vache parachutéeQu'avons-nous vu à Prague ? Des vaches !!! C'était la "cow-parade 2004", et une quantité d'artistes s'étaient fait parrainer par de grandes sociétés pour exposer dans toute la ville. Pas une seule vache identique ! Dans les patios et sur les places, dans les rues piétonnes et devant les monuments historiques, sur les abris-bus, elles étaient partout... Le chauffeur qui nous avait amenées de l'aéroport à l'hôtel Meran avait essayé de nous l'expliquer, mais nous n'avions pas compris de quoi il pouvait bien s'agir. C'était tellement inimaginable ! Dans la ville du baroque et du rococo, des vaches !

J'ai un faible pour l'art roman : malgré ses formes ramassées, j'apprécie la pureté de ses lignes dépouillées et l'expressivité des sculptures des porches et des chapiteaux ; il s'est développé à Prague entre le Xème et le XIIIème siècle. En second lieu, vient le gothique (XIIIème - XVIème siècle), à condition qu'il ne soit pas mâtiné de baroque, aux dorures trop chargées, comme l'on peut en voir dans certaines églises espagnoles. Les formes classiques (XVIème siècle, la Renaissance en Bohême) me paraissent plus froides. Ce dont je n'avais pas pris conscience, c'est que l'évolution de ces styles architecturaux correspondait à un changement d'attitude à l'égard de la religion, chrétienne bien sûr, et pas seulement à un progrès technique permettant de réaliser des structures plus élevées et plus ajourées.

Anna Chromy : Il Commendatore - In memory of W.A.Mozart's Don Giovanni premiered in this theater 29.10.1787Place de la Vieille Ville, sculpture à l'effigie de Jan HusD'abord modestes et humbles, simples lieux de prière et d'hébergement pour les pèlerins et les nécessiteux, les églises avaient crû en même temps que le pouvoir du clergé, mécène du monde artistique, qui se comportait de plus en plus en seigneur temporel, outre son rôle spirituel de directeur des âmes. Utilisant toujours le latin, pendant que les langues dites vulgaires évoluaient séparément, les "intermédiaires" entre Dieu et les fidèles s'étaient éloignés du commun des mortels et avaient acquis un comportement contestable à maints égards. Inspiré de John Wycliff, un mouvement de réforme s'instaura parmi les Tchèques, dirigé par Jan Hus (cliquer sur son nom pour davantage d'informations) (1369-1415), précurseur de Martin Luther, et brûlé vif en condamnation de ses idées. Deux siècles plus tard, le 23 mai 1618, l'événement de la "défenestration de Prague" initie la guerre de 30 ans en Europe Centrale. Lors de la période de reconstruction qui s'en suit se développe le style baroque qui est porté à son comble à la fin du XVIIIème siècle sous le nom de "rococo". Détail de la façade ci-contreCette débauche d'ornementation traduit la contre-réforme initiée par les catholiques en réaction au protestantisme qui prône l'absence de représentations imagées, qu'elles soient peintes ou sculptées, considérées comme des idoles païennes.

Je dois avouer que, malgré mes préventions contre ce style très chargé et le message qu'il véhicule, le baroque donne un cachet très particulier à la ville de Prague, et nous ne savions pas où porter le regard, tant il y avait de belles façades, qui n'étaient plus du tout limitées, en outre, aux édifices religieux, mais s'étaient étendues aux bâtiments laïques. Manquant d'habitude, mon oeil peu averti avait d'ailleurs du mal parfois à distinguer ce style de l'Art nouveau (XIX - début XXème), ou de l'Art déco et du mouvement constructiviste, développés pendant l'entre-deux guerres, ces derniers s'étant particulièrement manifestés à l'emplacement de l'ancien ghetto juif, si je ne m'abuse.

Place de la Vieille Ville, sculpture à l'effigie de Jan Hus

RETOUR
P. 2/6

 

 

 

 

Praha

Prague