Ce
trajet est un peu plus long, mais permet de profiter davantage de la
vue de la plaine et de l'océan. Curieusement, entre les brins d'herbe
et les fougères rousses, fleurissent quantités de colchiques mauves,
très tardifs me semble-t-il. Les
feuilles de ces liliacées des prairies au bulbe toxique (dont on extrait
un alcaloïde utilisé dans le traitement de l'accès de goutte aigu)
ne pousseront par contre qu'au printemps prochain. J'apprends que leur
nom est issu
du grec Kolkhis et signifie plante de Colchide, région de l'Asie antérieure
à l'est du Pont-Euxin. Selon la légende, les Argonautes allèrent y
chercher la Toison d'or...
Nous nous émerveillons au spectacle
d'un conifère déraciné qui semble avoir fait preuve d'une volonté de
vivre exacerbée : grâce aux rares racines encore intactes, il a continué
à faire circuler la sève dans son tronc abattu, et les branches, y
compris la cime, se sont dressées à la verticale, dans un alignement
de troncs secondaires qui se détachent sur le bleu de la mer.
Une
inquiétude sourde nous taraude. Et si les retardataires nous avaient
dépassés, choisissant l'autre chemin et rattrapant le peloton de tête
? La honte... En plus, ils allaient commencer à manger les huîtres
sans nous ! (Nous y avons pris goût, maintenant, Rhune = huîtres, avec
du citron, et aujourd'hui du vin blanc doux ou sec, au choix
!) Le rythme s'accélère, et plus ça grimpe, plus nous coupons
au lieu de prendre les lacets, pour atteindre le sommet plus rapidement.
Ouf ! Quelle suée ! Les premiers ne sont là que depuis 5-10 minutes
(ils nous ont attendus à deux reprises en chemin), et les autres ne
sont pas là. L'honneur est sauf.
Nous
prenons le temps d'admirer la mer de nuages qui couvre le fond des
vallées, côté espagnol, et nous
distinguons, en regardant avec attention, les alignements d'éoliennes
en haut des collines qui entourent Pampelune. Vers le sud-est, la neige
festonne de blanc les cimes et nous donne envie d'aller faire de la
raquette.
Nous lisons les indications sur la table d'orientation :
c'est curieux, il est possible de voir le Pic du Midi de Bigorre, mais
pas le Pic du Midi d'Ossau qui doit être caché sous cet angle de vue
par d'autres montagnes.
Mais ce n'est pas le tout, il faut
passer aux choses sérieuses : Max et Pierre s'installent pour
ouvrir les huîtres (dont nous ramènerons les coquilles à nos voitures,
respect de l'environnement oblige), Xavier sort le tire-bouchon et
distribue les verres à la ronde. Les promeneurs nous regardent d'un
oeil curieux, sans faire de commentaire. Un groupe de VTTistes arrive
au sommet : il n'y a que des hommes, la montée devait être rude, mais
ils ne paraissent pas trop épuisés, certains regonflent les vélos,
j'observe les selles rehaussées au maximum, et les chaussures spéciales,
qui adhèrent aux pédales.
Décidément, les autres n'arrivent pas
: allez, on y va ! Mmmm, les huîtres sont bien meilleures en altitude,
surtout après l'effort, et le petit déjeuner est loin. Evidemment,
après ces agapes, le pied est moins sûr, et la vue un peu trouble (il
m'en faut peu), mais il n'y a plus que de la descente, il suffit de
laisser rouler ! Enfin, en faisant attention quand même, parce que
les cailloux sont souvent glissants, et les bâtons sont bien utiles
pour garder l'équilibre.
Partout
autour de nous, sur les flans ou dans les vallons, paissent des pottoks
qui ne prêtent pas attention à nous
et communiquent entre eux par des hennissements aigus. J'en
vois un qui se roule dans les fougères, pédalant les sabots en l'air
et
basculant à plaisir d'un côté à l'autre : que ce doit être bon ! Nous
retrouvons les autres à une demi-heure des voitures, ils ont aussi
dégusté leurs
huîtres
et
se
réjouissent
de
leur promenade. Bientôt, tout le monde se retrouve assis sur le bitume
à enlever les chaussures, tandis que l'on discute pour savoir qui va
se baigner dans la mer en suivant (pour faire bonne mesure) - elle
est à 14°C (!).
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Novembre en Pays Basque |
Dimanche 21/11/04
- Participants : Xavier et son frère, Richard, Max et les
couples Bessou, Portanguen, Sorhaits et Constant |