C'est étonnant : nous n'éprouvons aucun ennui à cheminer sur la "meseta", contrairement aux impressions qui nous avaient été rapportées ici ou là. Il faut dire que nous avons de la chance. La météo était formelle depuis plusieurs jours, autant du côté français qu'espagnol : nous aurions dû avoir la pluie pendant tout notre séjour dans la province de Burgos (ancienne Castille). Mais le vent d'est fort et froid qui soufflait continûment en nous poussant dans le dos en avait décidé autrement, et nous avons souvent pu profiter d'un ciel relativement dégagé, qui laissait entrevoir des lambeaux de ciel bleu où les rayons se faufilaient pour nous offrir une luminosité extraordinaire.
Comme dans tout pays développé, l'Espagne offre un contraste impressionnant entre ses villes super-dynamiques, qui monopolisent les investissements dans tous les domaines, dont les plus visibles sont les routes et le bâtiment, et ses campagnes dépeuplées, parsemées de loin en loin de villages étiques aux maisons délabrées et fenêtres aveugles. Sur les 370 municipalités qui composent la province de Burgos, 345 comportent moins de 1000 habitants, alors que Burgos en compte 172 000 et Palencia 80 000 (360 000 au total dans la province). Quelques villages malgré tout réussissent à tirer leur épingle du jeu, avec des rues bétonnées d'une propreté impeccable, des maisons de pierre soignées et une (ou plusieurs) église majestueuse.
Pourtant la campagne n'est pas délaissée ni inculte, loin de là. A part les endroits vraiment trop rocailleux (apparemment calcaires) ou impraticables en raison de leur pente, le paysage entier se compose de champs à perte de vue, sur lesquels évoluent un ou deux tracteurs à la pointe du progrès et hyper-équipés. La forêt originelle de chênes verts a totalement disparu, à l'exception de quelques arbres isolés. Nous reconnaissons les chaumes acérés du blé moissonné pas encore labouré. Des tas de tubercules de belles dimensions s'amoncellent en bordure des chemins (ce sont des betteraves sucrières). Des brins d'herbe vert tendre fraîchement semés sont probablement de l'orge d'hiver (escourgeon) qui est cultivée pour son grain (caryopse), utilisé pour l'alimentation animale ou pour la brasserie, ou bien cultivée comme fourrage vert, pâturée ou ensilée.
Ce n'est pas juste, l'agriculture occupe 7% de la population active et contribue seulement pour 4% au PNB du pays, c'est bien mal rémunérer une profession si dépendante du climat et de la météo qu'il n'est pas rare de voir les agriculteurs poursuivre leurs labours à la nuit tombée avec pour seul éclairage les phares de leur tracteur, pour terminer sans doute le travail avant la pluie annoncée déjà depuis plusieurs jours. Dans cette région, bien que la terre paraisse plutôt généreuse, les agriculteurs sont désavantagés par l'altitude (nous cheminons à une moyenne de 800 mètres au-dessus du niveau de la mer), par le climat très chaud en été et rude en hiver, par la faible pluviosité et des sierras qui compartimentent l'espace, rendent difficiles les communications et les échanges, et ne permettent pas une irrigation régulièrement répartie. Les plateaux arides sont le domaine de l'élevage ovin et de la culture sèche du blé, extensive et de faible rendement.
A ce propos, 25,5 millions d'euros sont prévus pour la modernisation de l'irrigation dans les surfaces limitrophes du Canal de Pisuerga à Palencia et Burgos. L'actuel système d'irrigation par gravité que nous observons (déversement de l'eau du canal dans des conduites bétonnées en plein air) sera remplacé par des tuyaux sous pression qui permettra un arrosage des parcelles par aspersion. Les 1375 propriétés concernées d'une surface totale de 4198 hectares bénéficieront d'une station de pompage, de l'approvisionnement électrique en haute et moyenne tension et d'un système de télégestion, soit un tiers de la surface actuellement irriguée par le canal qui s'approvisionne à partir du lac de retenue de San Andrés.
Toujours dans cet objectif de mieux rentabiliser l'agriculture nationale, j'aperçois cette annonce sur Internet :
Recherche de partenaires pour la promotion du bio
fuel (ex : Agences régionales ou nationales de l’énergie,
universités
ayant une spécialité dans le bio fuel, producteurs de bio diesel,
distributeurs, associations de professionnels, associations d’agriculteurs)
: L’Agence
Régionale de l’Energie
de Burgos (Espagne) souhaite promouvoir le bio fuel dans les régions
et provinces européennes
grâce à son projet intitulé « Pro bio ». Ce
projet se divise en 5 parties :
- Management,
- Analyse des barrières juridiques, techniques et économiques
au développement du bio fuel et organisation des plans stratégiques
pour les dépasser,
- Amélioration des techniques agricoles,
- Développement des réseaux de distribution du bio fuel,
- Campagne de promotion du bio fuel pour le grand public.
Nous qui venons du Pays Basque où le bétail est mis à paître dans les prés ou les alpages, nous sommes choqués d'entendre des meuglements et bêlements qui émanent de grands bâtiments sans ouvertures apparentes : il semble que ces animaux passent leur vie enfermés dans l'obscurité et nous ne voyons nulle part de prés clôturés qui laisseraient présager une sortie au moins en saisons plus clémentes - le cheptel espagnol se compose de bovins, d'ovins (la production ovine et caprine représente aujourd’hui 25 % de la production communautaire) et de porcins (2ème rang des producteurs européens)-.
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Richard, Max, Jean-Louis B., Cathy et Jean-Louis | Sur les chemins de St Jacques
de Compostelle |
Mardi 31 octobre au vendredi 3 novembre |