Par
chance, le portail n'est que poussé, et je peux pénétrer
à l'intérieur de l'église dont le choeur est séparé
de la nef par un superbe arc en ogive, de style gothique, bien postérieur
au style roman du XIe s. des arcades en plein ceintre qui ornent les murs
à l'intérieur du choeur.
Les deux portes cloutées à double battant qui se font face sont situées au fond de l'église, à l'extrémité de chacun des longs côtés. Le jour éclaire donc très peu l'intérieur, malgré les ouvertures (très hautes) qui sont creusées dans l'épaisse muraille, et semblent avoir été des meurtrières de château-fort ultérieurement closes par des vitraux. Je prends donc mes photos sans trop distinguer les détails des sculptures des chapiteaux qui surmontent les colonnes du coeur et de son abside, plaquées contre les parois. Je n'en découvrirai les motifs qu'à mon retour, en travaillant les photos à l'ordinateur.
C'est
donc avec une grande surprise que je découvre le soin avec lequel certaines
de ces sculptures ont été réalisées, ainsi que
la variété des thèmes et des figures représentées.
Des fleurettes à quatre pétales, peintes à même
le mur au fond de la nef, ou sculptées en frise ou sur les chapiteaux
sont l'élément dominant. Vient ensuite la coquille des pèlerins
de Saint Jacques de Compostelle, et enfin la feuille d'acanthe, très
découpée et nervurée dont on voit un beau buisson vert
sombre contre le mur du cimetière situé tout contre l'église.
Mais ce qui me plaît par dessus tout, ce sont les personnages, humains
ou animaux, véritables scénettes mises en scène en relief
dans la pierre, malheureusement disposées trop haut pour que l'oeil
puisse en apprécier directement la composition et le sujet.
Il
faut bien comprendre que ces sculptures sont disposées sur les chapitaux,
au sommet de colonnes de deux mètres au moins de hauteur, et qu'on
les distingue à peine. Si l'on pense en outre que les ouvertures des
fenêtres n'ont été percées que tardivement, et
que l'éclairage de l'église devait se faire au flambeau, à
la bougie ou à la lampe à huile, cela montre bien l'esprit dans
lequel ces artistes ont travaillé : ces sculptures n'étaient
pas destinées aux hommes, mais à Dieu. La finition du détail,
la délicatesse des traits étaient inaccessibles à l'oeil
du commun des mortels et aux fidèles qui fréquentaient l'église.
En outre, je réalise une fois de plus que ce Moyen-Age qui a été
si longtemps décrié recèle des trésors artistiques
d'une qualité qui n'a rien à envier aux générations
suivantes. En voici quelques échantillons (il ne s'agit que d'une sélection)
ci-dessous. Les couleurs ne correspondent pas à la couleur réelle
de la pierre blanche que j'ai observée car, photographiant dans le
noir, avec seulement l'aide d'un flash, il m'a fallu, à l'aide d'un
logiciel sur informatique, éclairer considérablement les photos
numériques, et surtout en renforcer les contrastes, afin de bien voir
le relief creusé dans une pierre de teinte uniforme (qui était
peut-être peinte à l'origine).
Vigne chargée de grappes
Fleur avec ses étamines
Echassiers et biches s'abreuvant dans des coupelles disposées sur des colonnes
Têtes animales (?) et coquilles Saint Jacques sur un socle de colonne (en bas)