Dans le cadre de notre atelier botanique à l'Université du Temps Libre d'Anglet (UTLA), nous avons eu l'opportunité de visiter les serres municipales d'Anglet, par l'entremise de Jean-Pierre Voisin, conseiller municipal. Le directeur, Benoît Gaine, et son assistante Françoise Peigneguy nous ont fort aimablement reçus durant toute une matinée. Ils nous ont présenté les serres dans leur ensemble et expliqué en détail leur travail, répondant à toutes nos questions. Benoît Gaine, embauché seulement depuis février 2011, travaillait auparavant à Châtillon, en région parisienne, à un poste équivalent. Par contre, son assistante travaille aux serres angloyes depuis trente ans. C'est elle qui nous rappelle que les serres sont installées à Girouette (ou plus exactement rue de Juzan, non loin de l'extrémité orientale de la piste de l'aéroport) depuis seulement huit ans. Elles étaient auparavant à la place Lamothe où elles ont été remplacées par une résidence appelée en souvenir 'Les serres'. Il y avait aussi, bien avant, un petit jardin à l'emplacement actuel de la bibliothèque, qui fournissait des fleurs coupées. Ces déplacements successifs illustrent, s'il en était besoin, la transformation d'Anglet qui était autrefois une campagne nourricière pour ses voisines Biarritz et Bayonne et qui est devenue une ville à l'urbanisation galopante. Le fleurissement de ses ronds-points (ou giratoires, qui ont remplacé en France, à partir de 1984, bien des carrefours à la circulation régulée par les feux tricolores) et celui du bord de mer remontent sans doute à une quinzaine d'années (lorsque Alain Lamassoure était au conseil municipal ?), à l'époque où la ville disposait de davantage d'argent que maintenant et pouvait recourir à des subventions du Conseil général. - Extrait du "Guide de l'exemplarité municipale" 2010-2015 rédigé dans le cadre de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet : en octobre 2011, 26 agents s'occupent des espaces verts. -

Ce besoin d'espaces verts (de nature en ville) est à replacer dans le contexte de l'histoire des jardins, et notamment le souhait des hygiénistes du XIXe siècle qui se souciaient de dédensifier l'espace urbain pour que les habitations (et les habitants) aient accès au soleil et à l'air pur. Depuis les années 1950, les politiques urbaines affectent ainsi une certaine part de l'espace à la création d'espaces non bâtis, "libres", généralement plantés, donc "verts". Toutefois, l'architecture et l'horticulture sont deux arts et le jardin est souvent très éloigné de la nature, il incarne même la représentation symbolique du contrôle que l'on exerce sur elle. Versailles en est un archétype. Les espaces verts héritent donc de cette culture et de ces savoir-faire "horticoles" et "paysagers" (au sens architectural) au moment où de nouvelles techniques, la motorisation agricole, et de nouveaux produits, ceux de l'industrie chimique, prennent leur essor dans l'immédiate après-guerre. Au fil du temps, les jardiniers se raréfient et les désherbants remplacent la binette dans les allées, jusqu'au moment où, dans les années 1980/90, on commence à se poser la question de la nocivité des produits de la chimie sur la santé humaine et sur l'environnement.

A cette époque-ci de l'année, les serres se vident progressivement : en effet, chaque groupe de plantes dure quatre mois, car il y a une rotation du contenu des espaces verts municipaux. Il reste cependant encore quelques semis. Après la période hivernale, l'activité redémarrera en février avec la réception de micro-mottes, de vivaces et de pieds mères. Benoît Gaine nous explique que, par mesure d'économie, les serres n'ont recours qu'exceptionnellement à des plantes semées chez un horticulteur et livrées en micro-mottes. Cela ne se justifie que si la germination est difficile, par exemple pour les primevères dont la pousse débute en serres chauffées, ou bien en été pour les bégonias. Etant donné que les graines sont semées à la volée dans des bacs plats emplis d'une faible épaisseur de terreau, il est nécessaire de les repiquer, une opération "énergivore" (c'est le terme qu'il emploie) qui demande de la main d'oeuvre (exclusivement féminine). Les toutes petites pousses sont attrapées avec délicatesse, les racines démêlées de celles des voisines, puis elles sont plantées en pot après avoir creusé un orifice dans le terreau à l'aide d'un petit bâton. Pour manipuler ainsi 45 000 plantes par an, il faut des personnes compétentes et qualifiées, calmes, posées, patientes : un travail que seules des femmes peuvent accomplir convenablement. Il signale qu'il faut prendre garde toutefois à ne pas semer les graines trop serrées, car sinon elles poussent en longueur et ces tiges élancées sont fragiles.

Le nouveau directeur songe à gagner du temps (et économiser de l'argent) grâce à l'investissement dans un appareil qui ferait les semis automatiquement. L'idéal, nous dit-il, serait de manipuler les plantes le moins possible, car cela les stresse, malgré tout le soin que l'on peut y apporter. Pour éviter le stade du repiquage, il est possible grâce à cette machine (un semoir automatique) de semer directement dans des micro-mottes, graine à graine, même si elles sont minuscules, par un système pneumatique aspirant et posant les graines contenues dans une trémie.

Il nous montre les grands plateaux en aluminium, achetés d'occasion, disposés sur pieds pour travailler debout et éviter les stations penchées douloureuses pour les lombaires. Les plantes annuelles croissent dans des pots biodégradables "fertilpot" en fibres de bois produits dans les Vosges. Ils sont désormais préférés aux pots en plastique pour respecter les prescriptions de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet. - Benoît Gaine fait remarquer que, même s'il s'agit de produits effectivement non polluants, ils sont tout de même obtenus grâce à un processus industriel et transportés auprès des détaillants et du consommateur final : le bilan énergétique n'est donc pas nul -. Deux d'entre nous se plaignent qu'ils ont eu des expériences malheureuses avec des pots biodégradables achetés dans le commerce : les plantes sont mortes, et lorsqu'elles ont été sorties de terre, ils ont constaté que le pot ne s'était pas dégradé et que les racines y étaient restées confinées. Le directeur, un peu dubitatif, a suggéré de bien veiller à les enterrer complètement car si le bord sèche, l'eau ne peut se propager et la dégradation est impossible. Pourtant, les pots étaient bien enterrés : y aurait-il des qualités distinctes (et moins performantes) pour le grand public ?

On peut lire sur Internet que plusieurs sociétés proposent des pots garantis 100% biodégradables que l’on peut mettre en terre directement avec la plante. La matière première utilisée est issue des déchets recyclés de l’industrie agro-alimentaire. Cette technique n’utilise pas de déchets recyclés issus d'une production intensive et nécessitant l’emploi massif de pesticide comme le maïs. Elle ne fait pas appel non plus au prélèvement direct du sol comme les classiques godets en tourbe. Elle se base sur le recyclage des épluchures de pommes de terre ou de leur amidon, "c’est donc un produit 100% compostable et biodégradable à court terme", annonce-t-on sur le site en lien. Est-ce véritablement le cas ?

Cette année, les semis ont presque tous réussi dans les serres, à part une variété. Comme l'ont aussi constaté des membres de l'atelier botanique de l'UTLA, il semblerait qu'il y ait des différences de qualité suivant les graines. Qu'elles ne germent pas en totalité, c'est possible, mais qu'aucune ne germe, cela signifie que le sachet ne contenait que des graines "mortes". Pour limiter les risques, les serres municipales se fournissent à Toulouse auprès d'un collectif d'horticulteurs (regroupé sous l'enseigne Plant ornemental), chacun spécialisé dans une plante donnée, ce qui produit de meilleurs résultats car ils savent exactement quels soins lui apporter et quels produits spécifiques lui administrer. Quand on produit un million de bégonias, il ne faut pas se tromper !

Sur les tables de culture, Benoît Gaine nous montre les primevères achetées en micro-mottes et replantées la semaine dernière dans des pots plus grands. Arrosées la veille à la pomme d'arrosage, plus douce que les sprinklers (qui ne sont jamais utilisés), elles sont encore humides, car l'eau demeure dans les gouttières au fond du bac rainuré et s'évapore lentement. Par contre, nous passons devant des semis de pâquerettes repiquées dont les deux premières feuilles ont brûlé. En leur apportant des soins attentifs, elles reprendront peut-être de la vigueur.

Les serres pratiquent beaucoup le bouturage de plantes vivaces, pour les géraniums ou les lantanas par exemple, de façon à les multiplier et planter les "clones" l'année suivante, mais ce n'est pas possible pour les bégonias ou les impatiens qui sont obtenus par semis. Afin de réduire au maximum la transpiration des fragments de plantes bouturées, les feuilles sont coupées pour n'en garder qu'une petite fraction. Les plants sont rassemblés dans une petite serre de multiplication équipée d'une soufflerie chauffante. Le problème, c'est que les plantes reproduites par bouturage année après année dégénèrent, leur patrimoine génétique s'appauvrit, il y a de moins en moins de fleurs. Pour s'en prémunir, le directeur va investir dans des pieds mères, conservés dans les serres, et qui fourniront la matière à de nouveaux plants par bouturage.

Comment faire pour assurer une floraison permanente et fournie, demande-t-on ? Les deux spécialistes répondent qu'il est nécessaire d'arroser régulièrement avec de l'engrais, sinon le sol s'appauvrit (une fois par semaine ou tous les quinze jours, pas davantage, car il est nuisible d'utiliser trop d'engrais). - Ne jamais mettre d'engrais sur un sol sec, il doit toujours avoir été préalablement humidifié à l'eau : les meilleures conditions pour assurer une bonne diffusion sont assurées par l'association de chaleur et d'humidité. On peut prendre de l'engrais liquide universel basique du commerce. Toutefois, pour favoriser la floraison et non la production de feuillage, il faut prendre garde à choisir un engrais le plus pauvre possible en azote : sur l'étiquette figurent les lettres N P K, et N doit avoir le plus petit montant possible. - Extrait du "Guide de l'exemplarité municipale" 2010-2015 rédigé dans le cadre de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet. -

Dans notre région, contrairement à Châtillon d'où vient Benoît Gaine, il n'y a pas de problème de froid (pour les pensées par exemple). L'hiver, les serres préparent pour les espaces verts des plantes au feuillage décoratif, mais dont la floraison est souvent insignifiante. Le directeur nous conseille de planter dans une jardinière exposée au nord carex, cinéraire maritime, heuchère, pensée... Cette année, la croissance des plantes a été favorisée par la météo et il a fallu les "pincer" deux fois plus que d'habitude pour qu'elles ne s'étiolent pas et conservent un équilibre et une forme trapue.

Les serres possèdent une collection de plantes vivaces (sauge, sedum, des buissons bleu-mauve de caryopteris, lavatère, impatiens...) en pot classique (plastique) car elles sont conservées plusieurs mois (depuis juillet) et leurs racines, si elles étaient en pot biodégradable, risqueraient de le percer et de s'enfoncer dans le sol. Le problème, c'est que les plantes sont confinées depuis trop de temps, il faudrait les changer de pot. Elles servent de "bouche-trou" pour compléter des parterres ou bordures endommagées. En hiver, la plupart des vivaces disparaissent et végètent par les racines (ex. l'euphorbe). La giroflée est traitée en bisannuelle plutôt qu'en vivace, par habitude. Pour compenser ce dénudement des parterres, les serres vont recevoir prochainement des bulbes de Bergerac (seulement des tulipes, car les autres variétés sont déjà en terre, narcisses, perce-neige...). Dans la serre, crapauds et hérissons viennent manger les limaces. Toutefois, il faut mettre des granulés bleus pour lutter contre les escargots.

Le personnel de la serre proprement dite est composé de 5 à 6 personnes, mais 26 agents au total s'occupent des espaces verts, les autres étant affectées à l'entretien, la taille des haies, la tonte des pelouses. Ce service fonctionne de façon indépendante, parallèlement à celui de la voirie (entretien des bas-côtés), des terrains de sport et du secteur forestier (ONF). Comme matériel, il y a un tracteur, et il est nécessaire de surveiller l'arrosage automatique car il y a périodiquement des dégradations opérées sur les arroseurs (qui gênent ceux qui veulent dormir sur les pelouses). On compte 18 personnes pour assurer l'entretien des 66 hectares, alors que, selon le directeur, il faudrait une personne à l'hectare. Il considère donc que le service est en sous-effectif.

Un autre facteur de coût, souligne-t-il, est l'arrosage (des pensées, des giroflées), aussi bien dans les serres que dans les espaces verts municipaux, d'autant qu'il doit être pratiqué intensivement l'été, au moment des congés du personnel. Pour le réduire, il est possible d'agir selon plusieurs axes. Pour le moment, l'arrosage dans les serres utilise l'eau de la ville (l'eau potable). Dans l'avenir (l'investissement est inscrit au budget 2012), une cuve enterrée - encore à construire - permettra de recueillir l'eau de pluie, mais ce ne sera qu'un appoint car les besoins sont les plus grands au moment où il pleut le moins, et l'on est tributaire de la météo. L'arrosage goutte à goutte est installé sur les parterres à l'humidité préservée par du "mulch" et des copeaux de bois qui limitent également la pousse de l'herbe dans les massifs. D'autre part, il est possible de moduler le choix des plantes, baisser en part relative la fraction de plantes annuelles, très gourmandes en eau, et augmenter la quantité de plantes vivaces et de graminées, ainsi que celle des buissons et arbustes, en privilégiant leur rusticité et leur sobriété. Ces dernières sont mises en place une seule fois, ont une longévité de plusieurs années ou dizaines d'années selon les espèces, et ne nécessitent plus qu'un entretien mineur. On ne coupe que les inflorescences en laissant le feuillage et la plante repousse l'année suivante. Il est enfin possible de semer des annuelles en mélange "sauvage" qu'on laisse pousser en prairies sans aucun arrosage autre que la pluie, et avec seulement une tonte après qu'elles se soient semées naturellement sur place.

Je demande au directeur s'il compte privilégier les plantes locales. Il répond qu'il ne le fera que dans les sites dédiés (Izadia, Chiberta...) en liaison avec l'ONF qui le conseille : arbousier, chêne-liège... Il projette également de promouvoir une coupe différenciée de l'herbe sur les espaces verts du littoral. Il ne ferait une tonte rase qu'en bordure des sentiers, laissant sur la majeure partie l'herbe pousser en prairie, à l'intérieur de laquelle il créerait un cheminement. Par contre, il n'est pas possible d'obtenir un fleurissement permanent et très fourni des massifs uniquement avec des plantes locales. En 25 ans de métier, il a vu le catalogue des pépiniéristes s'agrandir de plus en plus, et il dispose désormais d'un choix énorme de plantes. Il se documente notamment en lisant la revue pour les professionnels Le lien horticole. Par exemple, sur la place des Cinq Cantons qui est en train d'être refaite, les tilleuls ont défoncé le sol et ils vont être remplacés par cinq ou six espèces différentes. Il va réduire le nombre de tamaris (c'était le choix de la municipalité d'utiliser exclusivement cette espèce en bord de mer) : on en dénombre actuellement 2 830, taillés au sécateur trois ou quatre fois par an (pour renforcer le tronc, couper les rejets, dégager le passage...).

Il remplacera ceux qui meurent ou sont cassés par d'autres essences d'arbres et il compte travailler différemment en limitant les arbustes qui nécessitent beaucoup d'entretien, afin de réduire les coûts. - Le tamaris est un buisson à l'état naturel, il nécessite par conséquent un entretien permanent pour être maintenu sous l'aspect d'un arbre -. En prévision, les serres vont réaliser une vraie pépinière avec des bacs à sable pour protéger les plantes en jauge. De même, nous dit-il, on dispose d'un très grand choix de graminées maintenant. En raison du changement climatique, la température moyenne a augmenté d'un degré ou un degré et demi et il faut en tenir compte. A Izadia, la problématique est différente, la volonté est d'y préserver le biotope local. On lui a juste demandé de conserver en serre le piment d'Anglet, qui a une forme toute tordue, afin que cette variété ne disparaisse pas. - Extrait du "Guide de l'exemplarité municipale" 2010-2015 rédigé dans le cadre de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet. -

Pour Benoît Gaine, la biodiversité, c'est multiplier la diversité des plantes en introduisant des espèces végétales du monde entier sur Anglet. Il faut savoir que de nombreuses plantes que nous imaginons "locales" au Pays basque ont été introduites au cours des siècles passés. Il n'y aurait donc, selon lui, rien de choquant à poursuivre dans cette voie. Il en site plusieurs qui poussent communément dans nos villes. En ce qui concerne les hortensias, il convient toutefois qu'ils n'apportent guère d'avantage au monde animal puisque leurs fleurs ne sont pas butinées par nos insectes, et leurs feuilles ne sont consommées par aucun herbivore. - Ils apparaissent pour la première fois en 1739 dans la Flora Virginica (Amérique du Nord) sous la dénomination de "Hydrangea". Philibert Commerson (1727-1773), premier médecin et naturaliste français à introduire cette plante en Europe, le fait sous la forme d'échantillons desséchés sur une planche de son herbier. Il l'avait récoltée lors de l'expédition Bougainville entre 1766 et 1769. Toutefois, les plus nombreuses introductions d'hortensias s'effectueront entre 1895 et 1965. C'est également Philibert Commerson qui, embarqué sur l’Étoile, découvrira au Brésil la fleur qu'il nommera plus tard la bougainvillée et sera donnée à Joséphine de Beauharnais, première épouse de Napoléon -.

Il cite aussi le platane. - Appelé le platane d'Orient, il est issu des Balkans et de la Turquie. Planté par les Romains en Italie vers l'an 390 av. J.-C., il est introduit en Angleterre par le jardinier du roi, Tradescent, et hybridé vers 1650 pour donner le platane commun ou platane à feuilles d'érable, le plus courant en France -. Cultivé hors de sa zone d'origine, il est particulièrement pauvre en biodiversité hébergée. En outre, même les microorganismes ont du mal à s'en nourrir et ses feuilles se dégradent très lentement : pour cette raison, l'ornitologue-naturaliste Jean-François Terrasse conseille d'éviter de les planter en bordure des cours d'eau. - Photo : Papillon à Macaye (octobre). -

Benoît Gaine évoque encore l'albizia. - Originaire de Chine, du Japon, de la Corée, il fut d'abord introduit en Iran. Son nom a été attribué en 1772 par le médecin et botaniste italien Antonio Durazzini en l'honneur du naturaliste florentin Filippo degli Albizzi qui découvrit cet arbre lors d'une expédition à Constantinople et le rapporta en Europe en 1749. En France, il arriva au Jardin des plantes de Paris en 1804 -. Butiné par les abeilles et les papillons, ses graines peuvent être consommées par des oiseaux ou des écureuils, mais le feuillage est peu prisé des herbivores. Quant au tulipier de Virginie, il a été introduit en Europe en 1663 et en France à partir du début du XVIIIe siècle, notamment par La Galissonnière. Le plus connu fut planté au Petit Trianon de Versailles pour la Reine Marie-Antoinette en 1771 et abattu par la tempête de décembre 1999.

Je soulève le problème des espèces invasives. Benoît Gaine rapporte qu'il doit lutter, sur un nouveau terrain qu'il doit aménager en espace vert, contre le laurier-sauce (originaire du bassin méditerranéen) et le robinier-faux acacia. - Ce dernier est originaire d'Amérique du Nord : Jean Robin, botaniste français, l'introduisit en France en 1601. Des rejets des premiers exemplaires prélevés par son fils Vespasien Robin vivent encore actuellement dans le 5e arrondissement de Paris dans le square Viviani et dans le Jardin des Plantes. Ils ont le privilège d'être les plus vieux arbres de Paris et les plus vieux robiniers d'Europe -. Pour maîtriser le développement de plantes introduites, le directeur préconise l'emploi de plantes greffées. Mais la biodiversité ne se réduit pas à la diversité végétale. Selon les scientifiques, c'est la "dynamique des interactions dans des milieux en changement". Elle se décline en diversité écologique (les milieux), diversité spécifique (les espèces), et diversité génétique. - Photo : Coléoptères sur le Mandalé, près du col d'Ibardin, en novembre. -

Les déchets verts d'Anglet sont recyclés par la SCOP Loréki à Itxassou. Dans le "Guide de l'exemplarité municipale" 2010-2015 rédigé dans le cadre de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet, on peut lire que leur poids s'élevait à 1000 tonnes en 2009. Transformés en compost, ils retournent aux serres municipales pour y recevoir les nouveaux semis. C'est ainsi que, parfois, une graine étrangère pousse au milieu et doit être retirée à la main (pas de désherbant à ce stade). Benoît Gaine avertit que les personnes qui produisent leur propre compost doivent prendre garde à ne pas superposer les tontes de gazon sur une trop grande épaisseur car le processus de décomposition produit alors beaucoup de chaleur accompagnée d'un dégagement de méthane, un gaz qui présente des risques d'explosion. Pour l'éviter, il faut aérer périodiquement, remuer et arroser les déchets végétaux. - Le phénomène des feux follets observé autrefois au-dessus des marécages et des cimetières proviendrait de l'émanation conjointe de méthane (CH4) à partir de plantes en décomposition et de formes chimiques du phosphore (diphosphine P2H4 et/ou d’hydrogène phosphoré -phosphine-, PH3, pyrophorique) émis par la décomposition d’un cadavre animal, le tout s’enflammant spontanément à l’air libre -. - Extrait du "Guide de l'exemplarité municipale" 2010-2015 rédigé dans le cadre de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet. -

La législation relative aux activités de compostage est en pleine évolution. Comme tous types de déchets, les déchets verts sont soumis à la loi n°75-633 du 15 juillet 1975 et les décrets relatifs à son application. Ce texte est le premier réglementant les activités liées aux déchets dans le droit public français. Parue plus récemment, la loi n°92-646 du 13 juillet 1992 incite les collectivités territoriales à mettre en application un plan d'élimination des déchets, notamment par la voie du compostage. La circulaire en date du 28 juin 2001 invite "à prendre en compte la valorisation biologique, par compostage ou méthanisation". Le compostage est une technique biologique naturelle de fermentation aérobie. Cette technique s’applique aux déchets ménagers qui comportent une part importante de déchets fermentescibles, aux déchets verts, aux boues de station d’épuration. Elle peut aussi s’appliquer à des déchets issus d’activités industrielles qui ont une forte teneur en matière organique (déchets de l’industrie agro-alimentaire notamment). Outre des déchets verts issus des déchèteries ou des jardins publics, des apports de boues de station d’épuration biologique, voire de certains déchets ménagers préalablement triés, permettent d’accroître la quantité de déchets réutilisés.

Le compost se forme sous l’action de micro-organismes (bactéries, champignons…) et de macro-organismes (lombrics, acariens, cloportes…). Au début du compostage, seuls les micro-organismes sont actifs. Cette phase, grande consommatrice d’oxygène, voit la température monter ; c’est la phase de décomposition. La transformation de la matière carbonée en gaz carbonique (CO2) et l’évaporation expliquent la diminution de masse constatée (ce procédé contribue donc à l'effet de serre). L’activité des micro-organismes diminue ensuite, la température baisse et les macro–organismes prennent le relais. Les déchets doivent présenter un rapport carbone / azote de l’ordre de 30. Les matières apportant surtout du carbone sont le bois, la paille, les feuilles mortes alors que les déchets verts, les épluchures, le papier (non imprimé) apportent principalement l’azote. L’humidité et l’air sont également des éléments indispensables à la transformation des matières en humus. Une bonne aération (brassage) empêche l’apparition de phénomènes anaérobies donc la formation de mauvaises odeurs.

La plateforme de Loreki à Itxassou fait l’objet d’un arrêté préfectoral d’autorisation en tant qu’installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) depuis juillet 1996, tandis que la plateforme de Lescar dispose d’un arrêté préfectoral d’autorisation depuis octobre 2009. Du fait de son classement sous le régime de l’autorisation, Loreki fait l’objet d’un contrôle environnemental régulier par l’administration. Le site Internet de Loreki ne spécifie pas l'origine des déchets collectés. Par contre, la société propose des prestations optionnelles de déferraillage, épierrage, déplasticage qui indiquent que les déchets collectés ne sont pas exclusivement végétaux (et animaux). Le site d'Itxassou avec lequel travaille la municipalité d'Anglet fournit trois types de compost :

- compost vert, compatible agriculture bio, issu du compostage de broyats de végétaux seuls (tailles, feuilles, tontes, élagages). Cet amendement, riche en cellulose et lignine, a un potentiel d’évolution en humus stable dans le sol très élevé.
- compost mixte végétal, compatible agriculture bio, issu du co-compostage de fermentescibles végétaux (légumes et fruits d’industries agro-alimentaires) avec du broyat de déchets verts (compostage en aération pilotée sous abri). Ce produit est plus riche en éléments nutritifs mais plus grossier.
- compost mixte animal, issu du co-compostage de fermentescibles animaux (matières stercoraires, plumes de volailles, peaux de lapin, biodéchets ménagers…) avec du broyat de déchets verts (compostage en aération pilotée sous abri), encore plus riche en éléments nutritifs mais qui interdit momentanément aux animaux d’élevage l’accès aux terres où est épandu ce compost.
- Extrait du "Guide de l'exemplarité municipale" 2010-2015 rédigé dans le cadre de l'Agenda 21 de la ville d'Anglet. -

Etant donnée la taille de l'entreprise et le large éventail de ses activités, j'ignore s'il est possible de connaître la teneur en produits phytosanitaires et polluants éventuels (collectes le long des routes et à proximité d'établissements industriels) des végétaux qui servent de matière première à l'élaboration de ces trois formes de compost.

L'article Espaces verts sur Wikipédia cite l'ouvrage très récent "Pesticides, révélations sur un scandale français", de Fabrice Nicolino et François Veillerette qui présentent l'action de Jean Le Ruduler, directeur des espaces verts de la ville de Rennes de 1966 à 1996. Il est considéré en France comme l'inventeur de la gestion différenciée qu'il a appliquée à Rennes depuis les années 1970/80. On y lit : " Le Ruduler a compris bien avant d'autres, à la suite de voyages d'étude en Allemagne, aux Pays-Bas et dans les pays scandinaves, que le jardin, avant d'être une valeur économique, est un ensemble écologique. Quelle révolution ! Dès 1966, au moment où il crée le parc des Bois, il introduit une vision très moderne, repoussant l'horticulture classique, réhabilitant les espèces et les variétés indigènes. Un parc urbain, selon lui, peut et doit se rapprocher de la nature (...). " Le Ruduler réduit de façon drastique l'emploi des pesticides, remplace les gazons tondus ras par des prairies de fauche là où c'est possible, réduit l'utilisation des fleurs annuelles, fragiles et devant être copieusement arrosées, pour leur préférer des vivaces rustiques.

Précurseurs, les paysagistes d'Haussmann, et parmi eux Edouard André dans son Traité général de la composition des parcs et jardins (1879), soutenaient les mêmes idées : les végétaux exotiques doivent être utilisés avec parcimonie, réservés aux espaces les plus sophistiqués et prestigieux, près des bâtiments par exemple, mais les espèces indigènes, bien adaptées à leur milieu, sont bien mieux indiquées pour l'utilisation courante.

En toile de fond des démarches entreprises dans les espaces verts urbains, les préoccupations écologiques s'accentuent à partir des années 70 en France et dans le monde. En 1976, la France vote une loi de protection de la nature, suivie d'une loi instituant les espaces naturels sensibles. Petit à petit, la notion d'écologie urbaine intègre des idées nouvelles, allant de la biodiversité, de la question des pollutions, en particulier celle de l'air, à la définition de nouvelles façons d'envisager l'urbanisme : la gestion de l'eau en particulier ou celle des déplacements urbains. Les espaces verts y jouent leur rôle avec les idées de trames vertes, à la fois réseaux de "corridors biologiques" et réseaux de circulations "douces", à pied ou à vélo. Ils intègrent beaucoup plus récemment de nouvelles fonctions techniques curieusement oubliées dès le XIXe siècle : en particulier l'infiltration de l'eau des pluies, la fonction de rétention des zones humides (il est vrai qu'on voulait ainsi assainir la ville et éviter des maladies). L'imperméabilisation des sols en ville constitue un véritable fléau au regard des problèmes d'inondation qui s'ensuivent à l'aval (rejet des eaux à l'égout et des égouts aux rivières avec une accélération majeure des flux lors des orages). Enfin, c'est dans les nouveaux espaces péri-urbains, les extensions de la ville sur sa périphérie, que se développent de nouvelles façons de concevoir les espaces verts qui empruntent à la fois à l'agriculture, à la forêt et aux "espaces naturels" leurs modes de gestion spécifiques et définissent la nature de ces nouveaux espaces dits "de nature".

Les réunions qui se sont déroulées durant plus d'une année au sein de la population d'Anglet et sous la direction d'un animateur qui assistait les membres de la municipalité dans le processus d'élaboration de son Agenda 21 ont abouti à la rédaction d'un texte qu'il convient désormais de mettre progressivement en application. La gestion des espaces verts, comme le montrent les différents extraits illustrant ce compte-rendu, est un volet à part entière de cette nouvelle politique municipale. J'espère que la journée Portes ouvertes des serres annoncée pour l'an prochain permettra de se rendre compte de sa mise en oeuvre. - Photos : Papillons près de Macaye, butinant le 9 octobre, quelques jours après notre visite des serres, sur des buissons de buddleia, autre espèce invasive, originaire de Chine. -

SOMMAIRE

Réaction de Claire Noblia, présidente des Amis des Moulins Ardatza-Arroudet :

...car le but affiché des DDTM (directions départementales des territoires et de la mer) est de supprimer, arraser, effacer les seuils et digues des moulins et petites centrales et/ou "sans usage" sous prétexte de continuité écologique... ce qui est une ineptie totale! L'existence des seuils est la seule cause, selon eux, de la raréfaction des espèces biologiques! S'ils arrivent à leur but, les cours d'eau vont être lessivés de haut en bas et bonjour, les inondations en aval et la disparition accélérée des espèces qui n'auront aucun coin pour se nourrir et se développer dans des eaux oxygénées... et adieu à la recharge des nappes phréatiques qui sont déjà bien fragilisées par la disparition de près de la moitié des 2000 seuils dans notre département...
A Anglet, c'est flagrant avec la disparition des seuils du Moulin Barbot, des Moulins de Brindos, Aritzague, Sabalce ou Jorlis, sur la rivière d'Onzacq, le Moulin de Sault au nord de Parme ainsi que la neutralisation du Moulin de Hausquette et celui de Valentin sur le Maharin!!! Les espaces verts étaient liés aussi à des zones humides liées à la présence des seuils et des biefs correspondants... mais tout a une fin, les aménagements de rivières même à Anglet seront définitivement enterrés, les cours d'eau busés empêchant l'infiltration des eaux dans les terrains pour alimenter les espaces verts et déversant leurs eaux contaminées non filtrées directement sur le littoral... mais ils ont mis des bassins (cimentés) de rétention pour protéger les lotissements en zone humide (un des prochains sera construit à Latchague pour protéger l'écoquartier du Maharin!!! Mille ans de travaux réduits à néant dans l'espace de ce siècle!

Ci-dessous, photo mettant en évidence le recul de la côte à Anglet, prise depuis le Mandalé (près du col d'Ibardin).

 

 

Directeur des serres : Benoît Gaine et son assistante, Françoise Peigneguy - Atelier botanique de l'UTLA : Soledad, Cathy, Elisabeth, Jo, Bénédicte, Anne-Marie
Visite des serres municipales d'Anglet
Lundi 3 octobre 2011