Cette balade nous rappelle des souvenirs (http://perso.wanadoo.fr/..sopex/erebi/erebi.htm). L'Erebi, c'était la première sortie organisée, et l'ambiance avait été tellement extraordinaire parmi les (très) nombreux participants que nous n'arrivions plus à nous quitter le soir... Ce fut également l'occasion de mon premier "reportage", davantage photographique qu'écrit. Aujourd'hui nous sommes cinq : Christine G., Jean-Louis B., Richard, Jean-Louis et moi. Max nous a lâchés une fois de plus pour faire de l'escalade au Txindoki : la marche pure l'intéresse de moins en moins. Pourtant il fait bon. Le ciel est nuageux, certes, mais la température clémente. Comme d'habitude, Richard délaisse les sentiers battus pour attaquer de front la pente. La vue dégagée permet de s'orienter sans problème, nous ne courons aucun risque de nous égarer.

Cette rude montée a dû me fatiguer : je trébuche sur une pierre glissante et tombe, malgré mes deux bâtons, dans un des nombreux ruisselets qu'il nous faut franchir pour arriver à destination. Bilan : jambe gauche trempée jusqu'à la fesse, et je suis profondément atteinte dans mon amour propre. A part ça, rien de grave. Des mouchoirs en papier épongent les dégâts, et mon vêtement aura séché avant la fin de la matinée. Des pottoks broutent paisiblement l'herbe redevenue verte depuis la fin de la sécheresse. Un groupe de moutons se met tout d'un coup à courir, dans un tintinabulement de clochettes, puis s'arrête sans plus de raison apparente. Un motard passe, le fusil accroché en bandoulière pointant au-dessus de sa tête. Nous verrons plus tard un rassemblement de voitures et d'autres motos, et entendrons des aboiements lointains : il s'agit d'une chasse à courre moderne. A notre retour, un jeune sanglier gît sur une remorque accrochée derrière une voiture, l'abdomen sanguinolent, et des chiens viennent humer les chairs encore chaudes. Il me fait peine : s'il est peut-être utile de les abattre lorsqu'ils s'approchent trop des habitations, commettent des dégâts dans les plantations et les jardins, et présentent un danger potentiel, ici, en pleine montagne, je ne vois pas l'intérêt de les poursuivre à mort.

Nous sommes partis de bonne heure (8 heures), le jour met du temps à se lever, et des écharpes de brume envahissent encore les vallées, créant des îlots surréalistes dans le lointain. Un bois de conifères est totalement infesté de chenilles processionnaires qui ont tissé leurs nids blanchâtres à chaque extrémité de branche, bloquant la pousse des arbres en les privant de lumière aux endroits stratégiques. C'est le problème récurrent de la monoculture : il faut impérativement que les exploitants forestiers apprennent à mélanger les essences pour préserver les sols de l'acidité et de l'épuisement, et éviter la prolifération des maladies ou des invasions d'animalcules nuisibles.

J'aime ces paysages d'automne finissant. Les feux colorés s'atténuent pour laisser la place à des couleurs encore chaudes mais qui tendent vers les bruns. Les fougères vertes sont désormais l'exception, et leurs feuilles fanées nuancent de roux les flans des collines, tandis que les feuillus se dénudent progressivement, recouvrant les sous-bois d'un épais tapis craquant.

Peu de champignons aujourd'hui, il n'y a pas eu la bonne succession de pluie et de soleil, sans doute. Un choucas passe au-dessus de nos têtes dans un froissement d'air bruyant et malaisé : des chasseurs ont dû le prendre pour une palombe, ses ailes déchiquetées le portent avec peine et je ne donne pas cher de sa peau pour l'hiver qui approche.

Au sommet du Mondarrain, dont les rochers caractéristiques lui donnent une silhouette crénelée, je profite du temps dégagé pour faire un panoramique. Pendant ce temps, Richard discute avec un couple d'anciens parents d'élèves de l'école de Bassussarry et s'enquiert de la vie d'adultes d'enfants qu'il a eus dans sa classe, Jean-Louis pose, debout contre la croix tandis que Jean-Louis B. et Christine se restaurent.

Malheureusement, il faut nous dépêcher. Nous avons prévu d'être à l'heure du repas à la maison pour manger avec les enfants. Jean-Louis descend au pas de charge, Richard sur ses talons, et je me perds un peu, d'abord avec Christine, puis avec Jean-Louis B., hésitant sur le chemin à suivre. Et voilà, j'omets de prendre mes repères, et après, je ne sais plus retrouver seule l'endroit où est garée la voiture ! Un comble, depuis le nombre d'années que je parcours la montagne. C'est parce que je me laisse guider, situation confortable, certes, mais délicate si je me fais distancer par le peloton de tête...

 

 

De l'Erebi au Mondarrain
7 décembre 2003