Descendre la Leyre en kayak
La
végétation varie tout au long du parcours. Bien sûr, le
pin prédomine, mais on y trouve également du chêne, du
frêne et de l'aubépine, parfois plus près que nous ne
le voudrions puisque le ravinement des berges par l'action de l'eau fait parfois
s'écrouler les arbres en travers du courant. Certains sont sciés,
d'autres pas. Des arbustes inondés dressent à fleur d'eau leurs
moignons ébranchés, à peine décelables par un
petit tourbillon.
Gare
à l'étourdi qui ne surveille pas les rides à la surface
! Heureusement que nos bateaux sont très plats, légers et maniables,
et qu'il n'y a pas de risque qu'ils se crèvent sous l'action des chocs
répétés. Les enfants, pour corser la descente, longent
les berges et s'amusent à passer les obstacles jetés en travers
de leur chemin.
Des promeneurs cherchent des champignons et
je retrouve les grandes fougères presque arborescentes au feuillage
différent de celles du Pays Basque, que j'avais admirées lors
de notre dernière expédition l'an dernier. Aux
approches du bassin, les arbres se raréfient, au bénéfice
des tamaris, des baccharis (plante introduite, qui étouffe progressivement
les joncs), des prêles, des roseaux... Le fond de sable clair ne permet
pas aux algues de se fixer, celles-ci trouvent refuge sur les bois immergés,
mais dans l'ensemble, l'eau est limpide, seulement légèrement
colorée parfois de rouille et assombrie par les feuilles qui s'amassent
au fond des zones calmes.
Il
n'y a pas de plastique ni aucun déchet, les randonneurs aquatiques
respectent leur environnement et prennent soin d'emporter les reliefs de leurs
repas. La seule nuisance est l'odeur répandue à des lieux à
la ronde par la papèterie de Facture.
Nous
la percevons lorsque nous passons à proximité, mais, fort heureusement,
ce n'est que sur une faible portion du parcours. Je ne comprends d'ailleurs
pas pourquoi elle empeste comme cela. Celle de Tartas a réussi à
supprimer ces nuisances olfactives, pourquoi pas Facture ?
A mi-parcours, nous trouvons une aire de pique-nique
aménagée où nous apprécions de pouvoir prendre
un petit café brûlant avant de repartir. Finalement,
la matinée s'est écoulée très vite, mis à
part pour Jonathan qui (comme d'habitude) demandait périodiquement
quand est-ce qu'on allait manger (un vrai estomac, ce garçon)... Les
enfants, d'abord inquiets au début (ils avaient eu beaucoup de mal
l'an passé avec les tourbillons dans les branchages) ont pris de l'assurance,
préférant à la longue les monoplaces aux biplaces. Ils
sont loin devant, en train de faire la course, ou des concours d'obstacles,
afin d'animer une descente par trop contemplative à leur goût.
Même la petite Lola a voulu prendre les rênes, pagayant à
la place de sa mère.
L'Eyre
est beaucoup plus large que la Leyre, moins encombrée et bénéficie
d'un courant plus régulier qui nous fait descendre vers l'embouchure,
même sans ramer (contrairement au courant de Huchet).
Au panneau indiqué, tout le monde tourne sur la gauche en direction du Teich (sinon, nous nous retrouverons à Bizanos), où les roseaux et les senteurs marines sont les premiers prémices de l'entrée dans le delta aux eaux saumâtres. Nous finissons notre journée par un plouf dans une mare au soleil, complétée à chaque marée haute par un apport d'eaux neuves qui se déversent en cascade artificielle par un système de tuyaux. Cette potion opaque et jaunâtre n'inspire pas le reste du groupe qui reste sur l'herbe à nous regarder nous ébattre comme des canards. C'est l'heure de se quitter : cette fois, pas d'averse diluvienne sur le trajet, mais un magnifique coucher de soleil...
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4/4
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