J'adore
la versatilité du temps au Pays Basque : elle me surprend toujours.
Après
un froid intense
avant-coureur de l'hiver, avec les pare-brise couverts de givre, suivi
d'une pluie battante qui détachait rageusement les feuilles
flétries
des arbres, nous découvrons ce matin un air lavé de frais,
des arbres lumineux aux chaudes couleurs jaunes, brunes ou rousses,
et une herbe
très verte, scintillante de rosée. Des écharpes
de brume diaphanes voilent l'horizon, alors que le soleil très
bas accentue le relief d'ombres allongées.
Xavier
nous conduit à un nouvel accès de la Rhune depuis les hauteurs
d'Ascain, au lieu de Sare d'où nous démarrons habituellement, et nous
avons l'impression d'arpenter une nouvelle
montagne, tant les points de vue changent.
Les
sentiers dégoulinent d'eau limpide, et des ruisseaux dévalent sur les
grès moussus en marches
d'escalier dans les pentes douces jusqu'aux ravins d'où rebondit vers
l'azur l'écho de leurs cascades. Je me penche au pied d'un
arbre dénudé : quels drôles de champignons oranges,
tout
ronds
! Je
lève
les yeux
: mais
non, ce
sont
des fruits mûrs qui jonchent le sol, aux allures de mirabelles, mais
pourvus d'un petit épis, vestige de la fleur, comme chez les groseilles
à maquereau.
Isabelle,
Elisabeth, Yann et Jean-Louis B. se
trouvent rapidement distancés, en raison de leur rythme de marche plus
lent ;
ils n'atteindront d'ailleurs pas le sommet, privilégiant la découverte
du paysage plutôt que la performance sportive. A une bifurcation, Richard,
Rose, Xavier et son frère continuent tout droit, alors que Pierre,
Max, Jean-Louis et moi préférons suivre la signalétique jaune et prenons
sur la droite, ce qui nous fera découvrir un superbe panorama depuis
un haut plateau inattendu, qui élargit considérablement le versant
nord des contreforts de la Rhune.
Cette
particularité du relief a
été remarquée de longue date par les éleveurs et nous admirons les
bergeries de pierres sèches empilées sans mortier avec un art consommé.
Une petite chapelle invite au recueillement, face à la baie de Saint
Jean de Luz et aux maisons blanches et rouges clairsemées dans la campagne.
Une
haie de grands conifères vert sombre encadre un espace, ancien pâturage
privé sans doute, désormais abandonné. Il n'y a pas un souffle
d'air, et nous montons en tee-shirts, nos vêtements chauds inutiles
entassés dans les sacs à dos, frissonnant un peu dans les zones d'ombre
plus dense, tandis que la sueur s'écoule glacée le long de la nuque
et se perd dans le dos.
Il
ne faut pas croire que nous soyons seuls : la Rhune est sans doute
le pic le plus fréquenté du Pays Basque, et nombreux sont les gens
qui en font l'ascension tous les week-ends ou en semaine, solitaires,
en couple, en famille ou entre amis. Cette foule pose problème
en ce
qui concerne la protection de l'environnement montagnard, car chacun
trace son chemin, écrasant la végétation et creusant des ornières,
les chiens poursuivent moutons ou pottoks en liberté, dont les sonnailles
envahissent l'espace sonore, en sondant l'immensité. Des chevaux hennissent
en contrebas, et j'aperçois une agitation près d'un coral de regroupement
du bétail.
Les
pauvres protestent désespérément mais sont acculés derrière les palissades,
avant d'être emportés à la boucherie (ou marqués, je
ne
sais).
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Novembre en Pays Basque |
Dimanche 21/11/04
- Participants : Xavier et son frère, Richard, Max et les
couples Bessou, Portanguen, Sorhaits et Constant |