Dans
le cadre de notre atelier botanique à l'Université du
Temps Libre d'Anglet (UTLA), nous avons eu l'opportunité de
visiter les serres municipales d'Anglet, par l'entremise de Jean-Pierre
Voisin,
conseiller municipal. Le directeur,
Benoît Gaine, et son assistante Françoise Peigneguy
nous ont fort aimablement reçus durant toute une matinée.
Ils nous ont présenté
les serres dans leur ensemble et expliqué en détail leur
travail, répondant
à toutes nos questions. Benoît Gaine, embauché seulement
depuis février
2011, travaillait auparavant à Châtillon, en région
parisienne, à un
poste équivalent. Par contre, son assistante travaille aux serres
angloyes depuis trente ans. C'est elle qui nous rappelle que les serres
sont
installées à Girouette (ou plus exactement rue de Juzan,
non loin de l'extrémité orientale de la piste de l'aéroport)
depuis seulement huit ans. Elles étaient auparavant à la
place Lamothe où elles ont été remplacées
par une résidence appelée en souvenir 'Les serres'.
Il y avait aussi, bien avant, un petit jardin à l'emplacement
actuel de la bibliothèque,
qui fournissait des fleurs coupées.
Ces
déplacements successifs illustrent, s'il en était besoin,
la transformation d'Anglet qui était
autrefois une campagne nourricière pour ses voisines Biarritz
et Bayonne et qui est devenue une ville
à l'urbanisation
galopante. Le fleurissement de ses ronds-points (ou giratoires, qui
ont remplacé en France, à partir de 1984, bien des carrefours à la
circulation
régulée
par les feux tricolores) et
celui du
bord de mer remontent sans doute à une quinzaine
d'années (lorsque Alain Lamassoure était
au conseil municipal ?), à l'époque où la ville
disposait de davantage d'argent que maintenant
et pouvait recourir à des subventions du Conseil
général. - Extrait du "Guide de
l'exemplarité municipale" 2010-2015 rédigé dans
le cadre de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet : en octobre 2011, 26
agents s'occupent des espaces verts. -
Ce besoin d'espaces
verts (de nature
en ville) est à replacer dans le contexte de l'histoire
des jardins, et notamment le souhait des hygiénistes du XIXe siècle qui
se souciaient de dédensifier l'espace urbain pour que les habitations
(et les habitants) aient accès au soleil et à l'air pur.
Depuis les années 1950, les politiques urbaines affectent ainsi une certaine
part de l'espace à la création d'espaces non bâtis, "libres",
généralement plantés, donc "verts". Toutefois,
l'architecture et l'horticulture sont deux arts et le jardin est souvent
très éloigné de
la nature, il incarne même la représentation symbolique
du contrôle que l'on exerce sur elle. Versailles en est un archétype.
Les espaces verts héritent donc de cette culture et de ces savoir-faire "horticoles" et "paysagers" (au
sens architectural) au moment où de nouvelles techniques, la motorisation
agricole, et de nouveaux produits, ceux de l'industrie chimique, prennent
leur essor dans l'immédiate après-guerre. Au fil du temps,
les jardiniers se raréfient et les désherbants
remplacent la binette dans les allées, jusqu'au moment où,
dans les années 1980/90, on commence à se poser la question
de la nocivité des produits de la chimie sur la santé humaine
et sur l'environnement.
A
cette époque-ci de l'année, les serres se vident progressivement
: en effet, chaque groupe de plantes dure quatre mois, car il y a une rotation
du contenu des espaces verts municipaux. Il reste cependant
encore quelques semis. Après la période hivernale, l'activité redémarrera
en février avec la réception de micro-mottes, de vivaces et de pieds mères.
Benoît
Gaine nous explique que, par mesure d'économie, les serres n'ont
recours qu'exceptionnellement
à des plantes semées chez un horticulteur et livrées
en micro-mottes. Cela ne se justifie que si la germination est difficile,
par exemple
pour les primevères dont la pousse débute en serres chauffées,
ou bien en été pour les bégonias. Etant
donné que les graines sont
semées à la volée dans des bacs plats emplis d'une
faible épaisseur de terreau, il est nécessaire
de les repiquer, une opération
"énergivore" (c'est le terme qu'il emploie) qui demande
de la main d'oeuvre (exclusivement féminine). Les toutes petites
pousses sont attrapées avec délicatesse, les racines
démêlées de celles des voisines,
puis elles sont plantées en pot après
avoir creusé un orifice dans le terreau
à l'aide d'un petit bâton. Pour manipuler ainsi 45 000
plantes par an, il faut des personnes compétentes et qualifiées,
calmes, posées,
patientes : un travail que seules des femmes peuvent accomplir convenablement.
Il signale qu'il faut prendre garde toutefois à ne pas semer les graines
trop serrées, car sinon elles poussent en longueur et ces tiges élancées
sont fragiles.
Le
nouveau directeur songe à gagner du temps
(et économiser de l'argent) grâce à l'investissement
dans un appareil qui ferait les semis automatiquement. L'idéal,
nous dit-il, serait de manipuler les plantes le moins possible, car
cela les stresse, malgré tout le soin que l'on peut y apporter.
Pour
éviter le stade du repiquage, il est possible grâce à cette
machine (un semoir
automatique)
de semer
directement
dans des micro-mottes, graine à graine, même si elles
sont minuscules, par
un
système pneumatique aspirant et posant les graines contenues
dans une trémie.
Il nous montre les grands plateaux en aluminium, achetés d'occasion, disposés sur pieds pour travailler debout et éviter les stations penchées douloureuses pour les lombaires. Les plantes annuelles croissent dans des pots biodégradables "fertilpot" en fibres de bois produits dans les Vosges. Ils sont désormais préférés aux pots en plastique pour respecter les prescriptions de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet. - Benoît Gaine fait remarquer que, même s'il s'agit de produits effectivement non polluants, ils sont tout de même obtenus grâce à un processus industriel et transportés auprès des détaillants et du consommateur final : le bilan énergétique n'est donc pas nul -. Deux d'entre nous se plaignent qu'ils ont eu des expériences malheureuses avec des pots biodégradables achetés dans le commerce : les plantes sont mortes, et lorsqu'elles ont été sorties de terre, ils ont constaté que le pot ne s'était pas dégradé et que les racines y étaient restées confinées. Le directeur, un peu dubitatif, a suggéré de bien veiller à les enterrer complètement car si le bord sèche, l'eau ne peut se propager et la dégradation est impossible. Pourtant, les pots étaient bien enterrés : y aurait-il des qualités distinctes (et moins performantes) pour le grand public ?
On
peut lire sur Internet que plusieurs
sociétés proposent des pots garantis 100% biodégradables que
l’on
peut mettre en terre directement avec la plante. La matière première
utilisée
est issue des déchets recyclés de l’industrie
agro-alimentaire. Cette technique n’utilise pas de déchets recyclés
issus d'une production intensive et nécessitant l’emploi massif
de pesticide comme le maïs. Elle ne fait pas appel non plus au prélèvement
direct du sol comme les classiques godets en tourbe. Elle se base sur le
recyclage des épluchures de pommes de terre ou de leur amidon, "c’est
donc un produit 100% compostable et biodégradable à court terme",
annonce-t-on sur le site en lien. Est-ce véritablement le cas ?
Cette année, les semis ont presque tous réussi dans les serres, à part une variété. Comme l'ont aussi constaté des membres de l'atelier botanique de l'UTLA, il semblerait qu'il y ait des différences de qualité suivant les graines. Qu'elles ne germent pas en totalité, c'est possible, mais qu'aucune ne germe, cela signifie que le sachet ne contenait que des graines "mortes". Pour limiter les risques, les serres municipales se fournissent à Toulouse auprès d'un collectif d'horticulteurs (regroupé sous l'enseigne Plant ornemental), chacun spécialisé dans une plante donnée, ce qui produit de meilleurs résultats car ils savent exactement quels soins lui apporter et quels produits spécifiques lui administrer. Quand on produit un million de bégonias, il ne faut pas se tromper !
Sur
les tables de culture, Benoît Gaine nous montre les primevères
achetées
en micro-mottes et replantées la semaine dernière dans
des pots plus grands. Arrosées
la veille à la pomme d'arrosage, plus douce que les sprinklers
(qui ne sont jamais utilisés), elles sont encore humides, car
l'eau demeure dans les gouttières au fond du bac rainuré et
s'évapore
lentement. Par contre, nous passons devant des semis de pâquerettes
repiquées
dont les deux premières feuilles ont brûlé. En
leur apportant des soins attentifs, elles reprendront peut-être
de la vigueur.
Les
serres pratiquent beaucoup le bouturage de plantes vivaces, pour les
géraniums ou les lantanas par exemple, de façon à
les multiplier et planter les "clones" l'année
suivante, mais ce n'est pas possible pour les
bégonias
ou les impatiens qui sont obtenus par semis. Afin
de réduire au maximum la transpiration des fragments de plantes
bouturées,
les feuilles sont coupées pour n'en
garder qu'une petite fraction. Les plants sont rassemblés dans
une petite serre de multiplication équipée d'une soufflerie
chauffante. Le problème, c'est que les plantes reproduites par
bouturage année
après année dégénèrent, leur patrimoine
génétique s'appauvrit, il y
a de moins en moins de fleurs. Pour s'en prémunir, le directeur
va investir dans des pieds mères, conservés dans les
serres, et qui fourniront la matière à de nouveaux plants
par bouturage.
Comment faire pour assurer une floraison permanente
et fournie, demande-t-on ? Les deux spécialistes répondent qu'il est
nécessaire
d'arroser régulièrement
avec de l'engrais, sinon le sol s'appauvrit (une fois par semaine ou
tous les quinze jours,
pas davantage, car il est nuisible d'utiliser trop d'engrais).
- Ne jamais mettre d'engrais sur un sol sec, il doit toujours avoir
été
préalablement
humidifié à l'eau : les
meilleures conditions pour assurer une bonne diffusion sont assurées
par l'association de chaleur et
d'humidité.
On peut prendre de l'engrais liquide
universel
basique du commerce. Toutefois, pour favoriser la floraison et non
la production de feuillage, il faut prendre garde à choisir un engrais
le
plus pauvre
possible
en azote
: sur l'étiquette figurent les lettres N P K, et N doit avoir
le plus petit montant possible. - Extrait
du "Guide de
l'exemplarité municipale" 2010-2015 rédigé dans
le cadre de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet. -
Dans
notre région, contrairement à Châtillon d'où vient Benoît Gaine,
il n'y a pas de problème
de froid (pour les pensées par exemple). L'hiver,
les serres préparent pour les espaces verts des plantes au feuillage
décoratif,
mais dont la floraison est souvent insignifiante. Le directeur nous conseille
de planter dans une jardinière exposée au nord carex, cinéraire maritime, heuchère, pensée...
Cette année, la croissance des plantes a été favorisée
par la météo et il a fallu
les "pincer" deux fois plus que d'habitude pour qu'elles ne s'étiolent
pas et conservent un équilibre et une forme trapue.
Les serres possèdent une collection de
plantes vivaces (sauge, sedum, des buissons bleu-mauve de caryopteris,
lavatère, impatiens...) en pot classique (plastique) car elles
sont conservées
plusieurs mois (depuis juillet) et leurs racines,
si elles étaient en pot biodégradable,
risqueraient de le percer et de s'enfoncer dans le sol. Le problème,
c'est que les plantes sont confinées depuis trop de temps, il
faudrait les changer de pot. Elles servent de "bouche-trou" pour
compléter
des parterres ou bordures
endommagées. En hiver, la plupart des vivaces disparaissent
et végètent
par les racines
(ex.
l'euphorbe).
La
giroflée est traitée en bisannuelle plutôt qu'en
vivace, par habitude. Pour
compenser ce dénudement des parterres, les serres vont recevoir prochainement
des bulbes de Bergerac (seulement des tulipes, car les autres variétés
sont déjà
en terre, narcisses, perce-neige...). Dans la serre, crapauds et
hérissons
viennent manger les limaces. Toutefois, il faut mettre des granulés
bleus pour lutter contre les escargots.
Le personnel de la serre proprement dite est composé de 5 à 6 personnes, mais 26 agents au total s'occupent des espaces verts, les autres étant affectées à l'entretien, la taille des haies, la tonte des pelouses. Ce service fonctionne de façon indépendante, parallèlement à celui de la voirie (entretien des bas-côtés), des terrains de sport et du secteur forestier (ONF). Comme matériel, il y a un tracteur, et il est nécessaire de surveiller l'arrosage automatique car il y a périodiquement des dégradations opérées sur les arroseurs (qui gênent ceux qui veulent dormir sur les pelouses). On compte 18 personnes pour assurer l'entretien des 66 hectares, alors que, selon le directeur, il faudrait une personne à l'hectare. Il considère donc que le service est en sous-effectif.
Un
autre facteur de coût, souligne-t-il, est
l'arrosage (des pensées, des giroflées), aussi bien dans
les serres que dans les espaces verts municipaux, d'autant qu'il doit être
pratiqué intensivement l'été, au moment des congés
du personnel. Pour le réduire, il est possible d'agir selon plusieurs
axes. Pour le moment, l'arrosage dans les serres utilise l'eau de la ville
(l'eau
potable).
Dans l'avenir (l'investissement est inscrit au budget 2012), une cuve enterrée
- encore à construire
- permettra de recueillir l'eau de pluie, mais ce ne sera qu'un appoint car
les besoins
sont les plus grands au moment où il pleut le moins, et l'on est tributaire
de la météo.
L'arrosage
goutte à goutte est installé sur les parterres à l'humidité préservée par
du "mulch" et des copeaux de bois qui limitent également la pousse de l'herbe
dans les massifs. D'autre part, il est possible de moduler le choix des plantes,
baisser en
part relative
la fraction de plantes annuelles, très
gourmandes en eau, et augmenter la quantité de plantes vivaces et
de graminées, ainsi
que celle des buissons et arbustes, en privilégiant leur rusticité et
leur sobriété. Ces dernières sont mises en place une
seule fois, ont une longévité de plusieurs années ou
dizaines d'années selon les espèces, et ne nécessitent
plus qu'un entretien mineur. On ne coupe que les inflorescences en laissant
le feuillage et la plante repousse l'année suivante.
Il
est enfin possible de semer des annuelles en mélange "sauvage" qu'on
laisse pousser en prairies sans aucun arrosage autre que la pluie, et avec
seulement
une
tonte après qu'elles se soient semées naturellement sur place.
Je
demande au directeur s'il compte privilégier les plantes locales.
Il répond qu'il ne le fera que dans les sites dédiés
(Izadia, Chiberta...) en liaison avec l'ONF qui le conseille : arbousier,
chêne-liège... Il projette également de promouvoir
une coupe différenciée
de l'herbe sur les espaces verts du littoral. Il ne ferait une tonte
rase qu'en bordure des sentiers, laissant sur la majeure partie l'herbe
pousser en prairie,
à l'intérieur de laquelle il créerait un cheminement. Par
contre, il n'est pas possible d'obtenir
un
fleurissement permanent et très
fourni
des
massifs
uniquement
avec
des plantes locales.
En 25 ans de métier,
il a vu le catalogue des pépiniéristes s'agrandir de
plus en plus, et il dispose désormais
d'un choix énorme de plantes. Il se documente notamment en lisant
la revue pour les professionnels Le
lien horticole. Par
exemple, sur la place des Cinq Cantons qui est en train d'être
refaite, les
tilleuls
ont
défoncé
le sol et
ils vont être remplacés par cinq ou six espèces
différentes. Il va
réduire le nombre de tamaris (c'était le choix de la
municipalité
d'utiliser exclusivement cette espèce en bord de mer) : on en
dénombre
actuellement
2 830, taillés au sécateur trois ou quatre fois par an
(pour renforcer le tronc, couper les rejets, dégager le passage...).
Il remplacera ceux qui meurent ou sont cassés par d'autres essences d'arbres et il compte travailler différemment en limitant les arbustes qui nécessitent beaucoup d'entretien, afin de réduire les coûts. - Le tamaris est un buisson à l'état naturel, il nécessite par conséquent un entretien permanent pour être maintenu sous l'aspect d'un arbre -. En prévision, les serres vont réaliser une vraie pépinière avec des bacs à sable pour protéger les plantes en jauge. De même, nous dit-il, on dispose d'un très grand choix de graminées maintenant. En raison du changement climatique, la température moyenne a augmenté d'un degré ou un degré et demi et il faut en tenir compte. A Izadia, la problématique est différente, la volonté est d'y préserver le biotope local. On lui a juste demandé de conserver en serre le piment d'Anglet, qui a une forme toute tordue, afin que cette variété ne disparaisse pas. - Extrait du "Guide de l'exemplarité municipale" 2010-2015 rédigé dans le cadre de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet. -
Pour Benoît Gaine, la biodiversité, c'est
multiplier la diversité des plantes en introduisant des espèces
végétales du monde
entier sur Anglet. Il faut savoir que de nombreuses plantes que nous
imaginons
"locales" au Pays basque ont été introduites
au cours des siècles passés.
Il
n'y aurait donc, selon lui, rien de choquant à poursuivre dans
cette voie. Il en site plusieurs qui poussent communément dans nos
villes. En ce qui concerne les hortensias,
il convient
toutefois qu'ils n'apportent guère d'avantage au monde
animal puisque leurs fleurs ne sont pas butinées par nos insectes,
et leurs feuilles ne sont consommées par aucun herbivore.
- Ils apparaissent pour la première fois en 1739 dans la Flora
Virginica (Amérique du Nord) sous la dénomination de
"Hydrangea". Philibert Commerson (1727-1773),
premier médecin et naturaliste français à introduire
cette plante en Europe, le fait sous la forme d'échantillons desséchés
sur une planche de son herbier. Il
l'avait récoltée lors
de l'expédition Bougainville entre 1766 et 1769. Toutefois, les
plus nombreuses introductions d'hortensias s'effectueront entre 1895 et
1965. C'est également Philibert Commerson qui, embarqué sur
l’Étoile, découvrira au Brésil la fleur qu'il
nommera plus tard la bougainvillée et sera donnée à Joséphine
de Beauharnais, première épouse de Napoléon -.
Il cite aussi le platane. - Appelé le platane d'Orient, il est issu des Balkans et de la Turquie. Planté par les Romains en Italie vers l'an 390 av. J.-C., il est introduit en Angleterre par le jardinier du roi, Tradescent, et hybridé vers 1650 pour donner le platane commun ou platane à feuilles d'érable, le plus courant en France -. Cultivé hors de sa zone d'origine, il est particulièrement pauvre en biodiversité hébergée. En outre, même les microorganismes ont du mal à s'en nourrir et ses feuilles se dégradent très lentement : pour cette raison, l'ornitologue-naturaliste Jean-François Terrasse conseille d'éviter de les planter en bordure des cours d'eau. - Photo : Papillon à Macaye (octobre). -
Benoît
Gaine évoque
encore l'albizia. - Originaire de Chine,
du Japon, de la Corée,
il fut d'abord introduit en Iran. Son nom a été attribué en
1772 par le médecin
et botaniste italien Antonio Durazzini en l'honneur du naturaliste
florentin Filippo degli Albizzi qui découvrit cet arbre lors
d'une expédition à Constantinople et le rapporta en
Europe en 1749. En France, il arriva au Jardin des plantes de Paris
en
1804 -.
Butiné par les abeilles et les papillons, ses graines peuvent être
consommées par des oiseaux ou des écureuils, mais le
feuillage est peu prisé des herbivores. Quant au
tulipier de Virginie, il
a été introduit en Europe en 1663 et en France à partir
du début du XVIIIe siècle, notamment par La Galissonnière.
Le plus connu fut planté au Petit Trianon de Versailles pour la Reine
Marie-Antoinette en 1771 et abattu par la tempête de décembre
1999.
Je soulève le problème des espèces invasives. Benoît Gaine rapporte qu'il doit lutter, sur un nouveau terrain qu'il doit aménager en espace vert, contre le laurier-sauce (originaire du bassin méditerranéen) et le robinier-faux acacia. - Ce dernier est originaire d'Amérique du Nord : Jean Robin, botaniste français, l'introduisit en France en 1601. Des rejets des premiers exemplaires prélevés par son fils Vespasien Robin vivent encore actuellement dans le 5e arrondissement de Paris dans le square Viviani et dans le Jardin des Plantes. Ils ont le privilège d'être les plus vieux arbres de Paris et les plus vieux robiniers d'Europe -. Pour maîtriser le développement de plantes introduites, le directeur préconise l'emploi de plantes greffées. Mais la biodiversité ne se réduit pas à la diversité végétale. Selon les scientifiques, c'est la "dynamique des interactions dans des milieux en changement". Elle se décline en diversité écologique (les milieux), diversité spécifique (les espèces), et diversité génétique. - Photo : Coléoptères sur le Mandalé, près du col d'Ibardin, en novembre. -
Les
déchets verts d'Anglet sont recyclés
par la SCOP
Loréki à Itxassou.
Dans le "Guide de
l'exemplarité municipale" 2010-2015 rédigé dans
le cadre de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet, on peut lire que leur
poids s'élevait à 1000
tonnes en 2009. Transformés
en compost, ils retournent aux serres municipales pour y recevoir les
nouveaux semis. C'est ainsi que, parfois, une graine étrangère
pousse au milieu et doit être retirée à la main
(pas de désherbant à ce
stade). Benoît
Gaine avertit que les personnes qui produisent leur propre compost
doivent prendre garde à ne pas superposer
les tontes de gazon
sur une
trop
grande épaisseur
car le processus de
décomposition produit alors beaucoup de
chaleur accompagnée d'un dégagement de méthane,
un gaz qui présente
des risques d'explosion. Pour l'éviter, il faut aérer
périodiquement, remuer et arroser les déchets végétaux.
- Le phénomène des feux follets observé autrefois
au-dessus des marécages et des cimetières proviendrait
de l'émanation
conjointe de méthane (CH4) à partir de plantes en décomposition
et de formes chimiques du phosphore (diphosphine P2H4 et/ou d’hydrogène
phosphoré -phosphine-, PH3, pyrophorique) émis par la
décomposition d’un cadavre animal, le tout s’enflammant
spontanément à l’air libre -. -
Extrait du "Guide de
l'exemplarité municipale" 2010-2015 rédigé dans
le cadre de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet. -
La législation relative aux activités de compostage est
en pleine évolution. Comme tous types de déchets, les déchets
verts sont soumis à la
loi n°75-633 du 15 juillet 1975 et les décrets relatifs à son
application. Ce texte est le premier réglementant les activités
liées aux déchets dans le droit public français. Parue
plus récemment, la loi n°92-646 du 13 juillet 1992 incite les
collectivités territoriales à mettre en application un plan
d'élimination des déchets, notamment par la voie du compostage.
La circulaire en date
du 28 juin 2001 invite "à prendre en compte la valorisation
biologique, par compostage ou méthanisation".
Le compostage est
une technique biologique naturelle de fermentation aérobie.
Cette technique s’applique aux déchets ménagers qui
comportent une part importante de déchets fermentescibles, aux déchets
verts, aux boues de station d’épuration. Elle peut aussi s’appliquer à des
déchets issus d’activités industrielles qui ont une
forte teneur en matière organique (déchets de l’industrie
agro-alimentaire notamment). Outre des
déchets verts issus des déchèteries ou des jardins
publics, des apports de boues de station d’épuration biologique,
voire de certains déchets ménagers préalablement triés,
permettent d’accroître la quantité de déchets
réutilisés.
Le
compost se forme sous l’action de
micro-organismes (bactéries,
champignons…) et de macro-organismes (lombrics, acariens, cloportes…).
Au début du compostage, seuls les micro-organismes sont actifs.
Cette phase, grande consommatrice d’oxygène, voit la température
monter ; c’est la phase de décomposition. La transformation
de la matière carbonée en gaz carbonique (CO2) et l’évaporation
expliquent la diminution de masse constatée (ce procédé contribue
donc à l'effet de serre). L’activité des
micro-organismes diminue ensuite, la température
baisse et les macro–organismes prennent le relais. Les déchets
doivent présenter un rapport carbone / azote
de l’ordre de 30. Les matières apportant surtout du carbone
sont le bois, la paille, les feuilles mortes alors que les déchets
verts, les épluchures, le papier (non imprimé) apportent
principalement l’azote. L’humidité et l’air sont également
des éléments indispensables à la transformation des
matières en humus. Une bonne aération (brassage) empêche
l’apparition
de phénomènes anaérobies donc la formation de mauvaises
odeurs.
La
plateforme de Loreki à Itxassou fait l’objet d’un
arrêté préfectoral d’autorisation en tant qu’installation
classée pour la protection de l’environnement (ICPE) depuis
juillet 1996, tandis que la plateforme de Lescar dispose d’un arrêté préfectoral
d’autorisation depuis octobre 2009. Du fait de son classement sous
le régime de l’autorisation,
Loreki fait l’objet d’un contrôle environnemental régulier
par l’administration. Le site Internet de Loreki ne spécifie
pas l'origine des déchets collectés. Par contre, la société propose
des prestations optionnelles de déferraillage, épierrage, déplasticage
qui indiquent que les déchets collectés ne sont pas exclusivement
végétaux
(et animaux). Le site d'Itxassou avec lequel travaille la municipalité d'Anglet
fournit
trois types de compost :
- compost vert, compatible agriculture bio, issu du
compostage de broyats de végétaux seuls (tailles, feuilles, tontes, élagages).
Cet amendement, riche en cellulose et lignine, a un potentiel d’évolution
en humus stable dans le sol très élevé.
- compost mixte végétal, compatible agriculture bio, issu
du co-compostage de fermentescibles végétaux (légumes
et fruits d’industries
agro-alimentaires) avec
du broyat de déchets verts (compostage en aération
pilotée sous abri). Ce produit est plus riche en éléments
nutritifs mais plus grossier.
- compost mixte animal, issu du co-compostage de fermentescibles animaux (matières
stercoraires, plumes de volailles, peaux de lapin, biodéchets ménagers…)
avec du broyat de déchets verts (compostage en aération pilotée
sous abri), encore plus riche en éléments nutritifs mais qui
interdit momentanément aux animaux d’élevage l’accès
aux terres où est épandu ce compost. -
Extrait du "Guide de
l'exemplarité municipale" 2010-2015 rédigé dans le
cadre de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet. -
Etant
donnée la taille de l'entreprise et le large éventail de ses activités,
j'ignore s'il est possible de connaître
la teneur en produits phytosanitaires et polluants éventuels (collectes
le long des routes et à proximité d'établissements industriels) des
végétaux qui servent de matière première
à l'élaboration de ces trois
formes
de
compost.
L'article Espaces
verts sur Wikipédia cite l'ouvrage
très
récent
"Pesticides,
révélations sur un scandale français",
de Fabrice Nicolino et François Veillerette qui présentent
l'action de Jean Le Ruduler, directeur des espaces verts de la ville de
Rennes de
1966 à 1996. Il est considéré en France
comme l'inventeur de la gestion différenciée qu'il a appliquée à Rennes
depuis les années 1970/80. On y lit : " Le Ruduler a compris
bien avant d'autres, à la suite de voyages d'étude en Allemagne,
aux Pays-Bas et dans les pays scandinaves, que le jardin, avant d'être
une valeur économique, est un ensemble écologique. Quelle
révolution ! Dès 1966, au moment où il crée
le parc des Bois, il introduit une vision très moderne, repoussant
l'horticulture classique, réhabilitant les espèces et les
variétés indigènes. Un parc urbain, selon lui, peut
et doit se rapprocher de la nature (...). " Le Ruduler réduit
de façon drastique l'emploi des pesticides,
remplace les gazons tondus ras par des prairies de fauche là où c'est
possible, réduit l'utilisation des fleurs annuelles, fragiles et
devant être copieusement arrosées, pour leur préférer
des vivaces rustiques.
Précurseurs, les paysagistes d'Haussmann, et parmi
eux Edouard André dans
son Traité général de la composition des parcs et
jardins (1879), soutenaient les mêmes idées : les végétaux exotiques doivent être utilisés
avec parcimonie, réservés aux espaces les plus sophistiqués
et prestigieux, près des bâtiments par exemple, mais les
espèces indigènes, bien adaptées à leur milieu,
sont bien mieux indiquées pour l'utilisation courante.
En toile de fond des démarches entreprises dans
les espaces verts urbains, les préoccupations écologiques
s'accentuent à partir
des années 70 en France et dans le monde. En 1976, la France vote
une loi de protection de la nature, suivie d'une loi instituant les espaces
naturels sensibles. Petit à petit, la notion d'écologie
urbaine intègre
des idées nouvelles, allant de la biodiversité, de la question
des pollutions, en particulier celle de l'air, à la définition
de nouvelles façons d'envisager l'urbanisme : la
gestion de l'eau en particulier ou celle des déplacements urbains.
Les espaces verts y jouent leur rôle avec les idées de trames
vertes, à la fois réseaux de "corridors biologiques" et
réseaux de circulations "douces", à pied ou à vélo.
Ils intègrent beaucoup plus récemment de nouvelles fonctions
techniques curieusement oubliées dès le XIXe siècle
: en particulier l'infiltration de l'eau des pluies, la fonction de rétention
des zones humides (il est vrai qu'on voulait ainsi assainir la ville et éviter
des maladies). L'imperméabilisation des sols en ville constitue
un véritable fléau au regard des problèmes d'inondation
qui s'ensuivent à l'aval (rejet des eaux à l'égout
et des égouts aux rivières avec une accélération
majeure des flux lors des orages). Enfin, c'est dans les nouveaux espaces
péri-urbains, les extensions de la ville sur sa périphérie,
que se développent de nouvelles façons de concevoir les espaces
verts qui empruntent à la fois à l'agriculture, à la
forêt et aux "espaces naturels" leurs modes de gestion
spécifiques et définissent la nature de ces nouveaux espaces
dits "de nature".
Les réunions qui se sont déroulées durant plus d'une année au sein de la population d'Anglet et sous la direction d'un animateur qui assistait les membres de la municipalité dans le processus d'élaboration de son Agenda 21 ont abouti à la rédaction d'un texte qu'il convient désormais de mettre progressivement en application. La gestion des espaces verts, comme le montrent les différents extraits illustrant ce compte-rendu, est un volet à part entière de cette nouvelle politique municipale. J'espère que la journée Portes ouvertes des serres annoncée pour l'an prochain permettra de se rendre compte de sa mise en oeuvre. - Photos : Papillons près de Macaye, butinant le 9 octobre, quelques jours après notre visite des serres, sur des buissons de buddleia, autre espèce invasive, originaire de Chine. -
Réaction de Claire Noblia, présidente des Amis des Moulins Ardatza-Arroudet :
...car le but affiché des DDTM (directions départementales
des territoires et de la mer) est de supprimer, arraser, effacer les seuils
et digues des moulins et petites
centrales
et/ou "sans
usage" sous prétexte de continuité écologique...
ce qui est une ineptie totale! L'existence des seuils est la seule
cause, selon eux, de la raréfaction
des espèces biologiques! S'ils arrivent à leur but,
les cours d'eau vont être lessivés
de haut en bas et bonjour, les inondations en aval et la disparition accélérée
des espèces qui n'auront aucun coin pour se nourrir et se développer
dans des eaux oxygénées... et adieu à la recharge
des nappes phréatiques qui sont déjà bien fragilisées
par la disparition de près de la moitié des 2000 seuils dans
notre département...
A Anglet, c'est flagrant avec la disparition des seuils du Moulin Barbot,
des Moulins de Brindos, Aritzague, Sabalce ou Jorlis, sur la rivière
d'Onzacq, le Moulin de Sault au nord de Parme ainsi que la neutralisation
du Moulin de Hausquette et celui de Valentin sur le Maharin!!! Les espaces
verts étaient liés aussi à des zones humides liées à la
présence des seuils et des biefs correspondants... mais tout a une
fin, les aménagements de rivières même à Anglet
seront définitivement enterrés, les cours d'eau busés
empêchant l'infiltration des eaux dans les terrains pour alimenter
les espaces verts et déversant leurs eaux contaminées non
filtrées directement sur le littoral... mais ils ont mis des bassins
(cimentés) de rétention pour protéger les lotissements
en zone humide (un des prochains sera construit à Latchague pour
protéger
l'écoquartier du Maharin!!! Mille ans de travaux réduits à néant
dans l'espace de ce siècle!
Ci-dessous, photo mettant en évidence le recul de la côte à Anglet, prise depuis le Mandalé (près du col d'Ibardin).
Directeur des serres : Benoît Gaine et son assistante, Françoise Peigneguy - Atelier botanique de l'UTLA : Soledad, Cathy, Elisabeth, Jo, Bénédicte, Anne-Marie | Visite des serres municipales d'Anglet |
Lundi 3 octobre 2011 |