Dreling,
dreling ! Mince, je ne l'ai pas entendu arriver, c'est un vélo et je
marche par erreur sur la piste cyclable ! C'est qu'elle longe le canal
alors que le trottoir est de l'autre côté de la chaussée au pied des
maisons, où la vue est moins jolie. En voilà un devant nous qui prend
son élan pour franchir un pont galbé sur le
canal
et
dévale
ensuite la
pente avant de tourner sur les chapeaux de roues ! Le centre d'Amsterdam
donne
la
priorité absolue
aux vélos,
qui y pullulent. Les cyclistes s'estiment prioritaires dans toutes les
occasions, se dispensant
même parfois de respecter les rares feux qui réglementent
les croisements les plus dangereux. Les voitures sont cantonnées
dans quelques grands axes (avec voies cyclables et grands trottoirs).
Elles sont admises dans
des
voies à sens unique le long des petits canaux, où elles
circulent en très petit
nombre, et bien plus lentement que les vélos.
Les
tramways sillonnent la ville en silence, nous avons presque l'impression
d'être à Venise,
ne serait
la température hivernale et le ciel couvert qui décourage
les arbres de déployer trop rapidement leur feuillage.
Ce
qui est extraordinaire, c'est la variété des équipements sur les vélos,
ce qui montre bien qu'ils sont devenus de véritables véhicules
utilitaires à tous usages. Les sièges des jeunes enfants
sont placés soit entre le conducteur et le guidon, soit derrière, avec
possibilité de mettre deux sièges l'un derrière l'autre, soit dans une
sorte de brouette intégrée, généralement à l'avant du vélo. Il y a également
des porte-bagages à l'arrière, à l'avant, avec un panier dessus ou des
sacoches suspendues de part et d'autre.
Dans
de très nombreux endroits, les trottoirs sont ponctués
de parkings
à vélos, simples tubes d'aluminium en U renversés
avec une barre horizontale
à mi-hauteur, disposés parallèlement, qui soutiennent
les vélos et
fournissent
un lieu d'accrochage
de l'antivol (aussi gros que celui qui est utilisé chez nous pour les
scooters ou motos). Comme
il y en a malgré tout encore trop peu compte tenu
du nombre énorme de vélos, ceux-ci sont garés également
contre toutes les grilles à leur disposition, notamment celles
qui bordent les ponts sur les canaux.
Les vélos sont en grande majorité des vélos de ville,
guidon haut, où l'on se tient avec le dos droit, et uniformément noirs
(à quelques exceptions près) et très souvent rouillés car les logements
exigus ne permettent pas qu'ils soient rentrés à l'abri dans un local.
Ce mode de locomotion fait que les femmes sont la plupart du temps
en pantalon et talons plats, et que les habitudes vestimentaires semblent
plutôt opter pour le pratique plutôt que le sophistiqué (allure très
différente par rapport à San Sebastian par exemple).
Un
endroit tout-à-fait extraordinaire pour notre oeil de touristes
issus de pays à faible tradition cycliste est la gare ferrovière.
Ses abords sont encombrés d'un nombre impressionnant de vélos
garés le long du
canal, mais aussi sur un parking spécialisé en rampes
douces comme pour les voitures. Nous sommes plusieurs étrangers à nous
arrêter, ébahis, pour photographier l'endroit. Si nous devions remplacer
chaque vélo par une voiture, la ville serait totalement asphyxiée,
c'est sûr. Elle garde d'ailleurs encore les traces d'une certaine pollution
puisque certains immeubles sont encore bien noirs, mais la grande majorité
des façades montre des briques rouges ou roses, parfois rehaussées
de blanc.
J'essaye de saisir au vol des situations pittoresques,
où l'on voit 2, 3, voire 4 personnes sur un même vélo ! Serions-nous
en Chine ? D'ailleurs, de jeunes astucieux aux jambes solides gagnent
quelque argent en conduisant des tricycles recouverts de publicité
pour promener les touristes.
Ici, les ados n'ont aucune honte à être à vélo, puisque
tout le monde est logé à la même enseigne, jusqu'aux plus âgés qui
conduisent plus tranquillement et dignement.
Ne pleut-il donc jamais
à Amsterdam ? Personne
ne semble s'inquiéter du temps gris qui reste stable durant notre séjour
(heureusement), oscillant du tiède au froid,
sauf au moment de prendre l'avion du retour, où la pluie se met à tomber
dru.
Le comble de tout, c'est lorsque nous voyons un cycliste porter sur son porte-bagage une jeune femme visiblement malade (ou peut-être victime d'une chute malencontreuse) tout en conduisant de la main droite le deuxième vélo.
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Babou, Caroline et Cathy | Amsterdam |
20 au 23 Avril 2006 |