Le tour du Bassin d'Arcachon à vélo (23-24 octobre 2004)
(Richard, Xavier, Pascale, Max, Nico, Marie-Ch', Jean-Louis, Cathy)
Quelle
hâte ! J'écoutais les oiseaux s'éveiller doucement
dans la forêt, j'avais
ouvert un oeil et entrebâillé les rideaux pour voir le soleil
se lever, rouge aurore embrassant les troncs dressés des pins
sombres, mais je n'avais pas du tout conscience de l'heure. Le bateau
part à 9 heures
de la jetée d'Eyrac, nous comptons 1/4 d'heure - 20 minutes pour
nous y rendre à vélo, et il est déjà 8h 1/4
!
Richard,
Max et Pascale sont partis devant, Xavier vient de réaliser que
son pneu de vélo est crevé, c'est Max qui
a la pompe, bien sûr (moi, j'ai oublié la mienne dans le
coffre de la voiture - très utile -), alors il utilise une bombe
anti-crevaison, et Marie-Ch' qui n'en finit pas de se laver... Le peloton
de tête prend
le temps de
s'arrêter
dans
une
boulangerie
pour
acheter des chocolatines, pensant que nous serions obligés d'attendre
le prochain passage de la navette dans une heure. Mais non ! Prenant
à peine le temps d'admirer depuis
le haut de la dune la vue sur le bassin faiblement éclairé au
petit matin, nous dévalons les rues (vides de voitures, heureusement),
sans trop respecter la signalétique aux croisements et rejoignons
les autres qui nous attendent à la jetée Thiers : encore
5 minutes, "lâaargement"
le temps pour gagner l'autre jetée, le bateau n'est même
pas encore là
! Ouf !
C'est
marée basse, le bateau est très bas par rapport au ponton,
il faut descendre les marches de l'escalier en portant le vélo
et le bardas, sans pouvoir s'accrocher à la rembarde et en prenant
garde
à ne pas glisser : galère !
Le
pilote (et Max, toujours serviable) nous réceptionne, s'empare
du vélo,
nous aide à grimper sur le pont qui tangue et roule légèrement,
avec le clapot. C'est un petit bateau-promenade couvert d'une bâche
et sans fenêtre, garni de plusieurs rangées de bancs de
bois et de tables. Nous avons l'impression de partir pour un grand voyage.
Que le bassin est beau ! Le soleil sur
les rides du sillage, Arcachon qui s'éloigne, les bateaux de plaisance,
les piquets des parcs à huîtres, le Cap Ferret qui s'approche,
la dune du Pilat et la crête des vagues contre le banc d'Arguin,
l'île aux oiseaux
couverte d'arbres... A l'approche du Cap Ferret, nous observons le manège
de pêcheurs qui remontent leur filet dans leur canot à moteur non
loin des parcs à huîtres.
Du
bassin, nous pouvons apercevoir les jolies maisons entourées de
jardins arborés qui descendent jusqu'à l'eau où vacillent
les bateaux de plaisance.
Il
y a tant à voir, nous ne savons où porter le regard. Même
après l'accostage,
nous continuons d'observer le bassin et avons peine à nous en
détacher
pour aller prendre une boisson chaude au bar pittoresque du débarcadère,
aux murs couverts d'objets de marine.
Comme
les voies cyclables sont très roulantes, nous décidons à l'unanimité
de faire un détour vers le bout du Cap Ferret.
Nous passons devant le phare, à travers les rues tranquilles bordées
de maisons d'agrément de styles tous différents, et poussons
jusqu'à
la plage battue par les vagues de l'Atlantique. Là,
c'est autre chose ! L'écume
jaillit jusque loin au large, les rouleaux déferlent sur les bancs
de sable mouvants, et nous apprécions mieux la disposition particulière
du bassin d'Arcachon, bien abrité derrière son cordon dunaire.
La dune du Pilat s'élève à l'horizon, tandis que
derrière nous campent deux
communautés
opposées :
d'un
côté, les chasseurs, qui guettent le passage des oiseaux
migrateurs pour les tuer (tout près des villas habitées !), et de l'autre,
les ornithologues, qui repèrent
les espèces d'oiseaux et les dénombrent - c'est cocasse,
chacun s'ignore et poursuit
des buts contraires, tout en étant également de parfaits
connaisseurs du monde des oiseaux et de leurs habitudes...
Notre
coeur balance plutôt du côté des seconds, et nous
montons un moment discuter avec eux. Ils
appartiennent à une association dont le but est d'observer sur
le long terme (une dizaine d'années au moins) les flux migratoires,
et de contrôler que le nombre d'oiseaux de chaque espèce
repérée ne diminue
pas de façon alarmante. Il faut les voir, jetant un oeil sur un
ciel bleu qui nous paraît vide, repérer un vol de passereaux
minuscules, et les compter (50, 15, 200...) en un instant, puis noter
sur des fiches
rapidement avant de signaler de nouveau, au-dessus de la forêt
(là où
arpentent les chasseurs) la présence d'un épervier - qui
chasse aussi -. L'un d'eux nous confie : "Ce qui est merveilleux,
c'est de voir arriver des vols de Sibérie ou de Scandinavie, et
de savoir qu'ils viennent de si loin pour hiberner sur le bassin...".
Nous redescendons sur la plage : Richard
a craqué, il s'est mis en maillot et, malgré les grosses
vagues et le fort courant latéral qui entraîne vers la passe,
il va se baigner, c'est sûr. Son
enthousiasme est communicatif, nous sommes bientôt presque tous
en tenue (sauf Nico, Marie-Ch', et Pascale), et nous nous trempons avec
des cris
de joie dans l'eau fraîche. Nous y resterions bien, mais il faut
songer
à avancer un peu. Nous
remontons sur les vélos, et avançons en cherchant la voie
cyclable : elle est indiquée sur la carte, parallèle à la
route, mais nous ne voyons pas un seul panneau pour y accéder.
Il y a bien quelques passages perpendiculaires sablonneux, mais ils ne
semblent pas y mener. Et bien si !
Richard
s'engage dans l'un d'entre eux, et nous voyons tout d'un coup un cycliste
passer au fond, c'est
bien là ! Il fallait le savoir... Nous
voici de nouveau dans la forêt, agrémentée de taillis
d'arbousiers à
la fois fleuris, et avec des fruits
verts et des fruits rouges parfaitement mûrs.
Ce
sont des arbustes peu communs, dont les fruits mettent un an à arriver à maturation,
et qui offrent aux insectes de l'automne le suc de leurs fleurs blanches,
et
aux oiseaux ces fruits granuleux, comme des framboises ou des mûres,
mais d'un volume double ou triple, d'un goût douceâtre, sucré et légèrement
farineux : j'aime et je ne me prive pas d'en déguster à chaque
pause. Je crains même de me rendre un peu
malade, mais non, les arbouses sont très digestes ! Je m'attarde
un peu, tandis que Max m'attend plus loin, demandant si je suis la dernière
(il ne veut pas que l'un de nous se perde de nouveau !). Nous appuyons
sur la pédale
pour rattraper le groupe, quand soudain des coups de feu résonnent
dans la forêt, et nous entendons tout autour de nous les plombs
retomber dans les taillis : quels fous dangereux !