Bidarray à 9 heures du matin : ambiance automnale, l'air est piquant, il hérisse la peau de nos bras et jambes nus sur la place du fronton où nous enfilons nos chaussures de marche. La pluie a lavé le paysage, la lumière est fraîche, nette, les couleurs éclatent, mises en valeur dans l'écrin d'ombres qui les enserre, les cloches résonnent dans la vallée jusqu'à nos corps déjà échauffés par notre début d'ascension. Les vautours handicapés par leur voilure peinent à s'élever dans l'air immobile : ils cherchent vainement d'une cime à l'autre quelque courant invisible, battant lourdement de leurs larges ailes, et planent au ras des arbres au-dessus de ma tête. Peut-être espèrent-ils, en me voyant traîner déjà loin derrière les hommes, que j'abandonne et tombe comme un fruit mûr ? Comment deviner leurs pensées, eux qui semblent si placides, patients et calmes ?

Des vallées entières s'évaporent en nuages denses alors que le plateau de Bidarray pourtant également humide demeure limpide et clair. Cependant, au cours des deux heures trois quarts que dure notre ascension jusqu'au sommet, le vent se lève et la température descend, nous faisant presque regretter le bonnet de laine et les gants, le temps se dégrade à nouveau, et nous redescendrons sous une bruine intermittente qui ne mouille pas vraiment mais rend les pierres glissantes et dangereuses et ternit le paysage dont l'horizon se rapproche et s'estompe à la fois.

Chaque randonnée nous ménage une surprise : aujourd'hui, ce sont des chèvres perchées comme d'habitude au bord du précipice sur les arêtes qui descendent à pic vers les prés verts très loin en contrebas.Elles sont accompagnées d'un bouc aux cornes magnifiques qui tient plus du mouflon tant sa stature est imposante (autant que nous puissions en juger à la distance où nous nous trouvons, car le petit troupeau se garde bien de se laisser approcher).

 

Max, Jean-Louis B., Jean-Louis et Cathy
IPARLA
13 Août 2006