Nous
voilà de retour pour la journée dans la belle vallée d'Ossau. Alors
que la veille à Anglet nous avons terminé la soirée en jouant à la
pétanque
sous un beau ciel bleu avec une chaleur estivale, à 7 heures ce matin,
il fait très sombre et de lourds nuages noirs occultent le soleil levant.
Sur
l'autoroute de Pau, seules subsistent des brumes basses qui se dissipent
en arrivant sur le parking de Bious-Artigues près du lac de retenue
éponyme (le premier des 7 lacs). Nous avons de la chance.
Il a plu ici. Une jeune femme nous
indique impérieusement notre place à la suite des nombreuses voitures
déjà garées. Nous hésitons : il faut
traverser une mare de boue et nous insérer au milieu d'ornières gorgées
d'eau. Il fait plutôt frais en altitude, mais la marche nous réchauffera
rapidement. En bordure du sentier odorant, tracé dans un bois de
conifères aux fines aiguilles courtes et de feuillus parsemés déjà
çà et là d'éclats
d'or annonciateurs de l'automne, un champignon rouge et blanc attire
le regard : on
dirait un jouet en plastique, comme ces nains de jardin ou ces décors
de pacotille inspirés de Walt Disney, placé là par un
employé du parc national pour le plaisir des visiteurs. En fait, Max
reconnaît une véritable et très naturelle amanite
tue-mouche aux couleurs éclatantes.
Son
nom provient du grec Amanos, une montagne de la Cilicie où elle était
abondante. Elle pousse en été et
en automne dans les forêts de bouleaux (dont elle suit la progression)
et les forêts
de conifères. Elle
forme des mycorhizes avec les bouleaux de préférence
sur des sols acides (ce sont des associations symbiotiques contractées
par les racines des végétaux avec certains champignons
du sol ; elles favorisent l'absorption par les racines des éléments
minéraux de la rhizosphère et du sol et améliorent
ainsi la nutrition de la plupart des espèces végétales).
L'amanite
tue-mouche est vénéneuse même
si les effets de ce champignon sont extrêmement variables
sur les humains : certaines personnes peuvent la consommer sans en être
affectées. L’homme
exploite depuis des temps immémoriaux ses propriétés
hallucinogènes pour
modifier sa conscience au cours de rituels chamaniques (consulter le
lien pour plus de renseignements à ce sujet).
Ce champignon me fait penser à ce débat non encore résolu sur la question
de savoir si ses couleurs
annonciatrices d'un danger ont été choisies "volontairement" ou bien
si le hasard seul a conduit l'évolution à ce résultat.
Nombreux
sont les végétaux ou animaux qui utilisent de tels stratagèmes pour
prévenir
d'éventuels prédateurs du danger mortel de leur consommation et se
protègent ainsi facilement, leur message étant intuitivement perçu
et compris.
L'odeur du crotin nous prépare plusieurs dizaines de mètres à l'avance à la vue du petit coral où des chevaux sont mis à la disposition des visiteurs pour l'exploration du parc national, signalé de loin en loin par une silhouette d'isard peinte au pochoir sur les rochers. Nous les verrons paître librement, dessellés, au pied du gîte d'Ayous sur les rives du lac Gentau.
Le
Pic du Midi d'Ossau domine la vallée de sa haute silhouette
majestueuse. Le long de son flanc plane une
grande troupe de vautours fauves qui tournent en dessinant de leur
vol la forme et le mouvement de la masse d'air invisible qui les soutient
et les
emporte de part et d'autre du vallon et au-dessus du pic, jusqu'à 3
000 mètres d'altitude en une immense spirale ascendante. Des oiseaux
sifflent dans la forêt
qui nous offre son ombre agréable
durant le début
de notre randonnée.
Tout en montant très progressivement, nous changeons de paysage, les arbres rapetissent pour laisser place aux pâturages où je m'amuse à débusquer des sauterelles noires qui font un bruit de crécelle à chaque bond au cours duquel elles déploient des ailes dont le dessus a la couleur des élytres de coccinelles, rouges à pois noirs, des sauterelles vert sombre dont les ailes ouvertes projettent des éclairs bleutés, et les sauterelles marron, sans ailes, quasi invisibles sur les ornières terreuses du sentier dont elles s'échappent prestement devant nos pas. Les grillons crissent dans l'herbe rase et des sifflements mouvants attirent mon regard autant que mon oreille : je vois de petits oiseaux des prés qui volettent de part et d'autre, mais peut-être est-ce également le cri d'avertissement de marmottes si bien cachées que je ne peux en apercevoir aucune, à mon grand regret. Pourtant, elles affectionnent les chaos de rochers qui ne manquent pas, au fur et à mesure que nous prenons de l'altitude. Je guette également les isards et n'aperçois que des chevaux à l'aller et des moutons à cornes au retour (manech), facilement repérables de loin grâce au son de leurs cloches. D'un banal !...
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Balade du mercredi 31 août 2005 |
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Participants : Jean-Louis, Cathy, Max et Jean-Louis B. |
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Jean-Louis a conquis son pic ! (accompagné de Max) |
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