« Il ne faut pas attendre l’accident pour chercher dans l’urgence une maison de retraite » commente Jean-Louis Belmar, directeur d’Egoa qu’il a fondée il y a 15 ans. « Avec la généralisation des soins à domicile, les personnes âgées intègrent de plus en plus tard nos institutions, à la sortie de l’hôpital, lorsqu’elles sont malades ou gravement handicapées. Egoa reçoit de plus en plus de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer par exemple qui touche le quart des personnes après 85 ans. » Les familles reculent l’échéance car elles se font une fausse image des maisons de retraite. Il faut dire que les lois ne sont pas favorables, ajoute encore le directeur, et si l’Etat impose des quotas sévères d’encadrement pour s’occuper des enfants ou des handicapés, il n’en est pas de même des personnes âgées et la France, avec une moyenne de 4 agents pour 10 personnes âgées, vient loin derrière la moyenne européenne (8/10), l’Allemagne (10/10) et la Suisse (12/10).

Une équipe complémentaire. En outre, les moyens publics (DDASS, Conseil Général) ne sont pas distribués égalitairement en fonction du nombre de lits. De ce point de vue, Egoa est plutôt bien lotie, les 42 pensionnaires ont à leur disposition un médecin gérontologue, une pharmacienne, un cadre infirmier, un psychologue, un ergothérapeute, des infirmières, aides soignantes, aides médico-psychologiques, agents de service hôtelier, plus des libéraux tels que kinésithérapeute, pédicure, orthophoniste…

« Le but est d’entourer la personne, la sécuriser tout en encourageant une autonomie la plus longue possible, qu’elle doit parfois réapprendre». De nombreuses activités permettent de rompre l’isolement et de maintenir l’esprit en éveil par diverses incitations : gymnastique douce, lecture du journal à haute voix par un agent, manifestations diverses (les jeunes danseurs de la Biez Bat à l’occasion du carnaval labourdin), sorties pour les plus mobiles des pensionnaires, la prochaine étant au Casino à Biarritz pour assister à un spectacle, etc.. Un tel accompagnement est impossible à domicile, où le plus souvent une aide est apportée seulement deux fois par jour, à raison de 2 heures le matin et 2 heures le soir.
Une histoire de vie
Le psychologue s’entretient avec les pensionnaires, mais aussi les agents. Il écrit avec l’aide des familles une « histoire de vie » pour comprendre la personne qui est confiée à l’établissement, son caractère, ses goûts, recenser ses rituels, ses manies (pour dormir, pour manger), adapter les prestations à ses désirs (calme ou animation). Des familles sont en souffrance car elles dénient la maladie, éprouvent un sentiment de culpabilité, ont l’impression d’avoir démissionné devant des difficultés qu’elles ne pouvaient plus surmonter. La personne âgée avait besoin d’une aide que ses proches n’ont pas pu assumer. Une thérapie individuelle ou de groupe est alors proposée par Egoa pour les aider.
Une dame vient voir son époux, devenu hémiplégique suite à deux accidents cardiaques. Pour lui permettre d’intégrer Egoa, elle a vendu sa maison et vit chez sa fille. Très à l’aise dans l’institution où elle salue tout le monde, elle apprécie d’être associée à l’organisation de l’établissement : elle entretient un contact étroit avec l’entourage de son mari et le personnel d’Egoa est devenu en quelques mois pour ainsi dire membre de sa famille élargie.

SOMMAIRE

 


Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues

Article paru le lundi 6 mars 2006 : "Soutenir aussi les familles"