Michel Froment indépendant depuis 1975 avec son entreprise François peinture. C.C-E

« J’ai très vite senti que je ne supporterais jamais un patron, c’est la raison pour laquelle je me suis mis à mon compte quasiment sitôt mon CAP en poche, après avoir devancé l’appel pour faire le service dans le corps des parachutistes : j’étais donc peintre – et marié – dès l’âge de 18 ans ! » relate Michel Froment qui a créé son entreprise en 1975. Le patron qui l’a formé lui sous-traite du travail pendant dix ans jusqu’à ce qu’il décide de voler de ses propres ailes. « J’ai maintenant cinq employés, dont mon fils depuis sept ans, avec 90% de mon travail dans un rayon de 15 Km autour de l’atelier, essentiellement dans le privé, et aussi avec la commune » déclare-t-il, en précisant qu’il exerce son métier de façon traditionnelle, c’est-à-dire qu’il pose les vitres, tapisse les murs, applique les revêtements de sol et peint, en extérieur et en intérieur, y compris pour la décoration (chaux, stucs enduits à l’ancienne, etc.). « Un petit artisan doit savoir tout faire, il est dommage que les jeunes en BEP ait un apprentissage si spécialisé qu’ils soient obligés pour se perfectionner de suivre des formations complémentaires : je veux redynamiser le vrai métier de peintre qui est beaucoup plus varié et donc bien plus intéressant » dit-il. Sur un chantier de restauration de l’ancien, il a fabriqué lui-même les enduits et peintures d’autrefois à partir de matières premières naturelles, et retrouvé les anciens gestes pour restituer un aspect authentique aux bâtiments. « Les produits synthétiques sont dangereux, et pour la santé, et pour l’environnement. Heureusement le plomb n’entrait plus dans la composition des peintures lorsque j’ai débuté. Maintenant, on retire du marché les peintures synthétiques « à l’huile », je n’ai plus que des peintures à l’eau, mais elles contiennent encore beaucoup d’éléments toxiques. Le problème est identique pour les colles. Quant aux peintures minérales écologiques, elles tiennent difficilement sur les surfaces modernes et moins longtemps sous ce climat, elles sèchent également moins vite, et on ne peut pas les appliquer par temps de gel, de canicule ou de pluie. Autrefois, on appliquait de l’huile de lin pour peindre les volets, et chaque année on blanchissait les murs à la chaux. C’est intéressant de travailler à l’ancienne, mais il y a un coût, on ne peut pas le faire sur du moderne » explique-t-il, visiblement passionné par tous les aspects de son travail. Son application va jusqu’au souci de la destination finale de ses déchets. « Un de mes fournisseurs plante un arbre pour chaque pot de peinture vide qui lui est retourné, je contribue ainsi indirectement à la reforestation d’une région dévastée par l’incendie dans la vallée du Rhône ! » dit-il pour conclure.
Cathy Constant-Elissagaray

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Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues

Article paru le 17 mars 2008 : "La palette du bonheur"