TramwayJean-Louis avait vu sur internet un site où l'on proposait la visite de Lisbonne à vélo. C'est une absurdité ! Cette ville est construite sur au moins deux douzaines de collines, et pas des moindres, et toute la partie ancienne est un entrelac de rues étroites tellement inaccessibles que le bruit citadin ne l'atteint même pas, on se croirait au fin fond d'un petit village à la campagne, avec le pépiement des moineaux, le roucoulement des pigeons, le cri aigu des martinets, le bruit de nos pas sur les pavés, et le grincement de la scie du menuisier dans un local moyen-âgeux, sombre, seulement éclairé par l'ouverture de la demi-porte supérieure. Les rares voitures qui s'y hasardent passent à peine et ne peuvent s'arrêter, faute de place.

En arrière plan, la cathédrale de la SéDes escaliers très raides permettent aux piétons d'y accéder plus directement, sans risquer de se faire accrocher dans les virages en épingle à cheveux par les véhicules qui foncent comme au rallye sur les pavés inégaux de ces voies à sens unique dans un boucan infernal. A propos de collines, l'intérêt (pour nous qui avons un sens de l'orientation très approximatif), c'est qu'en allant quasiment tout droit on se retrouve au point de départ ! (Confère le trajet des avions où je m'étais étonnée, cela fait bien longtemps de cela, que pour aller de Paris à Los Angeles, on passait au-dessus du Groënland et des grands lacs du Canada).

Je m'extasie devant les façades couvertes d'azulejos (de "azul", bleu), ces carreaux peints dont le Portugal a su tirer un parti inégalé. De l'utilitaire ils ont fait des oeuvres d'art, et nombreuses sont les façades ornées, dont l'ancienneté ne remonte malheureusement pas au-delà du 1er novembre 1755, date du tremblement de terre fatidique qui détruisit la ville (trois secousses sismiques, plusieurs raz-de-marée et un incendie) au moment de l'office de la Toussaint, secousses qui furent ressenties dans l'Europe entière, jusqu'en Ecosse et en Suisse paraît-il. Cet événement funeste semble bien oublié aujourd'hui, car nombreux sont les immeubles qui, sans être des gratte-ciel, atteignent cependant des hauteurs considérables.

Lors de nos pérégrinations, nous sommes accostés le soir par les serveurs des trop nombreux restaurants, qui nous promettent monts et merveilles gastronomiques et fados (la musique locale, empreinte de 'saudade', que l'on pourrait traduire par 'nostalgie'). Cependant, nous n'aimons pas trop ces tables innombrables qui envahissent les rues piétonnes, à la cuisine standardisée sur le goût d'un client moyen qui serait un mélange d'Anglais, d'Allemand et de Français. Nous préférons nous perdre dans les ruelles à la recherche d'authenticité, et côtoyer dans un même lieu touristes et gens du cru. En devanture s'étale l'abondance, des crabes énormes, des poissons frais et dans un aquarium remuent mollement les antennes des langoustes que les clients viennent choisir vivantes pour leur dîner.

 

 

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Le Tage en bas de la rue
Portugal : Lisbonne & Cascais
Escaliers, travaux, arbres

5 au 8 Mai 2005

Cathy et Jean-Louis