Do you speak english ?
Grâce aux deux nouvelles liaisons aériennes du BAB avec Londres et Dublin, un nombre croissant de Britanniques choisit notre région comme lieu de villégiature, et ce n’est pas Arnaud d’Arcangues qui va s’en plaindre, bien au contraire. 60% du chiffre d’affaires du golf d’Arcangues est réalisé avec les « green fees », c’est-à-dire les non adhérents, et le cinquième de ces vacanciers vient de Grande Bretagne. Autrefois, ces derniers avaient une prédilection pour l’Espagne ou le Portugal, mais cette nouvelle destination est pour eux une aubaine. Plus proche et moins onéreuse, elle présente de multiples avantages, 11 golfs dans un faible rayon d’action, l’attrait touristique varié de la région, une météorologie favorable. Par groupes de 5 à 15 hommes, ils arrivent pour une durée de 5 jours à une semaine, font le tour des golfs, aiment bien boire et bien manger tout en profitant de la douceur du climat. Ils repartent très satisfaits : ils ont trouvé des parcours bien dessinés, bien entretenus, d’une grande variété (vallonnés ou de bord de mer), anciens ou modernes (ces derniers sont plus sophistiqués, architecturés). Leur nombre a dépassé celui des Espagnols, pourtant nos plus proches voisins. Il faut dire que la Grande Bretagne compte environ 2 millions de golfeurs, pour 250 000 en Espagne et 480 000 en France (ordres de grandeur approximatifs), loin derrière les Etats-Unis qui boudent cependant l’Europe depuis la guerre du Golfe et l’enchérissement de l’Euro par rapport au Dollar.

Démocratisation
Est-il besoin de parler de démocratisation de ce sport au Pays Basque, alors que, depuis toujours, notre région a compté des golfeurs d’excellent niveau issus de toutes les classes sociales ? Nombreux en effet étaient les jeunes qui, pour gagner quelque argent de poche, faisaient les caddies (porteurs de clubs de golf) sur les parcours et devenaient par la suite des joueurs de premier plan : près de la moitié des professeurs de golf en France provenait alors du Pays Basque.
Ce n’est pas non plus un sport exclusif : des surfeurs sont aussi golfeurs (et parmi eux le plus illustre, le 7 fois champion du monde américain Kelly Slater) et des rugbymen également.
Jusque dans les années 1980, on ne comptait que 250 parcours en France, puis en 10 ans, ce chiffre a presque doublé (450), renversant la tendance : il y a eu trop d’offre et ces golfs trop travaillés étaient d’un abord difficile pour les novices. A l’heure actuelle, le nombre de golfeurs s’est accru et le manque relatif de parcours se fait de nouveau sentir : les listes d’attente s’allongent (80 personnes pour le golf d’Arcangues qui préfère limiter à 450 le nombre de ses adhérents).
Faut-il être riche pour pratiquer le golf ? Arnaud d’Arcangues proteste : la cotisation annuelle est du même ordre de prix qu’une semaine de ski par exemple, et les personnes les moins aisées peuvent acquérir une cotisation sur 10 mois, laissant la place aux estivants et aux compétitions durant les deux mois d’été (10% des adhérents d’Arcangues ont choisi cette option).
Si auparavant il n’était pas pensable d’aller sur le parcours avant d’avoir acquis un handicap de 18, niveau que l’on atteignait en prenant beaucoup de leçons, on peut être classé maintenant avec un handicap allant de 36 à 54, ce qui signifie un niveau golfique moindre, et un apprentissage plus court. Les personnes qui se mettent au golf sur le tard se contentent souvent d’un niveau basique et ne prennent que le nombre de leçons nécessaire pour avoir accès au parcours. En ce qui concerne les jeunes, chaque golf a son école (une trentaine d’élèves à Arcangues), et ils ont en plus la possibilité d’opter pour le golf en sport-étude en collège ou lycée.
Actuellement, une pépinière de jeunes est en train de monter, futurs très bons joueurs dont les exploits lors des compétitions génèreront de nouvelles vocations parmi les supporters.

Valoriser le patrimoine
Guy d’Arcangues, l’oncle d’Arnaud d’Arcangues, a joué pendant 20 ans dans l’équipe de France amateur de golf. Amoureux du village que sa famille a dirigé pendant des générations, il sait par sa position à l’office de tourisme de Biarritz qu’Arcangues, « petit frère de Biarritz », idéalement placé, est la vitrine du Pays Basque intérieur. Alors âgé de 60 ans et soucieux comme son père, Pierre d’Arcangues, d’éviter le morcellement de la propriété familiale à sa succession, il connaît le gros problème de saturation des golfs dans notre région au début des années 80 : rien n’a changé depuis les années 30 et seuls existent alors le golf de Biarritz le Phare, créé en 1888, celui de la Nivelle (1908) et de Chantaco (1928), de Chiberta (1925) et d’Hossegor (1930). Il décide de créer un golf sur les terres familiales situées tout autour du village et du château, écrin vert de 80 hectares qui sera ainsi préservé de la spéculation immobilière et une source de revenus pour les héritiers.

Faire un golf
Il faudra dix ans pour voir le projet aboutir. Une fois réunies toutes les autorisations nécessaires, il fallut, sous la direction d’un architecte américain spécialisé (un « shaper »), sculpter les collines, c’est-à-dire retirer à certains endroits 30 cm de couche de la terre végétale que l’on mit de côté pour creuser, combler, façonner, drainer les sols, ajouter du sable ou des cailloux, creuser des bunkers, avant de la remettre en place, etc., soit au bas mot un million de francs de travaux par « trou », au total 20 millions de francs pour le parcours, et 50 millions de francs pour l’ensemble du projet, après aménagement du club-house et du restaurant. Des parcelles de terrains destinées à être loties furent vendues pour aider au financement, avec un cahier des charges exigeant de préserver le cachet du village, et trois hectares furent offerts à la commune pour y construire des HLM et l’hôtel Pierre et Vacances.
Outre les investissements de départ, ce qui coûte cher également dans un golf, c’est l’entretien. 9 personnes s’y consacrent en permanence, équipées d’outils très spécifiques pour la plupart importés des Etats-Unis et achetés souvent en double pour pallier les pannes éventuelles à un moment critique : plusieurs sortes de tondeuses pour les greens, fairways et roughs, des aérateurs de gazon, trancheuses pour les drains, désoucheuses, etc. En ce qui concerne les apports chimiques, ceux-ci sont répandus en faible quantité tout le long de l’année de façon à préserver une qualité égale et régulière du gazon en toutes saisons, ce qui ne cause par conséquent, précise Arnaud d’Arcangues, aucune pollution.

Prospecter la clientèle
Grâce aux liens étroits entretenus par Pierre, Guy puis Arnaud d’Arcangues avec Biarritz et son office de tourisme, des efforts communs sont entrepris pour faire connaître le golf d’Arcangues, en participant notamment à des salons, à des « Educ’Tours » où, hors saison, les responsables de Tour Operator sont invités à tester cette destination golfique, en procédant à des achats d’espaces pour faire de la publicité dans des revues spécialisées, etc. Très souvent, des partenariats avec Biarritz permettent à des groupes de découvrir aussi le golf d’Arcangues, notamment par le biais d’une carte Pass donnant accès à 5 golfs différents avec le droit de rejouer dans celui de son choix, qui est souvent Arcangues, grâce à son site exceptionnel, son club-house vaste et douillet à la fois, son restaurant, sa grande terrasse avec vue imprenable sur les Pyrénées.
Assez curieusement, plus il y a de golfs dans une région, plus celle-ci a de succès. Arnaud d’Arcangues ne verrait donc pas du tout d’un mauvais œil la création de 2 ou 3 parcours supplémentaires qui ne nuiraient en rien, bien au contraire. Il faut savoir cependant que les Espagnols en construisent de plus en plus, notamment au Pays Basque, avec beaucoup moins de contraintes juridiques ou administratives, il y en a à Saint Sébastien, Fontarrabie, Zarauz, Bilbao, Pampelune. Des accords entre membres d’Arcangues et de Zarauz ont d’ailleurs été conclus pour réaliser des échanges entre les deux golfs, et des réunions annuelles ont lieu chaque année avec les Espagnols pour entretenir les relations.

Photo : Arnaud d’Arcangues dans son golf

(article raccourci pour le journal)

Do you speak english ?
Grâce aux deux nouvelles liaisons aériennes du BAB avec Londres et Dublin, un nombre croissant de Britanniques choisit notre région comme lieu de villégiature, et ce n’est pas Arnaud d’Arcangues qui va s’en plaindre, bien au contraire. 60% du chiffre d’affaires du golf d’Arcangues est réalisé avec les « green fees », c’est-à-dire les non adhérents, et le cinquième de ces vacanciers vient de Grande Bretagne. Autrefois, ces derniers avaient une prédilection pour l’Espagne ou le Portugal, mais cette nouvelle destination est pour eux une aubaine. Plus proche et moins onéreuse, elle présente de multiples avantages, 11 golfs dans un faible rayon d’action, l’attrait touristique varié de la région, une météorologie favorable. Par groupes de 5 à 15 hommes, ils arrivent pour une durée de 5 jours à une semaine, font le tour des golfs, aiment bien boire et bien manger tout en profitant de la douceur du climat. Ils repartent très satisfaits. Leur nombre a dépassé celui des Espagnols, pourtant nos plus proches voisins.

Prospection
Bien que 80 golfeurs autochtones soient inscrits en liste d’attente sans pouvoir adhérer au golf d’Arcangues qui a atteint son quota maximum de 450 abonnés à l’année, la prospection se poursuit en direction de la clientèle de passage pour étaler sa venue d’avril à octobre. Grâce aux liens étroits entretenus par Pierre, Guy puis Arnaud d’Arcangues avec Biarritz et son office de tourisme, des efforts communs sont entrepris, en participant notamment à des salons, à des « Educ’Tours » où, hors saison, les responsables de Tour Operator sont invités à tester cette destination golfique, ainsi qu’en procédant à des achats d’espaces pour faire de la publicité dans des revues spécialisées. Très souvent, des partenariats avec Biarritz permettent à des groupes de découvrir le golf d’Arcangues, par le biais d’une carte Pass donnant accès à 5 golfs différents avec le droit de rejouer dans celui de son choix, qui est souvent Arcangues, grâce à son site exceptionnel, son club-house vaste et douillet à la fois, son restaurant et sa grande terrasse avec vue imprenable sur les Pyrénées.

(encadré)
La métamorphose d’Arcangues
Guy d’Arcangues, l’oncle d’Arnaud d’Arcangues, a joué pendant 20 ans dans l’équipe de France amateur de golf. Amoureux du village que sa famille a dirigé pendant des générations, il sait par sa position à l’office de tourisme de Biarritz qu’Arcangues, « petit frère de Biarritz », idéalement placé, est la vitrine du Pays Basque intérieur. Alors âgé de 60 ans et soucieux comme son père, Pierre d’Arcangues, d’éviter le morcellement de la propriété familiale à sa succession, il connaît le gros problème de saturation des golfs dans la région au début des années 80 et décide de créer un golf sur les terres familiales situées tout autour du village et du château, écrin vert de 80 hectares qui sera ainsi préservé de la spéculation immobilière et une source de revenus pour les héritiers. Pour aider au financement, des parcelles de terrains sont vendues pour être loties, avec un cahier des charges exigeant de préserver le cachet du village, et trois hectares sont offerts à la commune pour y construire des HLM et la résidence Pierre et Vacances.

SOMMAIRE

 


Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues

Article paru le vendredi 3 février 2006 : "Des Britanniques au golf"