Faut-il
en avoir honte ? Les Portugais s'en enorgueillissent et l'exposent aux
quatre coins de Lisbonne. Pourtant, avec un peu de recul, tout n'a pas
été rose dans cette affaire, loin de là, ni le rôle de l'Eglise, avec
ses missionnaires, ni celui des explorateurs, à la fois commerçants
et conquérants,
étroitement liés aux premiers. Je
veux parler des Grandes Découvertes, de ces Caravelles juchées jusqu'à
la pointe des lampadaires de la capitale,
recouvertes
d'un or dérobé aux Indiens du Brésil ou bien gagné grâce
au commerce des épices ou au trafic des esclaves. A l'heure actuelle,
où
nous nous
posons
la
question
de l'hégémonie américaine, de la toute-puissance amorale des multinationales,
de l'invasion
de nos marchés par les produits d'Extrême-Orient, nous voyons
les choses
d'un
autre
oeil.
Evidemment, je n'oublie pas le courage
et l'audace de ces navigateurs partis presque sans instruments d'orientation
sur des mers immenses, ni les progrès techniques que cette ouverture
au monde entier a rendu nécessaires et possibles, formidable élan qui
nous porte encore aujourd'hui et dont notre confort et notre richesse
actuels
sont redevables.
Richesse
relative, d'ailleurs, puisque nous constatons, en marchant dans les
rues de Lisbonne, que le Portugal
a passé le relais aux pays du nord de l'Europe, et n'a pas su
conserver ce dynamisme des affaires qui rejaillit sur le bien-être
national. Le pire côtoie le meilleur, en matière d'habitat,
et le délabrement
des immeubles fait peine, malgré un effort gigantesque de rénovation
probablement financé justement par cette Europe qui le lui doit
bien.
Cependant,
l'ambiance est très sympathique, même lorsque nous marchons
dans des ruelles pavées bordées de taudis innommables.
Autant
que nous puissions en juger sur un aussi court séjour, les Portugais
sont gais,
ouverts et serviables. Nulle part nous ne nous sommes sentis en insécurité.
Ce n'est pas le cas des occupants des beaux immeubles, privés
ou publics, ni des belles maisons, qui doublent les systèmes
modernes de télé-surveillance
en postant des gardiens en uniforme au regard méfiant
dans les halls d'entrée.
Il
fait beau, la chaleur est tempérée d'une brise marine
qui nous fait frissonner à l'ombre, alors que les
lunettes de soleil sont indispensables dès que nous en sortons,
tant la luminosité est forte. La
végétation est tropicale, exubérante, omniprésente
en pleine ville, avec de vieux arbres aux troncs énormes et
la taille immense, des fleurs partout, des fruits même, dont
j'ignore le nom. Tout nous rappelle que nous sommes dans le sud, même
le physique des autochtones, qui fait le lien entre Européens
et Maghrébins. J
e
passe mon temps
à m'exclamer à la vue des palmiers, superbes, aux hampes
de fruits pendant en grappes, des bougainvilliers roses ou mauves qui
couvrent
des murs
entiers, des figuiers de barbarie dont émanent comme des pustules dangereuses
des figues hérissées
de piquants invisibles, des ficus géants et autres plantes grasses,
conservées
en pot à l'intérieur de nos demeures, alors qu'elles
explosent littéralement
dans les jardins lusitaniens sous l'effet du climat propice vers un
ciel céruléen.
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: Lisbonne & Cascais |
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5 au 8 Mai 2005 Cathy et Jean-Louis |