les centimètres, ou les demi-centimètres) de façon à établir une chronologie plus fine et une meilleure datation. Dans chaque tronçon, tout est détruit sauf le pollen (par exemple de pin, ou de chêne).

Grandes étapes de la végétation :

Reconstitution de la paléo-température :

Artxilondo : En plus des pollens, il est possible d'étudier les résidus de charbon de bois (incendies) et les spores de champignons, en particulier ceux associés aux déjections animales et au carbone. On peut ainsi distinguer 8 datations sur un carottage de 3,60m. La première intervention humaine sur le milieu naturel est décelée vers 4 300 avant J.C. qui se traduit par une réduction de l'orme, du tilleul, du frêne, du chêne et un accroissement corrélatif des graminées pour le fourrage. Vers 3 000 - 3 200 avant J.C. les premières céréales apparaissent, ainsi que les orties (associées à la présence des troupeaux). Vers 2 500 avant J.C., nouveau recul de la forêt, accroissement des graminées, du plantain, des céréales et des champignons associés à l'élevage. Vers 800 avant J.C. (période du bronze et du fer), accroissement de l'activité pastorale et réduction de la chênaie. Au XVème et XVIème siècle auront lieu également de grandes déforestations.

Atxuria - Quinto Real : mêmes observations. Les plus anciennes interrelations aux Aldudes datent de 3 500 avant J.C. ; Artxilondo, 3 000 ; pour l'ensemble du Pays Basque, 2 300 - 2 500. En 1 500, l'activité pastorale démarre fortement. 680 spectres ont été examinés pour étudier les paléo-températures. Il en ressort un réchauffement du climat très conséquent entre 1 800 et 1 500 corrélativement à la colonisation humaine des montagnes.

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Jean-Claude Merlet et Bernard Gellibert : "L'habitat du Chalcolithique au Bronze moyen dans le Bassin de l'Adour. Premiers résultats."

Le gisement étudié se trouve au nord de Mont-de-Marsan et au sud du triangle sableux des Landes, près de rivières affluents de l'Adour. Auparavant, les Landes offraient un paysage steppique. De ce fait, les niveaux archéologiques situés à 40 cm de profondeur ont été préservés (la forêt est d'origine récente). Ils recouvrent la période du néolithique final au bronze moyen. Le problème, c'est qu'il n'est possible de faire des fouilles qu'à l'emplacement des semis forestiers. Ensuite, l'accès en est gelé durant 60 ans, durée de la pousse des pins, ce qui entraîne une lenteur de l'avancement des travaux. L'habitat durant la période considérée peut être repéré par la présence de regroupement de pierres qui servaient à caler des poteaux de bois, et, entre ces emplacements, un sol jonché d'éclats de pierres. Il a été découvert des jarres à provisions de 60 cm de diamètre sur 60 cm de hauteur, de la vaisselle plus fine, des écuelles, des vases.

Les fouilles s'arrêtent lorsqu'on ne trouve rien dans un rayon de 2 à 3 mètres du gisement. Elles sont remplacées par des recherches par sondage. Il a été dégagé des restes de four, un grenier, un habitat quadrangulaire de taille maximale de 15 à 20 m², et pas d'habitation en matériaux durs. Les sites sont toujours localisés en bordure de lagune (plusieurs lagunes asséchées repérées) et de ruisseau, en hauteur sur une dune, ou sur un rebord de plateau, près de vallées ou au confluent de rivières. Il y a un site pour 8 ha, ce qui constitue une densité d'occupation importante, même s'ils n'étaient pas tous occupés simultanément. C'étaient de petits groupes de pasteurs-agriculteurs dont il reste à déterminer la densité par hameau.

La palynologie d'une lagune a été arrêtée malheureusement (faute de financement ?). Il serait pourtant intéressant de comparer l'évolution végétale de la montagne avec celle du piémont. A l'époque du bronze, les pasteurs étaient nomades et se déplaçaient entre les Landes et les Pyrénées. Il faudrait examiner s'il se pratiquait une transhumance pastorale et/ou une sédentarisation agricole.

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Fabrice Marembert : "Formes et évolution du complexe atlantique dans le bassin de l'Adour du XXVIème siècle au VIIIème siècle avant J.C."

En 1998, il est procédé à l'examen du gisement du phare de Biarritz pour la période 2500 à 2300 avant J.C. (sondage effectué au milieu des années 1960). C'est un gisement intéressant aux sédiments argileux et sableux dont la disposition est restée stable. Au bronze final, il y a une première occupation, puis une deuxième au bronze moyen, aux vestiges campaniformes, et également au néolithique final. Il existe une vingtaine de foyers, des fossiles de mollusques, des traces de petites occupations régulières, des éléments de parure (coquillages percés), poinçon, céramique.

Une deuxième entité est perceptible sur le piémont béarnais où l'on trouve une structure tumulaire avec double fossé. Le plus extérieur comportait une palissade de bois, un remplissage rapide puis un dépôt de brandons qui auraient brûlé sur place. Quant au fossé intérieur, il s'agit davantage d'une zone d'épandage boueux réunie en mottes, c'est plutôt une élévation qu'un fossé. Au bronze ancien, des structures en galets sont visibles, associées au bois (aujourd'hui disparu).

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Didier Galop, Fabrice Monna, GéoSol Université de Bourgogne-Dijon, Argitxu Beyrie, Utah, CNRS, Toulouse et Fabrice Marembert : "Activités métallurgiques en montagne basque au cours des cinq derniers millénaires. Les apports d'une démarche intégrée alliant palynologie et géochimie isotopique du plomb."

Il est procédé à Baigorry à une étude palynologique qui met en exergue l'anthropisation de la montagne basque par la pastoralisation. Dans les Aldudes, la métallurgie a un fort impact sur l'environnement. L'exploitation nécessite beaucoup de charbon de bois, et donc la destruction concomitante de la forêt. Les mines romaines sont connues, mais pas les mines antérieures qui remontent au 6ème millénaire en France et aux 5ème-4ème millénaires en Espagne. Dans les Pyrénées, il n'y a pas de preuves de l'activité minière préhistorique. Il a donc fallu l'étudier de manière indirecte en considérant son impact sur l'environnement, la recherche des déforestations (comment distinguer celles qui sont dues à l'activité pastorale de celles causées par la métallurgie ?) et l'examen des pollutions (de façon analogue à la concentration de plomb dans la glace des pôles).

Les paléo-pollutions ont été mesurées dans le bassin d'Urepel. Un sondage a été fait dans une tourbière de Quinto Real indiquée par M. Bidart. D'un diamètre de 4,20 mètres, la mini-tourbière représente 4 500 ans d'histoire. Des travaux de prospection ont également été entrepris pour rechercher les fours, ferriers et travaux miniers (2ème siècle avant J.C., 1er siècle après J.C.) à la mine de Banca. Une dendrométrologie (mesure de la taille des arbres) a été effectuée pour la période entre 30 et 50 avant J.C., de même qu'une étude des données polliniques, géochimiques et isotopiques. Quatre phases de pollution ont pu être repérées :

L'activité métallurgique est donc une tradition de très longue date dans la vallée. On distingue 4 origines du plomb ; il faudra procéder à la récupération d'objets métalliques pour mesurer la composition isotopique puis doser les minerais pour affiner l'interprétation.

Il existe également une métallurgie "réduite" où le minerai est chauffé dans un simple pot de terre (creuset), pratiquée de façon disséminée et qui ne donne pas de traces archéologiques mais par contre influe sur la proportion de forêts. Il y a une relation très nette entre la dynamique forestière et l'activité humaine (métallurgique et pastorale). Le fer étant très répandu, il y a certainement une production permanente. D'autres métaux (zinc) et les terres rares sont aussi dosés pour déceler les pollutions très localisées. Il faut noter que la métallurgie "personnelle" (dans les creusets) est très marginale par rapport aux centres. Une étude, commencée début 2001, sur l'isotope du soufre suit son cours : elle est en cours de dépouillement. Les activités associées à la fabrication du métal, telles que l'artisanat, sont également fortement utilisatrices de charbon de bois. Par exemple, dans le Médoc, il n'y a pas de mines de cuivre, nécessaire pour fabriquer le bronze en alliage avec de l'étain.

A voir : quelle est l'origine d'une pollution décelée, locale ou plus lointaine ? La réponse à cette question est en cours par l'étude de la signature isotopique. A ce propos, il manque la signature médiévale. Le charbon de bois a été un combustible utilisé jusqu'au XVIIIème siècle, remplacé ensuite par le coke qui engendre une pollution par le soufre.

Conclusion

En conclusion, il y a une bonne croissance de l'archéologie régionale. De plus en plus d'études pluridisciplinaires sont effectuées, qui font appel à la chimie, la physique, les sciences naturelles... Les analyses deviennent très complexes et longues.

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