Elantxobe

MutrikuNous traversons Lekeitio où une déviation nous envoie dans le trou à rats du port : nous voilà coincés entre des voitures mal garées face à un Espagnol qui ne veut rien savoir, dans une rue qui ne devrait même pas être ouverte à la circulation. Enfin, la situation évolue et nous pouvons souffler un peu et prendre la peine de profiter du paysage. L'Espagne n'a pas de législation sur le style des bâtiments, résultat, on trouve tout et n'importe quoi, et je dirais même le pire : des immeubles genre biscotte dressés à des endroits incongrus, des coloris, des formes aberrantes, aucune unité de style dans une région donnée, mis à part pour les maisons les plus anciennes (qui se font rares). De toute façon, le prix du terrain est tellement élevé qu'ils en sont réduits à faire des immeubles serrés à faire peur et que les villas ne sont accessibles qu'aux privilégiés de la fortune. Pas étonnant que les habitants passent leur vie dehors, particulièrement le soir : au moins, là, ils respirent. Ils sont même tellement adaptés à ces inconvénients qu'ils trouvent bizarre que nous, Français, ayons plaisir à rester chez nous le soir et que les rues se vident soudainement dès 19 heures.

MutrikuGiratoire pour le busAprès avoir vu tant de beaux paysages, nous sommes presque déçus en arrivant à Elantxobe (prononcer Elantchobé). C'est vrai que ce village étagé sur la falaise qui donne sur le port en bas est pittoresque mais, bof !, ce n'est pas si vivant qu'Ondarroa où nous serions bien restés davantage. Enfin, nous avons retrouvé les autres, c'est déjà ça. Et Jean-Louis qui se demandait s'il ne valait pas mieux aller directement au gîte : ils nous auraient attendus longtemps ! (Nos mobiles n'ont pas l'option internationale et nous ne pouvons pas communiquer entre voitures). En nous attendant, ils ont vu une petite curiosité : ils ont fait l'ascension de la falaise par les rues en pente du village et ont assisté à la manoeuvre du bus qui fait demi-tour au bout de sa ligne sur une plaque tournante, comme à San Francisco.

ElantxobeUne fois fait le tour du port, nous roulons vers Guernika, que nous dépassons en nous demandant quelle est cette énorme usine qui exhale ces fumées disgracieuses par ses cheminées. Nous saurons plus tard qu'elle utilise le bois des forêts de conifères alentour pour en faire des agglomérés, contreplaqués etc. qui sont vendus dans toute l'Europe. La lutte est âpre pour la rendre "propre", notamment en matière de rejets de fumées justement, car elle est équipée d'une station d'épuration des effluents liquides. Comme chez nous, l'entreprise estime que ces dépenses d'intérêt général devraient être prises en charge par l'Etat ou la Communauté Autonome Basque, qui lui rétorquent que c'est au pollueur de réduire à ses frais les nuisances qu'il occasionne.

Gorozika BarnategiaLa nuit est tombée. 20 heures passées, et nous errons toujours à la recherche du gîte : nos 7 voitures font demi-tour sur la voie très passante de Guernika vers Bilbao, pleine de virages. Ce n'est pas possible, nous sommes allés trop loin. En fait, le gîte est dans un hameau (Gorozika) rattaché administrativement au village de Muxika (Mouchika). Christine se fait guider par téléphone et nous finissons par arriver dans cette "Barnategia". L'accueil est chaleureux, aucun problème, nous sommes en Espagne, ce n'est pas grave si nous dînons tard. C'est une très grande maison qui sert de centre d'hébergement pour des classes d'adultes ou d'enfants qui souhaitent passer une quinzaine de jours en immersion totale de basque (linguistiquement parlant). Comme une partie du groupe parle basque, le contact est immédiat.

Le mur à gaucheA gauche de l'entrée se situent trois salles de classe, deux consacrées à l'étude proprement dite, et une plus spécialisée dans les travaux manuels. Des plaquettes imprimées au nom de l'établissement sont empilées sur des tables, avec photos et suggestions d'activités. A droite, un escalier descend au réfectoire (en sous-sol, comme beaucoup de restaurants en Espagne), et un autre monte à l'étage des chambres familiales. Le deuxième comporte des dortoirs. Nous sommes seuls (si l'on peut dire) et notre hôte nous donne le choix. Bien sûr, nous préférons le premier et chacun choisit sa chambre. Les enfants, tout excités, se mettent tous dans la même, se répartissent les lits-bateau et mettent les parents devant le fait accompli : ils préfèrent dormir ensemble. La maison est tenue impeccablement : les sanitaires sont nickel, le plancher craque agréablement, les chambres, aux fenêtres basses ornées de rideaux, n'ont pas un grain de poussière. Une longue tabléeSeule curiosité : les poutres qui charpentent la bâtisse sont maintenues par des barres de fer ou des plaques avec de grosses vis pour les assembler. Dominique en rencontrera une très brutalement de la tête en grimpant dans son lit à une heure du matin après sa partie d'échecs avec Jean-Louis... Attenant à la maison, un mur à gauche fera la joie des sportifs le lendemain matin.

Après le dîner, les enfants montent dans leur chambre et les adultes passent dans le séjour. Une partie de mus (prononcer "mouche", sorte de poker basque) s'organise. Jean-Louis et Xavier s'attablent devant un jeu de dames, puis le jeu d'échecs est sorti. Les autres se groupent autour du jeu de scrabble. L'hôte nous explique le fonctionnement du bar : que ce soit alcools, tisanes ou boissons diverses, il suffira de noter nos consommations sur un petit carnet, et il les ajoutera au montant de la demi-pension le lendemain matin. Voilà, c'est simple.

 

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