Le 9 février 2010, Jean-Pierre Voisin, conseiller municipal à l’urbanisme d’Anglet, présentait devant un public choisi un projet de piste cyclable reliant la mairie au rond-point des Cinq-Cantons et invitait les représentants d’associations et individus intéressés par la question à réagir sur les alternatives proposées et faire des suggestions. Le 2 mars, l'association Bizi! (Vivre!) m'a contactée et a souhaité me rencontrer, afin que j'appuie le lancement de leur grand questionnaire sur la pratique du vélo au sein de l'agglomération du BAB. Ses dirigeants ont remarqué le caractère précurseur de la démarche de l'association des Amis-Chemins dans sa volonté de promouvoir la circulation douce sur Anglet, et ils ont étudié à travers son site Internet les actions déjà entreprises. Le 22 mars, Liane Béobide, responsable du service communication de la mairie d’Anglet m’a demandé de me prononcer au nom des Amis-Chemins sur le projet municipal de piste cyclable, en vue de faire paraître ma réaction dans la prochaine édition du bulletin d'Anglet. Voici ce que je lui ai communiqué.
Je souscris tout à fait à l’ouverture d’une nouvelle voie cyclable, qui viendra s’ajouter aux quelques tronçons déjà en place. Cependant, je m’interroge sur l’efficacité d'une telle mesure, alors que l’objectif déclaré de toutes les séances préparatoires à la mise en œuvre d’un Agenda 21 pour la ville d’Anglet est de changer radicalement les habitudes des habitants pour réduire de façon drastique l’usage de la voiture, au profit de modes de locomotion non motorisés ou des transports en commun. Il faut bien prendre conscience que l'immense majorité de la population adulte a peur de prendre le vélo et, par manque d'habitude, a quasiment oublié son usage. Rouler à vélo tout en faisant attention aux obstacles, à la circulation, aux côtes qu'il faut anticiper pour passer au bon moment la vitesse, aux ronds-points qu'il est plus prudent de franchir à un bon rythme, est hors de portée de notre population déshabituée par la trop grande emprise de la voiture.
Si je me réfère à ma propre expérience de mère de famille exerçant une profession hors du domicile, il me paraît essentiel de considérer le problème des déplacements quotidiens du point de vue le plus concret. Pourquoi ai-je été obligée, durant de nombreuses années, à prendre la voiture ? Parce que mes enfants ne pouvaient pas se déplacer de façon autonome, en sécurité, sur le trajet domicile-école. Aucune mère, sauf contraintes impératives, ne laissera son enfant rouler entre 7h30 et 8 h du matin à vélo pour aller au collège s’il ne peut rejoindre à proximité du domicile une voie totalement sécurisée.
Je préconise la mise en place d'un quadrillage de la ville en pistes piétons-cyclables, reliant prioritairement les collèges, ainsi que les établissements culturels et sportifs régulièrement fréquentés par les enfants. Ainsi, habitués à ces trajets dès l’âge de 10 ans, ils envisageront peut-être plus facilement ensuite de conserver ce même mode de transport sur des distances un peu plus longues, vers les lycées du BAB qu’il faudra également pourvoir en modes d’acheminement sécurisés. Ce réseau devra être ininterrompu sur toute sa longueur et proscrire, autant que faire se peut, l'intrusion ou le croisement de voitures sur son parcours. Les parents, libérés de cette obligation d’accompagnement, auront alors le loisir de choisir entre différents modes de locomotion pour aller travailler. Quant aux autres habitants, ces nouvelles infrastructures les encourageront certainement à laisser de temps en temps la voiture au garage pour marcher ou faire du vélo, au moins en ce qui concerne les plus valides d’entre eux.
Les adultes ne changeront pas aisément de comportement, il est plus efficace de travailler sur le long terme et faire porter notre effort sur les jeunes afin de leur donner de bonnes habitudes dès qu’ils sont en âge d’acquérir un début d’indépendance. Je préconise une mesure d’accompagnement pour faciliter ce passage à l’autonomie : négocier avec les collèges un démarrage des cours à 8 h 30 ou 9 h, de façon à ce que le trajet puisse s’effectuer de jour en toute saison, et en dehors des heures de pointe de la circulation automobile. A partir du moment où les parents n’accompagnent plus leurs enfants, il n’est plus nécessaire de faire coïncider les horaires scolaires et ceux du travail – et inversement, cela incitera davantage de parents à mettre leurs enfants à vélo -.
Il ne faut pas que ces aménagements soient freinés pour des raisons budgétaires. L’unique investissement indispensable est celui de la sécurisation absolue dans les croisements, traversées de routes et ronds-points. Tout le reste est accessoire et peut être réalisé ultérieurement, si les finances le permettent. Point n’est besoin de revêtement spécial, de bordures particulières, d’aménagement paysager. L’essentiel est de permettre l’instauration d’un réseau ininterrompu de voies piétons-cyclables où les voitures sont totalement proscrites, afin que l’on puisse faire du vélo à deux ou trois de front, en bavardant (puisque les déplacements sont majoritairement pendulaires), et tranquillement. De nombreuses villes ont déjà effectué cette mutation, il suffit de s’inspirer des solutions qu’elles ont trouvées et de choisir celles qui conviennent le mieux à la configuration de la nôtre.
Le calme induit naturellement par la réduction du nombre de voitures apportera forcément un mieux-être dans la ville, une pollution sonore et olfactive moindre, et un encouragement supplémentaire à utiliser les modes de circulation doux, rendus plus séduisants.
Réactions :
Jean-Claude : Tout à fait d'accord avec ce que tu écris; il est vrai que ce n'est pas évident de circuler en vélo au milieu des autos, motos, bus et surtout camionnettes de livraison. Ce qui peut sembler paradoxal est que je préfère circuler à Paris qu'à Biarritz: en effet, comme à Anglet, à Paris il y a quelques pistes cyclables (pas encore assez ) et aussi, dans Paris, les cyclistes sont autorisés à circuler dans les voies réservées au bus, ces voies étant assez larges pour permettre le dépassement des cyclistes par les bus; ainsi l'espace réservé aux autos et motos est réduit et ces engins y roulent au pas. Dans Biarritz, il n'y a pratiquement pas d'espace aménagé et les autos roulent vite et frôlent les cyclistes ... ce qui peut dissuader l'utilisation du vélo; j'ai la même sensation sur les routes du Tarn où les engins motorisés passent trop près des cyclistes lors de dépassement. Je remplirai le formulaire Bizi pour soutenir leur action.
Elisabeth : J'espère que les gens vont te répondre parce que je trouve ton approche très intéressante. C'est l'idée que tu as eue dès le début des amis-chemins mais, avec le temps, cela pourra peut être se faire. Tu as raison d'insister sur le fait que ça peut être une réorganisation des horaires des écoles sans des frais de mise en place énormes. Il faut une volonté de changement. La mairie a tendance a en faire beaucoup, avec les poteaux, les fleurs, etc. Bon courage !
Corinne : Je viens de prendre connaissance de votre e mail
concernant les pistes cyclables. Les piétons sont également
mal lotis et dans la rue où j'habite
: rue Lamouly, les trottoirs sont inexistants. Le passage des voitures va
en s'accélerant,
ce qui accroit les dangers. Les pistes cyclables rue de Hausquette sont
sur le trottoir en commun avec les piétons: pas toujours pratique.
Mais ce matin, je veux aussi vous faire part de ma colère . depuis
quelques semaines, le bas de la rue de Lamouly est en travaux, pour canaliser
les eaux ( je pense ). Il existe dans ces ruisseaux des familles de canards,
qui doivent être
particulièrement perturbés par ces travaux et tous ces changements
. Et ce matin , j'ai vu un canard mort au milieu de la chaussée, écrasé .On
n'écrase pas un canard
sans excès de vitesse !! ç'aurait pu être un autre animal
ou un enfant ! C'est un appel que je me permets de vous lancer via votre
association.
Avec toute mon admiration pour les idées que vous défendez.
Richard : 100 % d'accord !
Iban : Nous ne pouvons qu'être d'accord avec toi. Et je suis personnellement très sensible à ce que tu écris du fait que je sois papa de 3 jeunes enfants à qui j'essaie de transmettre le goût du vélo dans des conditions de sécurité souvent déplorables. En impulsant le diagnostic citoyen vélo de BIZI !, j'espère contribuer à ce que prochainement tous les enfants puissent se déplacer en sécurité à vélo.
Jacky : C'est il me semble un peu utopique. Aménager des pistes cyclables
dans le cadre actuel ne me semble pas très réaliste à moins
de bannir la circulation
de tous véhicules terrestres à moteur. Comment faire aux croisements
de 2 voies voire 3 ou plus. Il faudrait faire des souterrains ou des passerelles.
Vouloir envoyer les enfants à l'école en vélo oui mais
tout le monde n'a pas la chance d'habiter près d'un établissement
scolaire. Dans ce cas comment faire?
Cathy, présidente des Amis-Chemins | A vélo dès l’enfance |
22 mars 2010 |