Tangi Le Moal du CREN montre la tourbière en contrebas du stade. C.C-E

 

« Si Michel Guilhous avait bien acheté les étangs et bosquets de Chourroumillas pour y chasser avec son père en 1969, il a désormais changé son fusil d’épaule et se préoccupe désormais d’assurer la tranquillité de cet espace qui sera bientôt classé Réserve Naturelle Régionale, à l’instar d’Errota Handia située à 3 Km à vol d’oiseau à Arcangues » rappelait Tangi Le Moal, responsable du Conservatoire Régional des Espaces Naturels (CREN) qui assure la gestion du site, lors de sa présentation au public le 31 janvier dans le cadre de la Journée Mondiale des Zones Humides. « Depuis quinze ans, beaucoup de maisons se sont construites aux alentours, les routes sont plus fréquentées, un stade en longe une bordure, où se pratique périodiquement du ball-trap, dont les plateaux d’argile et les balles retombent sur la propriété » explique-t-il en déplorant les détonations qui perturbent encore davantage la faune. Du Barberako Erreka, qui prend sa source à la colline de Sainte Barbe à Arcangues et se jette dans l’Urdains, se détache une dérivation pour alimenter l’étang principal qui actionnait jusqu’au début du XXe siècle l’ancien moulin. Comme Errota Handia, Chourroumillas pâtit de la dégradation de son environnement qui pollue les eaux de la réserve. La vase qui s’y accumule devra être extraite pour redonner de la profondeur et de la fraîcheur, favoriser l’oxygénation, sans pour autant perturber la microfaune qui y réside : on ne traitera donc qu’un cinquième de l’étang, et ces sédiments seront déposés sur une berge trop abrupte afin de l’adoucir et y accueillir des oiseaux qui se nourrissent en eaux peu profondes. Un carottage sera effectué à cette occasion : cet échantillon sera envoyé dans un laboratoire aux fins d’analyse biologique et ciblage des polluants éventuels. Cet envasement a favorisé la multiplication d’une espèce invasive, l’écrevisse de Louisiane, très vorace, qui prolifère en eaux chaudes de moins d’un mètre de profondeur. Elle détruit toute la végétation aquatique et les petites bêtes affaiblies et contribue à la désertification de l’étang. Il faut l’éradiquer d’urgence. Par contre, la réserve possède des espèces rares et protégées comme la cistude (tortue) et le vison. Une tourbière d’un hectare en bordure a attiré l’attention du CREN qui souhaite l’intégrer à la réserve. Milieu très pauvre, elle héberge une flore et une faune très spécifique, comme la drosera, plante carnivore. Enfin, un gros travail attend encore des spécialistes pluridisciplinaires pour continuer l’inventaire des espèces résidentes et de passage.
Cathy Constant-Elissagaray

Pour aller plus loin : Compte-rendu des visites de trois zones humides, la réserve naturelle régionale d'Errota Handia à Arcangues, la réserve de Chourroumillas de Bassussarry, les barthes de Villefranque et réflexions personnelles.

SOMMAIRE

 

 

 

Cathy Constant-Elissagaray, correspondante locale au journal Sud-Ouest pour les villages de Bassussarry et d'Arcangues

Article paru le 3 février 2009 : "Du ball-trap près de Chourroumillas"