La mairie d’Arcangues a accueilli pour la première fois samedi 9 septembre Les Jeux Floraux du Pays Basque qui se tiennent alternativement dans une douzaine de villes de la côte et de l’intérieur. Issu d’une très ancienne tradition occitane, ce concours de poésie organisé depuis 18 ans par M. Heurtebize et Renée Giraudeau sous l’égide de l’Etrave (revue de poésie), a comporté quelque 80 participants de tous horizons pour 200 œuvres soumises au jury. Parmi les poèmes primés, six ont été rédigés par des jeunes (1er prix, Florian Noutsos, de St Raphaël, avec « Le destin »), et dont le benjamin, Martial Bailly d’Orthez (« Maître Valentin et le merle »), était seulement âgé de 14 ans. L’humour de Raymonde Laborde, de Mialos, avec son poème « Mon vieux compagnon », a été récompensé du Prix des Jeux Floraux, ex-aequo avec « Eternité », poème de Vindico Capacci, de Vence, à l’inspiration hugolienne. De nombreux autres prix ont été décernés, grâce à la contribution des communes et du Conseil Général.
Historique des Jeux Floraux
C’est en 1323 que fut fondée ce qui devint la plus ancienne Académie d’Europe, intitulée la « Compagnie du gai savoir », par sept riches bourgeois de Toulouse. Ces sept troubadours invitèrent tous les poètes à concourir : ne serait prise en compte ni leur position, ni leur naissance, mais seulement la beauté des vers. Le meilleur recevrait en hommage une violette d’or fin. Les Capitouls, soucieux de développer les arts en Languedoc, y ajoutèrent plus tard un souci d’argent et une églantine d’or. Devenue en 1515 la « Compagnie des Jeux Floraux », elle tombe doucement en désuétude jusqu’au jour où, devenue le « Collège de Rhétorique », elle abandonne l’occitan pour le français, reçoit l’aval de Louis XIV en 1694 et suscite un regain d’intérêt. Les plus grands y concourent. Fabre recevra l'églantine d'or et signera dès cet instant sous le nom de Fabre d'Eglantine, Victor Hugo et Chateaubriand y seront couronnés, Frédéric Mistral en sera un des mainteneurs et l'occitan reviendra en 1895 à l’honneur.

Poème primé (pas édité sur le journal) :

Mon vieux compagnon (poème de Raymonde Laborde)

Il me suivait partout, j’en avais l’habitude,
Pour noter mes projets, m’aider dans quelques jeux,
Dégager les détails d’un discours nuageux,
Avec fidélité, souplesse et promptitude,

Se faisait le support devant l’incertitude,
Recherchant avec moi des plans avantageux,
En langage codé, cernait l’être ombrageux,
Me servait chaque jour avec sollicitude.

Mais il a bien vieilli ! Trace des serpentins
Et musarde au milieu de décors byzantins…
Quand ma verve tarit, souvent je l’examine.

Il ne pourrait tenir rôle d’amphictyon :
Sa tunique s’écaille, il n’a pas bonne mine,
Je dois me séparer de ce bout de crayon.

SOMMAIRE

 


Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues

Article paru le 23 septembre 2006 : "Le chant de l'arbre et des vieilles pierres"