Lorsque Hassan vient nous chercher
à l'hôtel pour nous reconduire à l'aéroport, Richard dit en plaisantant
au reste du groupe "A tout à l'heure !". Il ne croit pas si bien dire.
Lorsque nous arrivons dans l'aérogare, il se précipite dans une file
avec un panneau Ibéria dont l'heure de départ est proche de celle de
notre vol avec Atlas-Blue, mais le numéro ne correspond pas. Je le
laisse attendre là avec Jean-Louis, Jonathan et Anna, et je pars me
renseigner : j'apprends avec horreur que notre vol a été purement et
simplement annulé ! On m'envoie à un autre guichet où j'espère trouver
une solution rapide au problème sans prévenir les autres, pour ne pas
les affoler inutilement.
Pendant ce temps, ils ont avancé dans la file et commencent à s'inquiéter (et s'énerver) de mon absence et me font appeler par haut-parleur (je n'entends rien, je suis en train de batailler pour trouver un autre vol au fond d'un bureau). Ils finissent par apprendre que le vol Iberia est surbooké et que les derniers passagers ne peuvent embarquer (ils n'ont pas encore saisi que ce n'est pas notre vol et qu'il s'agit d'un autre problème).
Bref,
je finis par les rejoindre après
avoir vu qu'aucune solution rapide n'était possible et je les
mets au courant. Puis je cherche à voir un responsable d'Atlas
Blue (injoignable,
évidemment), dont le bureau est au-delà des travaux d'agrandissement
de l'aéroport dans un bâtiment éloigné,
je reviens aux nouvelles, je repars au même
endroit voir si nous pouvons trouver des places sur Easy Jet, compagnie
avec laquelle les 7 autres membres de notre groupe repartent. Evidemment,
le vol est complet et le prochain est prévu pour le lendemain soir
tard. Je reviens voir où en sont les autres au premier aéroport,
repars m'enquérir
des prix (très onéreux) des billets d'Easy Jet, retourne
demander leur avis aux hommes qui m'attendent toujours, assis dans
le hall à picorer
mandarines et dattes... Je n'en peux plus, il faut que je me restaure.
Jean-Louis prend le relais (des heures se sont déjà écoulées
depuis que nous avons appris l'annulation de notre vol et nous avons
vu nos 7 compagnons de voyage partir sans encombre, nous abandonnant à notre
triste sort avec un peu de honte).
Il
faut dire que je bataille ainsi parce que Atlas Blue et les responsables
de l'aéroport passent leur
temps à se renvoyer la balle, nous envoyant périodiquement
un gars, puis un autre, nous laissant dans l'incertitude la plus totale,
disant
qu'ils nous trouveront un vol de retour d'ici le soir, ou alors dimanche,
ou peut-être lundi (jour de mon opération à l'épaule
et de la reprise du travail de Jean-Louis et Richard), que nous passerons
la nuit à
l'aéroport, que l'on nous trouvera un hôtel, etc., etc.
Nous finissons par comprendre au fil des heures que nous sommes 43
personnes en rade
(sans compter le surbookage d'Iberia), que notre vol a sans doute été
annulé parce que Atlas Blue, filiale de Royal Air Maroc, trouvait
que nous n'étions pas assez nombreux pour rentabiliser le trajet.
Le problème
est rendu plus aigu encore pour ceux qui passaient par Madrid et
continuaient plus loin (Baléares, Londres, Le Caire) et ont
raté leur
correspondance : ce sont eux qui crient le plus fort et assourdissent
le pauvre clampin envoyé sur le front pour nous faire patienter
et qui n'en sait pas plus que nous.
Au
bout de 7 heures, il fait nuit noire et les choses semblent s'arranger
pour nous, mais comme on nous a tellement baladés et soufflé le chaud
et le froid, nous ne sommes sûrs de rien. Un gars est au téléphone,
énervé, en train d'appeler des hôtels et riads pour nous héberger cette
nuit du samedi soir (apparemment, Marrakech est plein comme un oeuf
et cela semble une gageure, surtout qu'il cherche à nous regrouper
en grands groupes pour limiter les accompagnements en minibus qu'il
a dû aussi faire venir). Un premier groupe part, ce sont les Espagnols,
puis un second. Puis il dit qu'il a trois chambres de deux, il lui
faut six personnes (nous sommes 5, et nous nous joignons à un couple
de jeunes Polonais), et je me dépêche de lui dire que cela ne nous
gêne pas du tout de dormir sur un matelas supplémentaire par terre.
Ouf, ça marche ! Le jeune envoyé par le riad est d'accord, doit-il
nous préparer à manger ? In petto, je demande au gars d'Atlas Blue
s'il prend en charge le dîner et le petit déjeuner. OK ! C'est parti...
Le
minibus nous emmène dans la partie
du souk la plus sordide, maintenant au repos, les échoppes aux
volets fermés et toutes les ordures répandues dans les
ruelles au sol inégal
de terre battue. Nous attendons quelques instants devant une mosquée
et le jeune du riad nous emmène, traînant nos valises,
par des ruelles de plus en plus étroites... Une lourde porte
décorée s'ouvre, et nous
nous retrouvons au paradis. Au centre du patio, dans un bassin en forme
d'étoile flottent des roses multicolores. Les lumières
tamisées
éclairent des loggias d'un luxe confortable et discret. Les
balustrades attirent nos yeux vers le ciel étoilé. L'escalier éclairé de
bougies
à chaque marche nous mène à la terrasse dont un
coin abrité d'une tente
à la berbère est équipé de divans en angle
droit autour de tables basses : c'est là que nous dînerons.
Nos chambres au rez-de-chaussée sont
doucement éclairées par onze lampes (Richard le statisticien
les a comptées), la salle de bain est comme un rêve. Nous
oublions tous les tracas des heures passées et nous nous laissons
dorloter.
Le
lendemain matin, lever 4 heures, petit déjeuner extraordinaire
en présence
du maître de maison très
distingué qui s'excuse de "cet en-cas frugal" et nous
souhaite un bon retour. Une fois encore, à l'aéroport, la machine administrative
marocaine nous freine
: les Polonais doivent batailler tant et plus en anglais au téléphone
pour obtenir que le guichetier accepte d'enregistrer leurs bagages
et les laisse partir
-
et pendant ce temps, nous attendons derrière
et voyons l'heure tourner, allons-nous manquer le départ ? -.
Après un dernier contrôle de passeport infiniment long
(nous piétinons),
Jean-Louis pousse un hourra très malvenu, il est foudroyé du
regard par le dernier cerbère qui marmonne en arabe, et nous
courons à l'assaut de notre avion : nous sommes presque les
derniers et il est en retard, il attend que
tous les passagers soient montés, heureusement que ce n'est
pas comme le train !
Pierre et Rose, Xavier, Max, Michèle, Julien et Jérémy, Richard et Anna, Cathy, Jean-Louis et Jonathan | Maroc
2007 |
28 octobre au 3 novembre 2007 |