Une troisième centenaire à Egoa !
Presque une décade à la maison de retraite
Photo : Madeleine Sperber est née en 1907

C’était de nouveau la fête le 8 février à la maison de retraite Egoa : après Marthe Laborde et Marcelle Garat, une troisième pensionnaire, Madeleine Sperber, est devenue centenaire et la grosse bougie-fusée a une nouvelle fois déclenché l’alarme incendie ! Tout le personnel s’affaire et se réjouit, une bouteille de champagne se débouche dans un bruit d’explosion qui fait sursauter les anciens dans leur fauteuil tandis que les jeunes éclatent de rire et le bouchon jaillit vers le plafond sans atteindre personne, heureusement. Les parts de gâteaux sont distribuées à la ronde, dégustées avec gourmandise. L’un des retraités préfère manger debout en suivant à petits pas son aide-soignante préférée qui le nourrit comme un enfant. On explique à certains les raisons de ce remue-ménage qui ne semble pas perturber beaucoup la majeure partie des pensionnaires rassemblés dans le séjour spacieux et clair dont les vastes baies donnent sur les jardinets extérieurs.
Cette petite animation ne peut être que bénéfique en rompant le rythme quotidien, et les visiteurs de l’après-midi y sont sensibles : l’un d’eux mitraille de photos l’événement et en offrira une sélection qui seront affichées dans l’entrée, en souvenir. De Madeleine Sperber, il n’en sera pas dit beaucoup. En effet, bien qu’elle demeure depuis novembre 1998 à Egoa, elle n’a donné que peu de renseignements sur sa vie antérieure dont on sait juste qu’elle était de la région parisienne, infirmière, et qu’elle n’a plus de famille, ayant survécu à son fils, décédé du cancer. Sa surdité partielle est assortie de phobies passagères, et il lui arrive de ne plus supporter la couleur bleue par exemple, ce qui l’oblige à se laver indéfiniment les mains… Ce détail rappelle, s’il en était besoin, que la récréation est bonne à prendre aussi pour le personnel soignant dont la tâche n’est guère facile : on ne se bonifie pas forcément en vieillissant, et il faut parfois une grande patience pour vivre au quotidien avec des personnes du grand âge. En outre, les familles sont rarement présentes à l’heure ultime, et ce sont les salariés de la maison de retraite, le cœur serré, qui se relaient au chevet en tenant la main pour « aider à partir ».
Cathy Constant-Elissagaray

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Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues

Article paru le 15/02/2007 : "Une troisième centenaire à Egoa"