« Autrefois,
je lançais une ligne depuis la fenêtre du
moulin dans le ruisseau d’Alotz qui prend sa source dans les collines
qui dominent Errota Handia, un autre moulin d’Arcangues, et se jette
dans l’Uhabia. L’eau du ruisseau n’est pas très
profonde, entre dix et vingt centimètres, mais j’y pêchais
des petits gardons dont ma mère faisait une délicieuse friture.
Il y avait aussi des truites et, les jours d’orage où l’eau
montait, les gougeons venaient se protéger ici contre les murs.
Tout le monde pêchait. A la nuit, les gens venaient avec des lampes
attraper les pibales et relever les cordeaux où étaient accrochées
les nasses qui piégeaient les anguilles. En août, des gens
demandaient la permission de pêcher dans l’étang et
repartaient au bout de quelques heures, contents, le seau plein » se
souvient Jean Cenderent dont l’épouse renchérit en évoquant
le chant des grenouilles innombrables, aujourd’hui disparues, alors
que seules subsistent quelques carpes qui résistent encore à la
pollution des eaux. Contrairement aux barrages hydro-électriques
ou aux écluses, le moulin n’a jamais gêné apparemment
la circulation des poissons. Selon Jean Cenderent, ceux-ci ne se laissaient
pas entraîner
non plus dans le courant qui s’écoulait vers la roue et même
s'ils tombaient dessus, ils ne risquaient pas de se faire broyer comme
dans des turbines. La marée se laisse légèrement
sentir en ralentissant le flux du ruisseau, mais elle doit être plus
sensible au moulin de Bassilour qui est plus proche de la mer.
Ce
fils et petit-fils de meunier attribue la disparition de ces espèces
aquatiques à la
multiplication des maisons individuelles en bordure des cours d’eau,
dont le système d’assainissement autonome ne permet pas le
traitement complet des eaux usées sur leur parcelle. « Cela
fait longtemps que l’on nous promet d’être reliés
au réseau
collectif, mais nous ne voyons rien venir, le problème de salubrité des
eaux de baignade de la plage de l’Uhabia n’est pas seulement
imputable à Bidart, où se font des travaux énormes.
Arcangues est aussi responsable de cette pollution, et rien ne se fait
! » se
lamente-t-il.
Il ignore que la réglementation en la matière évolue
fortement et que la CEE, l’Etat, le conseil général
et la mairie commencent à s’occuper sérieusement du
problème,
avec pour objectif « un bon état écologique » à
l'horizon 2015. Arcangues, pour sa part, commence à vérifier
peu à peu
les installations d’assainissement autonome des particuliers (avec
les services spécialisés d’Agur, du groupe Etchart,
qui a une délégation de services publics en matière
d’eau,
assainissement, environnement). L’attention se porte en priorité sur
les habitations non équipées, puis sur les installations
très
vétustes et très polluantes, sur le contrôle des installations
au moment d’un transfert de propriété, et enfin progressivement
sur les autres installations, mais le processus est lent, onéreux,
et la pollution court toujours.
Il y a quelque temps, quantités de poissons morts ont été entraînés
par le courant et ont envahi la mare, flottant ventre en l’air. « On
a trouvé le coupable : il s’agissait d’un éleveur
de canards, en amont, qui avait déversé tout son lisier directement
dans le ruisseau, ça puait et l’eau était toute sombre
et opaque ! » s’exclame Jean Cenderent, en colère.
Cependant, d’autres sources de pollution existent, notamment du fait
des nouvelles pratiques agricoles. Jean Cenderent cultive un peu de maïs
pour nourrir ses poules et ses six vaches dont il récupère
le fumier pour amender ses terres, mais il ajoute un peu de fertilisant
pour faire bonne mesure. Les autres agriculteurs des environs utilisent
pareillement
des adjuvants, engrais et pesticides, pour favoriser et protéger
la croissance du maïs. Une expérimentation (1)
menée
dans le laboratoire de l'université d'Uppsala en Suède en
2007 a établi
un lien entre la présence dans le milieu naturel des grenouilles
d'un pesticide produisant des substances oestrogènes et leur changement
de sexe, la proportion de femelles croissant anormalement (ce qui peut
conduire, à terme, à la
raréfaction ou même l’extinction de l’espèce).
D’autre part, selon une étude américaine
publiée
en février 2008, l’azote et le phosphore des engrais, épandus
dans les champs puis entraînés par lessivage des pluies dans
les lacs et étangs, stimulent la croissance des algues qui à leur
tour favorisent l’essor des populations d’escargots qui véhiculent
un grand nombre de parasites. Les larves de ces parasites forment des kystes
dans les membres en développement des têtards, provoquant
de sévères déformations chez
les amphibiens.
La fontaine dans la cour est putride et envahie par des mousses et des
herbes. Reliée par des buses à une source en amont, elle servait autrefois
de lavoir, avec ses deux pierres encore en place que venaient user les femmes
des environs en y frottant le linge familial. « Il faudrait que je
profite de la sécheresse actuelle pour aller boucher la brèche
au bout du canal : les eaux sont basses, je pourrais y mettre du mortier,
il sècherait sans problème. En principe, j’ai droit à un
débit de 0,550 m3/s, attesté par un papier administratif que
ma fille a demandé au cadastre de Pau, car il y a eu un incendie en
1958 au moulin, et nous avons perdu beaucoup de choses, des meubles, des
tableaux, mais aussi des archives familiales » explique-t-il.
Ce droit de l’eau, il a été obligé de le faire
valoir récemment, alors qu’un riverain en amont réduisait
le débit du ruisseau à son profit (d'après ce que
j'ai pu comprendre, car il ne s'est pas étendu sur le sujet). Pour
se défendre,
il a fait appel à l’association des Amis des Moulins Ardatza-Arroudet
dont il est devenu membre. Voici ce qu'en dit sa présidente, Claire Noblia
:
"Le voisinage ... c'était surtout un adjoint du maire, M.COLO... et apparemment, la famille Cenderent aurait agi en opposition au maire... j'ignore de quelle façon... Le voisin avait donc décidé de dévier l'eau de façon à ne plus alimenter le canal du moulin... d'où destruction des poissons évidemment par stagnation, de l'eau, concentration des polluants aggravée... le prétexte avancé lors de la réunion en mairie était que, dans la mesure où le moulin ne faisait plus de mouture, le propriétaire n'avait rien à dire... Ce moulin étant inscrit sur la carte CASSINI (1750, avant la Révolution), il bénéficie des Droits d'eau, de façon inaliénable... selon les diverses jurisprudences établies sur le territoire français... Il est exceptionnel qu'un moulin se soit conservé à Arcangues, même si sa structure mécanique a été modifiée... Tant de moulins ont été détruits sur la Côte basque!!! En particulier, les moulins à marée! Dont on est sûr qu'il y en avait au moins 22 entre Adour et Bidassoa! Pour Arcangues, c'est un trésor patrimonial qui n'a jamais été reconnu comme tel ni encore moins respecté ou valorisé...! Comme tous les ruisseaux de la Côte basque le ruisseau d'Alotz a été pollué, capté, détourné, busé pour faciliter les lotissements et l'urbanisation "sauvage" menée par les collectivités sans tenir le moindre compte des mille ans de constructions hydrauliques antérieures... Il y avait au début du 20ème siècle environ 800 zones humides et étangs dans notre département... aujourd'hui on les compte sur les doigts de la main... Les zones de réserve naturelle de Xurumilats et Errota handia sont exemplaires à ce titre mais leur périmètre est de plus en plus fragilisé..."
« Ma grand-mère a acheté,
au XIXème siècle, le moulin Errota Chipia « par surenchère »,
avec l’étang de retenue et le canal d’arrivée
d’eau
d’environ 500 mètres, qui est en fait une portion du ruisseau
d’Alotz dont le trop-plein de l’amont s’écoule
par trois déversoirs successifs en un ruisseau secondaire qui serpente
entre une haie de platanes plantés pour soutenir les berges, en
suivant les bas-fonds avant de rejoindre le cours normal en aval du moulin. » explique
Jean Cenderent qui précise que ces trois « décharges » permettent
de réguler le débit en période de crue pour l’amoindrir. « Normalement,
j’ai un droit de passage de six mètres de part et d’autre
du canal pour pouvoir l’entretenir. Autrefois,
nous ne manquions pas de bras pour le nettoyer, tous les voisins arrivaient
une fois par an avec
des pelles et se sentaient concernés par la bonne marche du moulin
qui transformait leur blé et leur maïs en farine. Ce n’est
plus le cas maintenant. Des pierres du mur de soutènement se sont écroulées
dans le lit, j’ai dû les remplacer par un mur de briques de
béton,
ailleurs, la terre déborde par-dessus l’ancien muret et les
plantes ont envahi le talus. Il faudrait tout curer pour bien faire » constate-t-il.
Cependant, sa motivation est faible : cela fait plus de cinquante ans
que le moulin ne fonctionne plus. Equipé à l’origine
de trois paires de meules, deux pour le blé et une pour le maïs,
le tiers a été détruit pour aménager des
pièces
habitables et seule une paire de meules est encore en état de
fonctionner. Il le met en marche en poussant un levier et le babillard
(barre de bois) qui secoue la trémie
vide de tout grain claque avec régularité. La clochette
qui signalait au meunier qu’il fallait réalimenter en grains
le moulin est encore suspendue à sa ficelle. Le système était
simple, la ficelle traversait la trémie, dès que celle-ci était
presque vide, la ficelle se tendait et la clochette se mettait à battre
contre la barre de bois agitée par la rotation de l’essieu.
Le mécanisme est bruyant, mais il ne l’empêchait pas
de dormir lorsque, étant jeune, sa chambre se trouvait juste au-dessus.
Sa
grand-mère lui a fait jurer de ne jamais continuer dans cette profession,
beaucoup trop dure et devenue peu rentable à l’avènement
des minoteries industrielles, la plus proche étant celle des Ets Larroulet, à Ustaritz.
Il se souvient de cette période terrible de famine pendant la guerre
: « Le moulin fonctionnait jour et nuit. Les Allemands nous avaient
interdit de moudre du blé, nous faisions donc de la méture
(farine de maïs) pendant la journée, et la nuit, nous sortions
les sacs de blé de leur cache et nous le transformions en farine.
Les gens venaient la chercher pour se faire du pain et l’échangeaient
contre du café ou d’autres denrées moins indispensables.
Quand nous en avions trop, nous échangions à notre tour notre
gain contre ce qui nous faisait défaut. »
Son père a poursuivi l’activité meunière avec sa grand-mère jusqu’à l’après-guerre. La propriété s’est agrandie peu à peu, 9 ha de terres ont été achetés et 4 ha loués à la commune pour y cultiver le blé et le maïs qui nourrissait des vaches laitières dont le lait était distribué dans un grand périmètre. « Je suis donc devenu laitier, c’était une grosse astreinte, il fallait livrer très tôt les hôtels comme le Miramar ou le Régina par exemple, c’est pour cela que nous ne gardons plus que six vaches maintenant que je suis à la retraite », commente-t-il et il ajoute : « Certains agriculteurs qui possèdent de grandes surfaces ont dû s’endetter fortement pour s’équiper en machines et sont contraints de poursuivre leur activité sans aucune marge de manœuvre. Ce n’était pas mon cas. J’ai vu la région changer. Quand j’étais jeune, les champs étaient cultivés avec une charrue tirée par une paire de bœufs, les prés étaient fauchés et ratissés à la main, le maïs était dépiqué dans une machine que l’on faisait tourner à la manivelle. Une carriole tirée par une mule collectait pour le moulin le blé ou le maïs des voisins qui tous faisaient de la polyculture. Une portion des grains revenait au meunier pour son labeur, et nous fabriquions avec la farine du pain ou des gâteaux que nous vendions, comme c’est encore le cas au moulin de Bassilour à Bidart. Le four à pain a disparu, j’ignore quand il a été détruit. Presque tout le monde cuisait son pain à la maison, mais il y avait aussi un boulanger » se rappelle-t-il en poursuivant : « Le lait a d’abord été distribué en carriole tirée par une mule, puis dans une voiture au moteur alimenté au charbon, comme les locomotives à vapeur : nous n’étions pas des précurseurs, mais il y en avait encore très peu à l’époque. »
Par habitude, Jean Cenderent garde toujours
un œil sur l’état
des ruisseaux. « Personne ne les entretient, il y a partout des embâcles,
les lits se bouchent avec des branches et des arbres couchés en travers.
Je sais que la MIFEN (maison d'initiation à la faune et aux espaces
naturels) a envoyé des hommes pour dégager les cours d’eau,
mais ils travaillaient peu d’heures par jour et ils étaient
très mal équipés, que peut-on faire avec simplement
des scies ! » Il convient que l’on ne peut pas curer des ruisseaux à l’instar
de son canal, il y a désormais la loi sur l’eau, la surveillance
de l’office de la pêche, la nécessité de conserver
des arbres et buissons sur les rives pour soutenir les berges et préserver
le biotope. A ce propos, il rapporte qu’il a vu arriver pour la première
fois l’an dernier des colverts, un mâle et deux canes qui ont
niché près de l’étang, les femelles y nageaient
avec les douze petits. Très sauvages, ils n’acceptaient de manger
les grains que leur distribuait sa femme qu’en leur absence. Celle-ci
a acheté des canes blanches pour essayer de les apprivoiser et les
garder, mais ils sont repartis et seulement trois sont revenus l’année
suivante de leur migration.
Il évoque l’inondation de mai 2007. « Nous avions 1,20
mètre dans la maison, l’eau est arrivée tout d’un
coup, à 4 heures du matin, les prises ont été noyées
de suite, et le courant a disjoncté, nous étions dans le noir
et il nous était très difficile de sauver les meubles, cela
s’est passé trop rapidement. Nous en avons monté un ou
deux à l’étage, où se trouvent nos chambres, nous
avons mis la télé en hauteur, mais bientôt le mobilier
a basculé, l’eau passait par la porte, par les fenêtres,
mon fils, qui habite dans le voisinage, avait l’eau à la taille
quand il est arrivé. Le problème, c’est qu’il n’y
a plus rien pour freiner l’eau, ni arbres, ni taillis, ni haie ou ronciers,
aucune végétation, au contraire, l’eau passe par la route
et elle a débordé de partout, y compris par-dessus le pont. »
Un grand mur assorti d’un fronton, qui bordait la propriété d’un
ancien restaurant près du pont en amont, a bloqué un moment
la circulation de l’eau, puis il a cédé sous le poids
de l’eau qui s’est déversée comme une vague énorme
vers l’aval, emportant tout sur son passage. Les voitures ont été noyées,
beaucoup de matériel emporté. Au bout des prés, en aval, à la
lisière de la forêt, gît encore une baignoire qui servait
d’abreuvoir en compagnie d’autres vestiges qui ont flotté jusque
là et n’ont pas été récupérés
ou évacués. Le moulin, par contre, ne risquait pas de s’écrouler.
Lorsque Jean Cenderent a voulu en démolir une partie pour l’aménager
en gîte rural, le maçon n’a pas pu aller bien bas : tout
le soubassement est en grosses pierres, la roue horizontale tourne sous une
magnifique voûte de pierres taillées, les murs, formés
d’un amalgame de pierres et de terre sont très épais à la
base et très solides.
Jean
Cenderent sait bien qu’il est en zone inondable. C’est l’ancienne étable
du moulin qui a été aménagée en zone habitable
(lorsque les vaches y étaient, elles avaient peur de l’eau
et refusaient de sortir). Il aurait pu bâtir plus haut, mais il a préféré
aménager le moulin désaffecté. Cependant, l’Etat
a déclaré l’inondation
de mai 2007 comme une catastrophe naturelle, et il a pu être indemnisé d’une
bonne partie des dégâts. Ce
qui est étonnant, mais nous n'avons pas abordé le sujet et je n'ai
donc pas son avis sur la question, c’est
qu’il ait pu avoir, dans un premier temps, le permis de construire
pour son domicile dans le moulin, et dans un deuxième temps, le
permis de construire pour le gîte rural qu’il a aménagé dans
le même bâtiment. A la rigueur, on aurait pu lui accorder de
vivre au premier étage, mais certainement pas au rez-de-chaussée,
notoirement inondable, et situé en contrebas de l’étang
de retenue du moulin. Il en est d'ailleurs de même pour le domicile de
Jean-François Terrasse, au moulin d'Errota Handia situé à quelques kilomètres
de là, ou pour le moulin de Chourroumillas où Michel Guillous ne séjourne
pas mais a fait quelques aménagements, ces trois moulins étant situés sur
la commune d'Arcangues - le troisième à cheval aussi sur celle de Bassussarry
-. D'autre part, Jean Cenderent a comblé en partie l’étang
de retenue qui était autrefois bien plus vaste, de façon à disposer
de davantage de prairies pour faire paître ses vaches. Il a également
busé le ruisselet issu du troisième déversoir pour relier les deux champs
qui ne communiquaient initialement que par un pont. Je me demande si ce
remblaiement et ce busage n'ont pas accentué les conséquences de l'inondation
de mai 2007, l'étang étant moins capable d'amortir la crue et la buse insuffisante
pour la dévier vers le ruisseau de dérivation. Ces réflexions me viennent
après coup, je ne connais donc pas l'avis de Jean Cenderent sur la question.
Cependant, les inondations ne sont pas si fréquentes : en 1927, le
mur d’Errota
Handia a cédé (c’est sans doute ce qui a provoqué la
destruction du moulin), en 1983, l’étang d'Errota Chipia n’a
pas débordé,
par contre, en 1988, l’eau est passée par la fenêtre.
Jean Cenderent réfléchit à une nouvelle utilisation
de la puissance motrice du moulin. Son père avait, dans le temps,
installé un système de chargement de batteries grâce à l’action
du moulin qui permettait d’éclairer la maison et remplacer avantageusement
les bougies. Il s’était inspiré, pour son dispositif,
du fonctionnement de la dynamo de vélo. Désormais, il existe
des mini-centrales électriques qui fonctionnent avec de petites turbines
qui ne nécessitent que très peu de courant. Il escompte qu’avec
le renchérissement de l’électricité, cet investissement
peut être rentable, notamment en tenant compte du fait qu’il
héberge des hôtes l’été dans le gîte.
Il sait que la minoterie d’Arqui des Ets Larroulet d’Ustaritz
sont déjà équipés d’une turbine sur la
Nive et vendent de l’électricité à EDF. L’hiver,
elle marche jour et nuit, par contre l’été, avec le faible
débit, elle fonctionne moins.
Actuellement, avec cette faible pluviosité de l’hiver, l’eau
du canal passe au-dessous du déversoir. Il doit pourtant continuer à la
faire s’écouler car si elle stagne, la vase et la mousse envahissent
le canal. Le problème actuel est devenu celui de la pénurie
d’eau et de la sécheresse. Les produits nocifs vont se concentrer
encore davantage, les gens vont devoir prendre conscience que leurs comportements
doivent changer rapidement pour assurer leur survie et celle de leur environnement.
Cathy Constant-Elissagaray
(1) 1. Posté par Linossier Jean-Louis le 04/03/2007
13:14 en réaction à l'article paru sur l'ACME sur le changement de sexe des
grenouilles.
L'Atrazine, de la famille des triazines (simazine, propazine ...), a été commercialisée
notamment par Agrochimie, Pepro, Rhone Poulenc Phytosanitaire et bien d'autres
pendant des dizaines d'années (depuis les années 60), pour
desherber vignes et vergers mais aussi dans des formulations grand public
pour desherber les allées, les cimetières et bien sûr
les voies ferrées mais aussi toutes les voies et abords non goudronnées à la
charge des collectivités locales.
Dans cette histoire, la SNCF c'est pinuts.
Il me semble qu'au départ c'était un produit breveté par
CIBA dont tout le monde s'est emparé quand il est tombé dans
le domaine public.
A l'époque, malgré 10 ans d'essais et de recherche de toxité sur
les résidus, on prétendait qu'aucune rémanence ne subsistait
au bout de quelques semaines.
Comme responsable du labo de contrôle d'une usine de produits phyto,
j'ai bien connu toute cette époque.
Beaucoup de salariés de ces usines ont peu profité de leur
retraite. Et que dire des paysans ?
Et l'Atrazine n'était pas considérée comme spécialement
dangereuse à manipuler à côté des esters phosphoriques
par exemple.
Le malathion a été déversé en poudrage dans les
rues des villes de camargue et aussi dans les flaques d'eau pour tuer les
moustiques.
Heureusement, si l'on peut dire, dès les années 1970, certains
ouvriers furent "mobilisés chez eux" et inaugurèrent
les premiers plans socio ; certains avaient tout juste 53 ans me semble-t-il.
Comme pour l'amiante, la plupart des maladies provoquées par ces produits,
hors bien sûr des intoxications immédiates, n'apparaissent que
des dizaines d'années plus tard. Nous ne sommes donc, comme pour l'amiante,
qu'à l'aube d'une catastrophe dont on ne mesure pas encore l'ampleur.
Dans les années 80, j'avais, avec des collègues, demandé si
des études épidémiologiques étaient faites en
suivant le devenir des salariés.
Il nous avait été répondu affirmativement mais nous
n'avons jamais pu obtenir les résultats au titre que n'étant
pas qualifiés pour les analyser, nous allions raconter des bêtises
et déclencher des histoires sans fondement.
Depuis, beaucoup de molécules ont été interdites et
de nouvelles sont apparues.
L'usine où j'ai travaillé existe toujours.
Entretien avec Jean Cenderent Pas de publication dans le journal Sud-Ouest, à sa demande expresse. |
Errota Chipia, Moulin d'Arcangues "L’eau empoisonnée" |
25 février 2008 |