Le
lendemain dimanche, il a neigé un peu dans le jardin durant la nuit,
mais il a dû pleuvoir par-dessus. Tandis que je bouquine au salon,
la neige se remet à tomber dru pendant près d'une heure, après
quoi les nuages s'éclipsent, laissant place à un grand soleil.
Jean-Louis décide de m'accompagner à la plage, et en vélo
!
Je
n'avais pas prévu que la neige fondait vite sur les routes, et nous
roulons dans la gadoue, des flaques profondes ou parmi un véritable
ruissellement continu. Juchée sur un vélo sans garde-boue,
je suis éclaboussée de partout et particulièrement
au bas du dos qui est rapidement trempé ! Peu
importe, le paysage est magnifique.
Nous ne nous sommes pas déplacés
pour rien. Malgré l'heure tardive, la neige tient bien sur le sable,
et nous ne nous lassons pas d'admirer ce spectacle curieux d'une plage blanche
aussi éblouissante qu'une piste de ski. Les
nuages se sont haussés dans le ciel au sud-ouest et nous avons une
vue imprenable sur la fin de la chaîne des Pyrénées
aux cimes exceptionnellement blanchies malgré leur basse altitude
et la proximité du Golfe de Gascogne. Les Trois Couronnes scintillent
à l'horizon, tandis que les badauds s'ébattent dans la neige
léchée par les vagues.
Arrivés à la plage des
Corsaires,"notre" plage, je m'empresse d'immortaliser cette vue
insolite de notre local de bain entouré de neige.L'après-midi,
nous faisons un tour à Larregaraya, où mes parents ont fait
couper le tronc du vieux chêne aux branches abattues par une tempête
cela fait quelques années. Malgré son diamètre imposant
(il devait avoir plus de 300 ans), il a été dévoré
de l'intérieur par des lucanes ou autres insectes xylophages.
En
me penchant sur la souche qui n'est pas déracinée, je découvre
avec étonnement un "puits" de plus d'un mètre de
profondeur qui débouche entre les racines : les lapins avaient trouvé
un terrier de luxe où s'enfouir à l'arrivée du chien.
Nous avions déjà eu de la peine en voyant ses branches grosses
comme des troncs abattues par le vent sur la pelouse, mais ce tronc énorme
débité en tranche nous fend vraiment le coeur.
Il
est tellement énorme que nous voyons des endroits où la scie
n'a pas pu arriver au bout de son travail, et le bois est fendu jusqu'à
mi-chemin sans s'être seulement écarté, puis il a fallu
abandonner visiblement, et tenter d'en venir à bout en le coupant
à un autre endroit. Il s'est bien battu, bien qu'il soit mort depuis
longtemps. Quelle plante !