C'est la 2ème fois que nous empruntons la voie bleue pour faire l'ascension de l'Irubela. Garés au-dessus de la ferme aux cochons, nous descendons par la route jusqu'au ruisseau et marchons en direction de Xumus avant d'entrer dans le vif du sujet. Entourés de montagnes que nous commençons à bien connaître, nous revivons les impressions des balades précédentes, et notamment celles de l'Hirukasko, avec la goulée quasi-verticale couverte de gravillons glissants de l'Artzamendi où nous avions tant souffert de la chaleur par exemple. Aujourd'hui, le temps est idéal : frais, sec, clair et vif. Les couleurs de la nature sont à l'image du ciel, scintillantes et lumineuses, un plaisir des yeux qui nous rend heureux jusqu'au plus profond de notre être.

Comme toujours en altitude, il y a un petit décalage avec la côte, bien que nous soyons très proches. L'hiver côtoie encore le printemps, et beaucoup de fleurs s'épanouissent à peine, de même que les bourgeons de certains arbres ou arbustes. Je repère des fleurs que je n'avais encore jamais vues, car il suffit de changer de date en un lieu donné d'une année sur l'autre pour découvrir une montagne tout à fait différente.

Justement, la voie bleue ne ressemble pas à notre souvenir, mis à part sa pente toujours aussi prononcée. Max s'est pourvu cette fois d'un coupe-coupe de bonne taille genre machette amazonienne appartenant à David pour dégager un chemin qui n'est pas encore envahi par la végétation étouffante qui nous avait tant fait transpirés : fougères et ronces pointent à peine, suffisamment quand même pour nous occasionner quelques bonnes griffures, avec la contribution des ajoncs en fleurs et de l'aubépine, aux épines acérées.

Quelques passages sont réellement impressionnants, notamment à cause de la pente emplie de buissons piquants où nous craignons d'être précipités. La semelle glisse par endroit, ailleurs, il faut s'accrocher des deux mains aux rochers ou aux plantes, poser le genou pour escalader (un peu) lorsque la jambe est trop courte et le muscle trop raide, contourner des obstacles, enjamber le vide... C'est un peu l'aventure.

Lentement, nous progressons vers le sommet, l'imaginant proche alors que nous avons simplement franchi un palier et que nous changeons de difficulté en même temps que de terrain. La montagne est encore plus belle lorsqu'on se la gagne ! Le souffle ample de l'espace s'emplit d'odeurs en caressant les flans et transporte les bruits par vagues. Un calme inattendu focalise l'attention sur un pépiement d'oiseau, la chute d'une pierre qui rebondit ou un insecte qui grésille.

Les acacias en fleurs dont nous avions admiré la blanche parure odorante sur le trajet jusqu'à Bidarray préfèrent les basses altitudes, et sont remplacés par les noisetiers aux doux chatons, les hêtres au feuillage léger, vert clair, et les chênes qui étirent encore leurs carcasses dénudées, silhouettes insolites aux membres torturés.

La roche rouge semble à peine dégagée de sa gangue de terre, protégée de l'érosion par une strate dure et grise. Parfois, des plantes s'agrippent à cette verticalité, enracinées dans un semblant de terre et recourbées vers la lumière, véritables défis à la gravitation terrestre. Un étroit sentier longe l'obstacle, où nous découvrons par endroits ldes crottes rondes des brebis en amas serrés qui avaient dû apprécier, sinon la vue, du moins l'ombre reposante et la protection par rapport aux intempéries.

 

 
Page 1/2

 

 

Max, Richard, Serge, Jean-Louis B., Xavier, Véronique, Jean-Louis, Cathy
Irubela
Lundi 1er Mai 2006