Ospitalea,
située au centre du bourg d'Irissarry, est une ancienne commanderie
de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem protégée
au titre des Monuments historiques. Propriété du Conseil général
des Pyrénées atlantiques, elle accueille aujourd'hui un centre
d'éducation du patrimoine. Une exposition intitulée "Kondatu
(raconter, en basque), La mémoire d'un village" présente
un vidéorama sur le développement d'Irissarry autour de sa
commanderie depuis le XIIème siècle ; une collection de photographies
"Images d'autrefois, mémoire d'aujourd'hui" retrace la
vie à Irissarry de 1900 à 1960. (Ces renseignements, ainsi
que ceux qui suivent, sont extraits d'un petit encart publicitaire du Conseil
général sur l'exposition, ainsi que du feuillet sur les Journées
européennes du patrimoine).
Pour
aller d'Anglet à Irissarry, il faut prendre la route de Saint Jean
Pied de Port par Cambo et bifurquer à gauche en direction de Hélette,
puis Irissarry. Il suffit d'un peu plus d'une demi-heure en voiture pour
y arriver. Sur la carte, le village est un peu après Bidarray, au
nord d'Ossès, qui a été notre point de départ
de rafting sur la Nive à plusieurs reprises. La route est étroite,
sinueuse et suit les contreforts vallonnés du Baïgoura où
nous étions montés en tracteur, les vélos dans une
remorque, pour le descendre en VTT. Cette montagne est également
un lieu de prédilection pour apprendre à voler en parapente,
et des stages y sont régulièrement organisés.
Jean-Louis
B. m'a recommandé de profiter de mon après-midi à Irissarry,
où j'ai accompagné une partie de l'équipe de hand-ball
d'Anglet à laquelle appartient Jonathan (cf. la première page),
pour visiter la commanderie. Ce bâtiment est totalement disproportionné
par rapport à la taille du village dont il se démarque aussi
totalement dans son style architectural : pierre de taille, fenêtres
à meneaux, ornementation bizarre à chacun de ses angles.
Un
blason à moitié effacé et deux inscriptions en espagnol
ornent le fronton qui surmonte une haute porte cloutée à deux
battants grand ouverte sur l'entrée vitrée moderne. Un balcon
curieusement disposé semble attendre la venue du commandeur paré
de ses grands atours pour impressionner la population rurale.
En
fait, d'après la documentation que je consulte, l'Ospitale de Irizuri
a bien été fondée à la fin du XIIème
siècle, mais le bâtiment que je visite n'a été
édifié qu'au début du XVIIème siècle,
à l'initiative de Don Martin de Larrea, nommé Commandeur d'Irissarry
en 1603.
Les
travaux ont duré huit années. Jusqu'à la Révolution,
la Commanderie est le siège de la puissance seigneuriale, détenue
par l'Ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, dont l'autre
appellation est l'Ordre des Chevaliers de Malte, qui étaient des
moines-guerriers. Outre sa fonction politique, l'Hospitale a un rôle
économique de premier plan, en tant que centre agricole et occupe
une place prépondérante dans la société villageoise.
D'après le vidéorama, cet Ordre s'est installé ainsi
dans toute l'Europe pour asseoir son autorité et montrer sa puissance.
La Commanderie n'a jamais été un lieu d'étape pour
les pèlerins.
Elle
fonctionnait comme un fief moyennageux, en exigeant des corvées de
la part des paysans qui travaillaient sur ses terres, en échange
de la constitution de réserves alimentaires qu'elle redistribuait
sans doute en périodes de disette et en garantissant également
le soutien de sa protection armée.
A l'époque, cette contrée était incluse dans la Navarre, ce qui explique la langue (espagnole) utilisée sur les inscriptions du linteau de part et d'autre du blason. A la Révolution, les Chevaliers de l'Ordre sont contraints de quitter leur fief d'Irissarry, la Commanderie est saisie par l'Etat et vendue comme bien national en 1795. L'ancien palais devient alors propriété de familles locales. En dernier lieu, elle est utilisée comme une ferme, avec une étable et un fenil, avec une petite épicerie. Elle termine dans un état de décrépitude avancé, jusqu'à ce que des travaux importants de réhabilitation soient entrepris récemment pour lui donner son aspect actuel.
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Visite de la Commanderie à Irissarry | Un vestige
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Samedi 11 octobre 2003 |