Les
mouettes planent et virevoltent au-dessus de nos têtes comme
des feuilles mortes arrachées par le vent. Une bruine nous a cueillis
au
petit matin, comme pour éprouver notre volonté de partir en balade.
De fait, les désistements ont été nombreux et seule une dizaine d'irréductibles
reste en lisse : les invités de Richard, lui-même, et moi. Pourtant
l'air
est
doux et odorant,
la
pluie intermittente ne transperce pas nos vêtements, brouillant seulement
par moment le paysage chiffonné.
Nous
déposons Richard et les passagères à la
plage de l'Ouhabia à Bidart (les nouveaux ont raté le
virage pour la plage d'Erretegia) et les hommes et moi allons déposer
les voitures (moins
une) au terminus
à Sainte Barbe (Saint Jean de Luz) avant de rejoindre le groupe.
Aujourd'hui, nous ne faisons qu'un aller simple sur la matinée,
et seul Richard se baignera à l'arrivée.
Nous aimons cet air vivifiant, ce ciel mouvant, changeant,
qui s'écarte parfois pour déposer à la surface des flots une nappe
de lumière, projecteur mettant en valeur les couleurs conjuguées autour
du gris, bleu, vert, ourlé de blanc à l'approche des côtes assombries.
Je retrouve avec plaisir ce sentier varié, où la plage alterne avec le sous-bois, la ruelle bordée de belles maisons, les prés donnant sur les Pyrénées que l'on devine à peine sous les nimbes... Parfois, au large, nous apercevons une bande de nuage plombée en bordure d'une masse plus claire sur laquelle se détachent, ténus, de fins rideaux de pluie : nous savons que nous n'en avons plus que pour quelques minutes avant de subir le passage du front.
Le
couple de tête, un peu rapide, un peu fonceur, s'engage dans une voie
pourtant signalée "à éviter" : le passage à travers les
buissons à flan de falaise est à peine débroussaillé, le sol n'a pas
été stabilisé par des marches de bois comme ailleurs, et l'atmosphère
humide rend la glaise particulièrement glissante. Nous dérapons, tentons
de nous rattraper aux branches trop souples, en évitant de chuter sur
les ajoncs ou dans les ronces qui dardent leurs piquants. Ces dernières
par contre sont les bienvenues un peu plus loin, chargées de mûres
que nous grappillons à plaisir.
La mer n'est pas franchement sauvage, mais elle est suffisamment agitée pour nous offrir la vue de quelques belles vagues et un ressac sonore qui drosse les rochers des strates dénudées renversées par les mouvements tectoniques et la pression de la plaque hispanique.
Nous traversons le port minuscule de Guéthary en regardant
avec intérêt les pêcheurs qui tirent leur barque à l'aide d'un filin
qui s'enroule mécaniquement : ils n'ont rien mis sous la quille dont
la nervure de bois s'use contre les aspérités de la pente bétonnée.
Les deux marins qui font partie de notre groupe s'étonnent comme moi.
Il est vrai qu'il ne s'agit pas d'un bateau de plaisance, et que la
fonctionnalité prime sur l'esthétique. Tant pis pour les éraflures
!
La
montagne se dégage à notre arrivée à Sainte
Barbe, et un rayon lumineux fait resplendir l'herbe de la butte au
pied de la chapelle. Des gars s'entraînent à ramer en
cadence sur une traînière dans la baie, il y a peut-être
une compétition en
vue. Deux jeunes surfers reviennent sur la plage après avoir
passé
la matinée sur "la" vague de Saint Jean de Luz, sur
notre droite. Richard se met à l'eau, surpris par les galets
qui l'obligent
à nager de suite pour ne pas se tordre la cheville. De retour
dans la voiture, une averse se met à tomber dru : ouf ! Nous
l'avons échappé
belle ! Nous sommes sortis juste dans le bon créneau. Nous avons
eu raison d'en profiter. L'après-midi pourra être consacrée à une
sieste bien méritée...
Participants : Richard,
Solange et Georges Courcelle, famille Spago (Jean-Claude, Célia,
Marie-France, Coralie), Evelyne Renaud et Cathy |
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25 Septembre 2005 |
Sentier du littoral |