Une roselière emplie d’oiseaux chanteurs. C.C-E

C’est une chance extraordinaire de pouvoir découvrir, si près d’une grosse agglomération, une zone sauvage intacte et originale, épargnée par l’urbanisation. Dans le cadre de la Journée Mondiale des Zones Humides, le 2 février dernier, Dimitri Marguerat, du CPIE Pays basque (Centre permanent d’initiatives à l’environnement) et les animateurs scientifiques, Elodie Larralde et Stéphane Connole, de l’association Laminak basée à Anglet, ont emmené un groupe de visiteurs motivés dans les barthes de Villefranque, en bordure de Nive. « Ecoutez ce cri : on dirait – en plus faible, heureusement !- les protestations d’un cochon qu’on maltraite. Il s’agit du râle d’eau. Et ce pépiement répété à intervalles réguliers, c’est celui de la rousserolle » déclare Dimitri l’ornithologue, armé de sa « bible » où il montre à quoi ressemblent ces oiseaux qui sont très difficiles à observer. En effet, ils vivent cachés parmi les hautes tiges de la roselière qui s’étend comme un champ de blé au pied des collines vertes. Leur chant est d’autant plus développé que leur taille est petite, leur plumage discret et leur habitat fermé. « C’est tout le contraire du martin-pêcheur qui rase l’onde à toute vitesse en suivant le cours de la Nive. Il communique visuellement avec ses congénères par son plumage chatoyant qui lance des éclairs bleus ou verts, alors que son cri est franchement basique. » constate-t-il. Elodie s’intéresse davantage aux plantes et pousse un cri d’alarme. « Contrairement à la rive gauche, trop souvent fauchée, cette rive droite de la Nive conserve sa végétation sauvage, formée au premier plan d’une herbe rase souvent inondée, surmontée par des roseaux qui peuvent atteindre trois mètres et enfin, près du sentier, d’une mégaphorbiaie, ensemble de plantes vivaces compagnes aux fleurs multicolores, également de grande taille. Leur existence est mise en péril par leurs quatre ennemis, des plantes invasives, l'herbe de la pampa, la renouée du Japon, le raisin d'Amérique et le séneçon en arbre (le baccharis, très nuisible aussi en Bretagne). Il faut les éradiquer d’urgence ! » s’exclame-t-elle avec passion. Quant à Stéphane, il explique la « reptation » des rivières dont le lit – s’il n’est pas endigué - se déplace progressivement, la partie externe des méandres rongée par le courant et la partie interne comblée, tandis que la marée remonte en passant sous l’eau douce, en raison de sa plus grande densité. Ainsi, les eaux se mélangent peu, et des poissons de rivière peuvent cohabiter avec des poissons marins.
Cathy Constant-Elissagaray

Pour aller plus loin : Compte-rendu des visites de trois zones humides, la réserve naturelle régionale d'Errota Handia à Arcangues, la réserve de Chourroumillas de Bassussarry, les barthes de Villefranque et réflexions personnelles.

SOMMAIRE

 

 


Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues

Article paru en page de Villefranque le 9 février 2009 : "Une visite des barthes"