Val d'Azun
15 juillet 2007 : Richard, Max, Jean-Louis B., Jean-Louis et Cathy

Concilier nos envies, même lorsque nous ne sommes que cinq, n'est pas toujours chose facile. Richard piaffait déjà lorsque Jean-Louis a voulu s'arrêter prendre du pain (et des chocolatines), puis un café (le petit-déj' était déjà loin), et dès que nous sommes arrivés au point de départ de la balade, il a sauté dans ses chaussures, pris ses bâtons, et s'est élancé sur le sentier sans se retourner. Max ne pouvait pas moins faire que de le rattraper quelques lacets plus haut, et il ne l'a plus lâché, marchant sur ses talons.

Les deux Jean-Louis et moi n'avons, ni ces capacités sportives, ni le goût de la performance, et nos limites corporelles nous obligent littéralement à cheminer d'un pas de sénateur (-trice) en profitant du paysage. Bien sûr, les autres s'arrêtent de temps à autre, le temps de faire deux-trois photos, ils nous laissent les rattraper pour redémarrer presque aussitôt... L'oeil sur le chronomètre, ils remarquent cependant que nous n'avons mis "que" 2h30 pour faire l'ascension annoncée en 3h ! Histoire de dire que nous avons l'air d'escargots, mais que nous sommes meilleurs que le randonneur moyen estimé... Une qui est rapide, c'est la marmotte, le temps de sortir mon appareil photo, elle avait déjà tourné le dos et se carapatait en deux temps trois mouvements entre les rochers : grosse mais souple !

A l'une de ces haltes-éclair, Richard entame déjà son déjeuner : évidemment, comme il ne mange rien le matin, il a faim plus tôt ! Et lorsque nous déjeunons tranquillement près du lac de Migouëlou, il finit son repas avant nous, fait sa sieste, toujours en avance, se relève en quête d'un coin ombragé qu'il ne trouve pas et redémarre bientôt vers le col. Nous réveillons Jean-Louis en hâte pour ne pas nous laisser trop distancer et Max, comme auparavant, le rattrape pour ne pas être de reste !

Au col, les deux compères nous attendent un moment, puis commencent l'ascension un peu acrobatique, surtout avec les rafales de vent, du petit pic attenant. Jean-Louis et moi les y rejoignons tandis que JLB se repose près d'un petit névé. Comme je tarde un peu à redescendre, les hommes entament une défoulante bataille de boules de neige. Au mois de juillet, c'est bien plus marrant ! Ils ne s'arrêtent que lorsque leurs mains sont trop gelées.

Nous apprendrons à notre retour que Richard a eu des problèmes avec son pique nique : la sauce a tourné, il n'a pu avaler que deux sandwichs sur quatre, et son déjeuner est parti dans le second lac... Il a été obligé de compenser par le reste de pain de Max, et du chocolat. C'est pour çà qu'il était si léger pour faire la totalité de la descente en courant, presque d'affilée jusqu'à la voiture - moins 100 m, que Max, plus endurant, a parcourus avant lui, le devançant et venant à sa rencontre au volant -. Bien sûr, il voulait que Max retourne au parking, pour qu'il ne rate pas un centimètre, malgré son épuisement, mais Max a refusé !...

Nous autres, nous n'avons pas de ces exigences, et nous sommes bien contents de ne pas avoir eu à parcourir les derniers kilomètres pour remonter la route jusqu'au point de départ. Les deux compères conviennent que, si nous n'avons pas effectué autant de distance qu'eux, nous avons marché une heure de plus (en freinant à chaque pas dans la descente sur les cailloux instables, ce qui est très éprouvant pour les muscles des cuisses) : au bout du compte, c'est nous qui en avons fait le plus ! (Arithmétique spéciale du randonneur tranquille)

Je reviens sur cette notion de Parc National : cela me fait penser aux difficultés de création de la maison de l'environnement à Anglet. Les Pyrénées sont fréquentées par les hommes depuis des millénaires, et dès l'apparition de la culture et de l'élevage, les forêts ont commencé à disparaître (y compris pour les utiliser comme bois d'oeuvre, charbon de bois et combustible pour affiner les minerais de fer et autres). Beaucoup plus récemment, il y a eu cette maîtrise des cours d'eau et la construction de canaux, de conduites forcées, de barrages, hydroélectriques ou non. Enfin, il y a eu la création des stations de ski, sans compter l'engouement toujours croissant des randonneurs en toutes saisons, qui peuvent librement accéder en tout lieu du Parc, à condition de le respecter (devoir moral qui n'est absolument pas contrôlé). Alors, quel peut être l'effet réel de cette mesure sur la biodiversité ? La réintroduction de l'ours pose toujours problème, bien entendu on ne parle pas de celle du loup, les vautours ont défrayé la chronique récemment, quelle cohabitation possible entre les grands prédateurs et nous ? C'est comme restaurer une église : quelle époque privilégier, et quels aménagements supprimer pour restituer l'oeuvre originale ? Faut-il remonter au baroque, au gothique, au roman ? Pour la montagne, on a supprimé la chasse dans le Parc, faudrait-il supprimer l'élevage ? et notre propre fréquentation ?

J'ai un dernier petit regret - on ne peut pas tout faire - en regardant le site Internet du val d'Azun : en nous promenant ainsi toute la journée sur les hauteurs, nous avons manqué la visite culturelle de la vallée, où les villages pittoresques ont conservé nombre de leurs coutumes d'antan, affinage des fromages de brebis, vache ou chèvre, fabrication du "vin de pomme" (cidre), moulins, artisanat divers, et entretiennent précieusement leurs petites églises et leurs fermes flanquées de poulaillers en forme de maisons miniatures. La proximité de Lourdes engendre un artisanat bien spécifique : l'utilisation du buis qui pousse à profusion dans la montagne pour réaliser de superbes chapelets. Il faudra revenir...

 

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