Jean-François Terrasse, Tangi Le Moal et Pascal Clerc présentent la réserve naturelle d’Errota Handia. C.C-E

« Une réserve naturelle régionale telle qu’Errota Handia n’est pas un îlot détaché de son environnement. Une myriade de cours d’eau arrivent de la forêt de Saint Pée, des bois d’Ustaritz et des collines d’Arcangues, à travers champs, jardins, fossés et routes. Les actions que l’on y mène risquent d’être vouées à l’échec si la pluie lessive et érode ces sols, entraînant le limon et des polluants dans l’étang. Si celui-ci se comble, sa température augmentera, favorisant la multiplication de certains organismes aux dépens d’autres, l’oxygène contenu dans l’eau diminuera, réduisant l’étang à un désert biologique » explique Tangi Le Moal, responsable du Centre Régional des Espaces Naturels (CREN) qui gère la réserve. Il s’est associé à Pascal Clerc, responsable du CPIE Littoral basque (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement) nouvellement constitué à Abbadia (Hendaye), pour en organiser la visite du public, dans le cadre de la Journée mondiale des zones humides le 30 janvier dernier. « Cet espace est fragile, la forte pression de chasse et l’urbanisation croissante rend les animaux sauvages méfiants et fuyards. Malgré tout, Errota Handia, situé sur un axe migratoire, héberge tout l’hiver 80 à 100 sarcelles de Sibérie, des bécassines dorment sur l’île, les aigrettes arpentent les berges peu profondes, des hérons nichent sur les arbres alentours, des colverts marchaient récemment sur la surface gelée de l’étang et il y a beaucoup de rapaces, des buses, des éperviers. Je constate cependant que la modification des pratiques agricoles a fait quasiment disparaître des espèces très connues comme la linotte, le chardonneret, le bouvreuil » commente Jean-François Terrasse, propriétaire de la réserve, membre de la Ligue de la Protection des Oiseaux. Il insiste sur l’intérêt de simples mares qui permettent à une grande diversité d’espèces de prospérer, libellules, grenouilles ou salamandres. « Depuis deux ans, le CREN a entrepris une campagne d’information auprès des voisins de la réserve, des agriculteurs, des communes, par le biais d’un bulletin et de réunions périodiques, de façon à faire connaître son action et réfléchir avec eux aux actions à entreprendre pour améliorer la qualité de l’eau » déclare Tangi Le Moal, conscient de la nécessité d’agir en amont, à la source des problèmes, pour permettre à Errota Handia de devenir véritablement une réserve naturelle pérenne, saine et paisible.
Cathy Constant-Elissagaray

Pour aller plus loin : Compte-rendu des visites de trois zones humides, la réserve naturelle régionale d'Errota Handia à Arcangues, la réserve de Chourroumillas de Bassussarry, les barthes de Villefranque et réflexions personnelles.

SOMMAIRE

 

 

 

Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues

Article paru le 3 février 2009 : "La santé d’Errota Handia en péril"