Sur
les conseils du couple d'enseignants-randonneurs, nous partons le lendemain
en randonnée de haute montagne depuis le col de Mantet au-dessus
du village. Le paysage est moins riant qu'autour du Canigou, puisque nous
sommes beaucoup plus hauts.
Nous
sommes dans un parc protégé, où les activités
des gens du village sont réglementées et limitées aux
activités traditionnelles d'élevage et d'hébergement
rural. Au-dessus des estives pousse le pin à crochet, espèce
méditerranéenne d'altitude que l'on trouve également
à La Pierre Saint Martin, avec des arbres de plus petite taille et
d'allure plus tourmentée qu'ici. Le climat est rude, nous rencontrons
de nombreux arbres morts, debouts ou couchés en travers de la pente.
Le rhododendron est encore en fleurs, mais la végétation est
beaucoup plus pauvre sur ces sommets qu'en moyenne montagne, je ne vois
presque plus d'insectes qui me tourmentaient tant la veille tandis que je
marchais. Des pans entiers de forêts sont envahis de lichens qui donnent
aux arbres une allure fantasmagorique, parés d'un vert-de-gris uniforme
où l'oeil se perd dans un monde sans couleurs.
Je
repense à notre ascension de l'Adi, en Pays Quint, après Saint
Etienne de Baïgorri, dans une forêt enfouie dans un brouillard
qui engendrait une sensation similaire.
Il fait froid vers les cimes, le vent
souffle dans un espace libéré, presque minéral, couvert
d'une herbe rase qui fait le gros dos. Nous
marchons de cairn en cairn, de plus en plus haut, là où les
plaques de neige sur des flans exposés au nord semblent à
la hauteur de nos yeux. Je n'ai plus de plaisir et suis Jean-Louis à
reculons. Des chevaux paissent encore à cette altitude, et des vaches
aussi, gardés par une silhouette lointaine et un chien qui court
en va-et-vient frénétiques. Nous déjeunons à
l'abri d'une roche et redescendons vers des horizons plus familiers.
Ah! Cadaquès! Un enchantement...
Nous pensions nous arrêter dans le Roussillon, et nous avons été
déçus par l'environnement peu soigné, la circulation,
les difficultés de parking, nous avons donc passé la frontière,
et poussé jusqu'au Cap de Creus. Un petit village blanc, une atmosphère
tranquille et détendue, un petit hôtel coquet, tout pour plaire
(ici,
pas de "casa rural", la montagne alentour est pelée, déserte
et desséchée, parfaitement inhabitable). Nous avons dîné
dans un restaurant discret, au mur extérieur recouvert de plantes
grimpantes, il fallait écarter les feuilles pour lire le menu. Par
le portail ouvert, un patio recouvert d'un treillis, des tables peintes
à la main, de la belle musique (juive ? orientale ? libanaise comme
les épices ? je n'ai pas demandé...). Les pièces intérieures
étaient un vrai musée, remplies d'une collection disparate,
3 puits creusés dans le sol et recouverts d'une vitre, un pressoir
à olives, d'anciennes machines à coudre, un immense bac de
pierre circulaire avec une grande roue verticale montée sur timon,
visiblement extraits d'un moulin, avec les bouteilles disposées à
l'intérieur sur un lit de paille :
on
avait peur qu'elles se fassent fracasser si, magiquement, la meule s'était
remise à tourner... Sur le côté de la terrasse, un atelier
de peinture,
des
tableaux disposés négligemment dans tous les coins, même
à l'intérieur d'un four à pain dans un angle du patio.
Des pièces, au plafond légèrement voûté,
émanait une ambiance de cave romane autant que romantique... et pourtant,
il s'agissait d'une maison entièrement conçue par Dali, dont
la statue dressée dans le port le présente en position de
dandy.
Le lendemain matin, exploration des
fonds marins. Puis nous repartons vers Roses, bâtie comme une station
balnéaire du sud de l'Espagne, avec des barrières d'immeubles
très hauts en bordure de plage. Il faut aller jusqu'au bout de la
route, à Puig rom, sur la côte du Cap de Creus, pour retrouver
un peu nos impressions de Cadaquès. Nous
repartons sur Figueres, avec un aperçu rapide de Castello d'Empuries,
mais nous ne nous plaisons pas et faisons demi-tour en guettant un endroit
propice pour dormir. Finalement, nous allons dans la marina géante
d'Empuriabrava,
curieuse Venise aux canaux privés dont on ne peut avoir un aperçu
qu'en louant un petit bateau, sans accès dans les voies annexes qui
desservent les maisons ou immeubles de part et d'autre : pour les visiteurs,
un attrape-nigauds, puisque presque tout leur est interdit. Nous y dormons
très mal dans un hôtel sans climatisation en bordure de route
fréquentée toute la nuit. Le dernier jour est venté,
j'ai entendu l'air siffler par les interstices de la fenêtre dès
mon réveil, et je sais que je ne pourrai pas faire d'exploration
marine avec masque et tuba. Nous allons quand même passer la journée
à El Port de la Selva, où Jean-Louis nage au milieu des rochers
battus par les vagues. Le soir, sur le chemin du retour, nous visitons un
peu la Cité de Carcassonne avant de pousser jusqu'à Agen pour
y dormir.
DEBUT | 5/5 |
PAGE
SUIVANTE |
![]() |
Les châteaux
cathares : une supercherie ? |
![]() |