Praha - Prague
21-25 Juin 2004
Où
est située Prague
exactement ? Avant de m'y rendre, j'avoue humblement que je n'en avais qu'une
idée très imprécise. Quant à son histoire,
mon ignorance était immense. Pourtant, cette ville européenne
a été très brillante pendant des centaines d'années,
et à plusieurs reprises, la dernière étant à
la fin du XIXème-début XXème siècle, où
les échanges d'idées entre les intellectuels pragois et ceux
de Paris par exemple étaient très fructueux. En consultant
la petite brochure fournie par l'agence de voyage, où figuraient
quelques indications succinctes et un petit lexique du vocabulaire de base,
je me suis aperçue que la langue tchèque appartenait à
la branche slave, et que le pays avait été longtemps sous
la domination germanique. Je me suis donc dit qu'avec des notions de russe
et d'allemand, je ne devrais pas me sentir perdue là-bas.
C'était
sans tenir compte des mentalités : les Tchèques ne veulent
plus s'exprimer dans aucune de ces deux langues, qui leur rappellent à
des titres divers trop de mauvais souvenirs. Il faut donc savoir, ou bien
le tchèque, ou bien l'anglais (le français semble peu connu).
J'ai donc puisé dans mes souvenirs pour communiquer dans cette langue
devenue décidément incontournable.
A
mon avis, la beauté du centre de Prague est comparable à celle
de Venise, le charme des canaux et de la lagune en moins, naturellement,
et il me semble que ses monuments sont dans un meilleur état général
de conservation, et de styles nettement plus variés. La propreté
des rues est impeccable, la pollution sonore et des gaz d'échappement
inexistante, puisque la quasi-totalité de la vieille ville est interdite
à la circulation, l'accès se faisant par un très bon
réseau de métro, tramways et bus aux circuits complémentaires.
Je ne suis pas une "fan" des visites de villes, mais j'ai été
conquise par cette capitale qui a su allier un dynamisme remarquable (malgré
son récent passé sous la domination de l'union soviétique)
et un respect de ses monuments anciens. Seul le ghetto juif a été
rasé (à la fin du XIXème siècle il me semble),
à l'exception de ses synagogues et cimetières, pour être
remplacé par des bâtiments qui sont les plus élégants
et les plus richement décorés de toute la ville.
A
ce propos, j'apprends que le terme "ghetto" désignait à
l'origine le quartier juif de Venise.
C'est la première fois que nous
partons ensemble, Babou, Caroline et moi, mère et filles, Sophie
exceptée, n'ayant pas pu se rendre disponible. Toutes trois, nous
aimons les voyages et l'art sous toutes ses formes. Caroline,
en tant que professeur d'art appliqué, nous initie aux différents
styles d'architecture, nous aidant à distinguer le baroque de l'Art
déco et de l'Art nouveau ; elle nous fait comprendre le mouvement
du cubisme, qui exprimait le désir des artistes de ne plus représenter
la réalité telle qu'elle est perçue par nos sens :
"le cubisme préconisait la traduction plastique des formes en
facettes et volumes géométriques" (dixit Caroline) et
montraient dans un même tableau plusieurs angles de vue d'un même
sujet. C'était un art plus intellectuel qu'esthétique, à
mon sens.
Prague est une synthèse réussie
de l'histoire, où tous les styles se côtoient sans choquer
le regard, dans une quête éternelle de la beauté sous
toutes ses formes. Notre unique déception, c'est de n'avoir pas vu
de musiciens dans les rues. Nous imaginions en voir à tous les coins,
mais l'amour des Tchèques pour la musique s'est simplement manifesté
par la distribution chaque jour de programmes musicaux aux passants. Les
concerts se font dans les églises, maison de la culture ou salles
de théâtre, mais pas à l'extérieur, à
notre connaissance du moins.
Les prévisions météo
sur internet étaient proprement calamiteuses. Heureusement, comme
d'habitude, les météorologues s'étaient trompés.
Des trombes d'eau annoncées, seule une est tombée, alors que
nous dînions au restaurant voisin de l'hôtel Meran où
nous séjournions. En voyant le ciel d'encre, nous avions préféré
ne pas nous éloigner. Pourtant, nous aurions dû : l'accueil
du restaurant de l'hôtel Europa est détestable, les serveurs
ne semblent aimer ni leur métier, ni leur clientèle, et peut-être
détestent-ils tout particulièrement les femmes seules. En
effet, il nous a semblé que les Tchèques ne sortaient qu'entre
hommes, et que les femmes restaient à la maison. Il faut dire que
nous étions en pleine coupe d'Europe du football et que les hommes
s'agglutinaient dans les bars et les restaurants devant les écrans
de télévision. En plus, la Tchéquie a battu l'Allemagne,
et les Pragois ont manifesté tard dans la nuit leur joie sur la place
Venceslas.
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