L'architecture
gréco-romaine a été tellement
imitée à travers l'Europe que seules les basiliques m'ont
réellement étonnée. Edifices d’inspiration
grecque qui apparaissent au IIe siècle av. J.-C., il s'agit
de bâtiments couverts qui servent de lieux de réunion
civils ouverts au public et dont certains sont mis à la disposition
des chrétiens avant la construction de basiliques
spéciales
pour eux à partir du IVème siècle, dont le plan
sera repris plus tard dans les églises romanes. Intérieurement,
celles que je visite me semblent lourdes, chargées, les piliers
sont énormes et anguleux, les murs couverts de peintures et
de dorures.
Elles
paraissent davantage faites pour en imposer que pour inspirer à la
prière, pour écraser les fidèles
dans d'énormes volumes que pour élever les âmes
et les lignes architecturales vers le ciel. Certes, elles sont un réceptacle
de chefs d'oeuvre, tout comme la ville de Rome, extraordinaire caléidoscope
des siècles passés, dont le centre est consacré depuis
1980 patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco, mais je
leur préfère mille fois (religieusement parlant) les
lignes pures et dépouillées
de la petite église romane de Moirax ou les entrelacs aériens
des flèches et arcs brisés des cathédrales gothiques.
Le
second jour, nous avons réservé pour la visite de 9 heures à la
Villa Borghese, surtout intéressante pour sa collection
de peintures et sculptures et le grand parc au sein duquel elle est
nichée. Levés avant l'aube, nous traversons la cité pontificale éclairée
des premiers rayons du soleil par des rues encore tranquilles. Les
places et parcs sont presque tous ornés de fontaines sculptées
de toute beauté
qui
doivent avoir un attrait encore bien supérieur durant les chaudes
journées estivales. L'aspect de la villa a beaucoup changé au
cours des siècles, depuis la simple propriété entourée de vignes acquise
par les Borghese en 1580, transformée par le cardinal Scipion en "villa
di delizie" en 1633 avec la participation des Bernini,
puis
les interventions ultérieures sur le parc ou la maison. Nous nous promenons
parmi les chefs d'oeuvre, tous plus beaux les uns que les autres, et
j'éprouve un véritable choc émotionnel en découvrant les sculptures
du Bernin "Apollon et Daphné", "l'enlèvement de Proserpine" et "Enée
et Anchise". Nous n'avons pas le droit de prendre de photos dans le
musée, mais je les retrouve sur Internet, bien que cela ne remplace
pas le contact direct avec ces sculptures.
Tout
a été dit à leur propos, et j'écoutais
les commentaires d'une guide italienne s'adressant à un groupe
de Français qui appliquait des mots sur ce que tout le
monde ressentait intuitivement : la perfection des corps, la fixation
du mouvement suspendu en pleine action en même temps que celle
des sentiments (Daphné qui réalise avec terreur qu'elle
se transforme en laurier alors
qu'Apollon
n'a pas encore
compris ce qui se passe et s'étonne - le désespoir
de Proserpine en pleurs qui se débat vainement tandis que
les doigts de l'homme s'enfoncent cruellement dans sa cuisse), la
torsion des postures qui permet d'admirer
la sculpture sous tous ses
angles
et
d'en faire
le tour. Enfin, l'art extraordinaire de pouvoir d'un bloc de pierre
brut sculpter de telles merveilles : je me demandais par où il
avait commencé, comment le Bernin s'était organisé,
s'il l'avait d'abord créée des jours durant dans sa tête,
ou sur le papier, ou dans la terre glaise, avant de se lancer et de
donner le premier coup de burin.
Nous nous promenons longuement dans Rome, découvrant avec un égal plaisir les petits quartiers tranquilles, les ruelles pavées inégalement flanquées de petits magasins sympathiques et de palazzi pas toujours très entretenus (notamment au quartier du Trastevere, de l'autre côté du Tibre), les grands boulevards bruyants, pollués et dangereux bordés de grandes maisons bourgeoises et de bâtiments administratifs somptueux, les places très vivantes, souvent encombrées de marchés et de vendeurs de peintures ou objets divers, les mendiants et les émigrés du Tiers Monde avec leurs étalages à la sauvette, qui s'enfuient devant les carabinieri pour s'installer un peu plus loin...
![]() |
Rome |
![]() |
22 au 26 Février 2007 |
||
Groupe de 14 : les jeunes (Sylvain, Cédric, Nora, Anna, Caroline et Mélodie)
et Cathy, Jean-Louis, Richard, Xavier, Michèle, Max, Elisabeth et Jean-Louis
B. ![]() |