Les
canyons d'Holzarté et d'Olhadubi sont creusés sur un flanc
du grand massif calcaire du Pic d'Anie - La Pierre St Martin. Les premières
explorations spéléologiques connues
remontent à 1818 dans la grotte Napia et reprennent
vers le milieu du XIXème siècle au même endroit
jusqu’à la
cote +130. Vers 1890, des naturalistes locaux (Duffau, Veisse et Bourgeade,
Larre et Casamayor) commencent à explorer des canyons et des
puits au-dessus de Sainte-Engrâce et vers le col de la Pierre
Saint-Martin. Entre 1892 et 1909 ils sont rejoints par Fournier puis
par E.A. Martel
et ses compagnons qui effectuent plusieurs reconnaissances et explorent
les canyons de Kakouetta, Holzarté et Olhadubi. -
Photo : La petite couleuvre coronelle girondine. -
Entre
1930 et 1939, M. Cosyns, quelques spéléologues belges et
N. Casteret, plus ponctuellement, poursuivent les recherches qui reprennent
en 1948. En 1950 dans le cadre
des expéditions Cosyns, G. Lépineux découvre l’entrée
du gouffre de la Pierre Saint-Martin. Profond de 320 m, le puits Lépineux
est descendu la première fois en 1951, mais en 1952 se produit
l’accident mortel de Marcel Loubens à cause d’une
défectuosité du treuil. En 1953, le fond de la salle de
la Verna est atteint à - 734 m. C’est le record du monde
de profondeur à l’époque et la découverte
du plus gros volume souterrain connu (3,9 millions de m3). Considéré comme
"l’Everest" des
profondeurs, le gouffre de la Pierre Saint-Martin devient un mythe dans
le milieu spéléologique (Tazieff, 1954 ; Queffelec, 1967-1994
; Pernette, 1983 ; Labeyrie, 2005). - Photos : Couleuvre
coronelle girondine. -
Depuis,
l’exploration spéléologique
et scientifique du massif se poursuit loin des battages médiatiques.
De 1951 à 2006, plus de 370 km de puits et galeries sont explorés
et topographiés au cours de plusieurs dizaines de milliers d’heures
d’exploration. Afin de coordonner ces recherches, l’Association
pour la Recherche Spéléologique Internationale à la
Pierre Saint-Martin (ARSIP) est créée en 1996. Fin 2006,
le nombre de gouffres explorés est impressionnant : plus de
1900 sont répertoriés, 220 dépassent 100 m de
profondeur, 51 les 300 m, 17 les 500 m et 4 les 1000 m. La carte spéléologique
montre une densité remarquable de réseaux souterrains.
En outre, grâce à des traçages souterrains à la
fluorescéine indiquant les relations hydrologiques entre les
réseaux,
les spéléologues déterminent avec précision
quatre grands bassins d’alimentation et quelques bassins périphériques
mineurs. - Photo : Primevère farineuse. -
Une
telle karstification souterraine
et superficielle est due à des
conditions géologiques et géomorphologiques
favorables. La couverture carbonatée de
plate-forme du Crétacé supérieur
(Santonien, 80-85 millions d’années), formée par l'accumulation
de sédiments marins sur une épaisseur
de 350 m en moyenne et très fracturée, recouvre
directement le socle paléozoïque de la vieille chaîne
hercynienne constituant la Zone Axiale Pyrénéenne. Cet ensemble
couverture et socle a été plissé et
soulevé par l’orogenèse pyrénéenne qui
débute
au Lutétien, à l'Eocène moyen, vers - 45 millions d’années.
Au
Miocène, le plissement pyrénéen s’achève
et une surrection épirogénique affecte
les Pyrénées
jusqu’à aujourd’hui.
Pendant cette surrection importante, l’érosion de la couverture
imperméable de flyschs et de calcschistes du
Campanien-Maestrichtien permet à la karstification de débuter
dans les calcaires santoniens sous-jacents. Entre
-20 et -6 millions d’années,
dans des conditions de climat subtropical, la couverture sédimentaire
est soumise à une intense
altérogenèse, d’où la présence de poches
d’argile rouge. - Photos : Polygale
du calcaire (bleu). Fritillaire noire. -
Lorsque
nous avons fini de remonter l'enfilade des deux canyons, nous traversons
le torrent qui se jette en cascade d'un étage à l'autre de
la montagne. Sur le versant opposé, la végétation est
bien différente, la forêt a disparu depuis bien longtemps car
les bergers pratiquent le brûlis pour maintenir la présence
de prairies pour le bétail.
Un espace carbonisé étale ses plaques noires de végétation
sacrifiée. Nous
observons face à nous l'aval de la gorge préservé par
son encaissement qui contraste avec l'amont très
anthropisé aux fermes et villas desservies par une route, séparés
par le milieu forestier qui n'intéresse plus désormais et n'est
plus exploité. Nous
nous penchons pour admirer les clochettes bleues enjuponnées de blanc
du petit polygale du calcaire. La
fritillaire noire, une fleur endémique des Pyrénées
que nous avions vue au lac de Lhurs,
dans le cirque de Lescun, ressemble à une
tulipe et s'établit dans des stations rares en Pays Basque.
Sa
corolle
ourlée de jaune a une curieuse couleur marron fumé et une texture
légèrement translucide. Sous l'effet de son poids, elle courbe
sa tige en une crosse élégante. Toutes ses parties sont
toxiques, et tout particulièrement
le bulbe.
- Photo : Couleuvre coronelle girondine dans le flacon. -
Dimitri
débusque à la volée une minuscule
couleuvre coronelle lisse (ou girondine ?) qu'il enferme
un moment dans un bocal afin de nous la montrer plus à loisir. Comme
tous les serpents,
c'est un animal protégé depuis 1976, et il faut bien se garder
de lui faire mal. Comment différencier les
deux espèces ? L'ONF indique que la Coronelle lisse se trouve au
nord d'une ligne Royan - Digne, alors que son homologue
girondine vit au sud de cette même ligne (sauf en Corse). La première
est diurne et ovovivipare, la seconde plutôt crépusculaire et
nocturne, et ovipare. La
Coronelle girondine possède un
bandeau noir ne dépassant pas l’œil en direction du museau
(que l'on aperçoit nettement sur une photo ci-dessus).
A l’aplomb de
l’œil pend une petite larme noire qui fait défaut chez
la Coronelle lisse.
Elle a également une face ventrale
nettement
bicolore
avec un damier noir sur fond saumon, rosé ou jaune. Son hibernation
s'est
terminée fin mars - début avril et la période d'accouplement
actuelle s'accompagne
de violents combats
entre mâles. Lorsque Dimitri la libère, elle s'échappe
prestement pour disparaître entre les herbes et sous les pierres. J'admire
sa reptation aisée,
très différente de celle du ver de terre que j'ai plus souvent
l'occasion de voir, qui progresse à la façon d'un ressort en
se plissant et se détendant,
mais elle est si rapide que je ne saurais la décrire exactement. -
Photos : Couleuvre coronelle girondine. Limace en escalade. -
Les
découvertes des spéléologues attirent les convoitises
d'EDF qui
creuse à la fin des années 50 un tunnel de la salle de
la Verna à Logibar
où
se trouve une station électrique que nous avons remarquée
près
du parking des voitures.
Le projet d'installation d'une centrale hydroélectrique
dans la grotte, abandonné en 1960, est repris par la Société hydroélectrique
du Midi (SHEM) qui aménage en 2008 un lac de retenue souterrain
dont l'eau est amenée
par une conduite forcée de 4 km à l'usine de Sainte-Engrâce.
Cet aménagement s'accompagne
conjointement d'une mise en valeur touristique et permet l'ouverture récente
de
la
grotte
aux
visites
du public. - Photo : Cascade. -
Préalablement
à ces travaux, la SHEM obtient par un décret de 1993 une
concession pour l'installation d'une usine hydroélectrique sur
la rive du gave d'Holzarte, fonctionnant par le captage des eaux
des ruisseaux Olhadoko, Pista et Ardaneko. Le
barrage a une longueur en crête de 30 mètres environ
et une hauteur approximative de 14 mètres. L’énergie électrique
est produite en vue de sa fourniture à la S.N.C.F. ou à E.D.F.
Le décret spécifie que le concessionnaire
mettra en oeuvre avant le démarrage de l’exploitation
des études hydrobiologiques, sur un cycle annuel, de la faune des
invertébrés
(microfaune interstitielle, faune lotique,
biomasse, avec un inventaire des espèces endémiques
des grottes et fissures en relation avec le fond de la gorge), de la faune des
vertébrés aquatiques, avec une étude spatiale
complémentaire sur une station de la gorge d’Olhadoko
pour une étude de suivi des espèces rares comme le desman des Pyrénées
et l’euprocte des Pyrénées.
Il devra aussi entreprendre une étude
intensive de l’avifaune et de ses sites de reproduction dans les
gorges, les falaises et la forêt d’Holzarté permettant de
déboucher sur une cartographie.
- Photo : Lamier jaune. -
En
outre, le concessionnaire (la Société hydroélectrique
du Midi - SHEM) assurera un suivi écologique sur le
canyon du gave d’Olhadoko pendant une durée de deux ans à compter
de la mise en service de l’aménagement, clôturé par
un rapport de synthèse
(que je n'ai pas trouvé sur Internet). Enfin, le décret stipule
que, pour compenser les
dommages
que
la
présence
ou le
fonctionnement
de la chute apportera à la
reproduction des poissons, le concessionnaire fournira chaque année,
aux époques
et sur les points indiqués par le service chargé de la pêche
en eau douce, des alevins dont les espèces, l’âge et les
quantités
seront également indiqués par ce service, sans que toutefois
la dépense correspondant à cette fourniture puisse dépasser
la valeur de 9 000 alevins de truites fario de six mois, dont
4 740 alevins pour le ruisseau d’Olhadoko et 4 260 alevins à répartir
dans les ruisseaux d’Ardaneko et de Pista, soit 7 059 F (valeur janvier
1991)...
Mais
on peut lire à la suite que "la société concessionnaire
aura la faculté de se libérer
de l’obligation de repeuplement résultant du paragraphe ci-dessus
par le versement annuel au Trésor public, à titre de fonds
de concours, du montant de la redevance"... La SHEM exploite aussi dans
les parages l'usine de Licq-Atherey à Sainte-Engrâce, celle
de la Verna au coeur du massif de La Pierre St Martin sur la rivière
St Vincent et celle du Moulin de Datto au fil de l'eau sur le gave du Saison.
- Photo : Desman des Pyrénées ou Rat-trompette.
-
Je
fais un petit aparté sur le Desman des
Pyrénées
ou Rat-trompette (à cause de la forme de son museau) mentionné dans
ce décret de concession hydro-électrique comme une espèce
rare de la gorge d'Olhadoko (d'Holzarte). Petit
mammifère
de la famille des talpidés
qui ne vit que dans les Pyrénées, au nord de l'Espagne et
au Portugal, c'est
un insectivore semi-aquatique, vivant à proximité des
torrents et de mœurs essentiellement nocturnes. Il émet
de petites bulles de manière continue lors de ses déplacements
aquatiques. Cette technique de localisation semble très proche de l’écholocalisation des
proies, à la manière d’autres mammifères
aquatiques, tels que les delphinidés. En 1811, Étienne
Geoffroy Saint-Hilaire écrivait à propos de sa découverte
que cet étrange animal ne se trouvait jamais au-dessus de 1000 mètres
d’altitude. Aujourd’hui, on aperçoit des desmans à plus
de 2000 mètres d’altitude au niveau des lacs d'Ayous. Cette évolution
alarmante montre qu'il se réfugie de plus en plus haut pour
se préserver. - Photo : Gentiane de
Koch. Criocère du lis (coléoptère) ?-
Compris
parmi les 79 espèces
animales répertoriées comme vulnérables en France, il
est pourtant jugé nuisible par les pisciculteurs et tué par
centaines, du fait de croyances populaires erronées. Par ailleurs,
les usines hydroélectriques font varier le débit
du courant,
la profondeur, l’acidité et la teneur en oxygène de
l'eau, provoquant irrémédiablement la mort des larves de
trichoptères
et d’éphéméroptères qui constituent principalement
son alimentation. Les pollutions par des
décharges sauvages influencent également l’écosystème
aquatique. L’avenir du desman, espèce
emblématique des Pyrénées, tant en France que dans la
péninsule ibérique, repose à l’évidence
essentiellement sur la conservation et la restauration de son habitat. -
Photo : Pavot jaune. -
Dans
le vaste espace à découvert, les sons se propagent librement
et nous entendons un concert mêlant la chute du torrent sur les
roches, les stridulations des grillons, les pépiements et les
chants des oiseaux. Nous
poursuivons nos observations dans la prairie pentue où fleurissent
la scille printanière,
l'orchis mâle, la
bartsie des Alpes, la primevère farineuse (car sa tige est à points
blancs),
la
gentiane, le lamier (ou de la Sauge ?), l'orchidée platanthère à deux
feuilles, l'astragale (à ne pas confondre avec la réglisse),
le lys martagon (qui est une plante protégée), la gentiane
de Koch, la germandrée
des Pyrénées. Dimitri
reconnaît un faucon pèlerin
en vol, réputé pour être
l'oiseau le plus rapide du monde (avec un piqué chronométré à 389
km/h !). Un faucon crécerelle fait du sur-place, la tête immobile
et le regard fixé sur sa proie. Le
pipit des arbres, qui est un oiseau migrateur, fait
entendre un 'pipit' différent
lorsqu'il monte et ou qu'il descend.
C'est
très amusant à observer. "Les mâles commencent à se
manifester lors des belles journées d'avril. Ils se montrent alors
très démonstratifs dans leurs évolutions aériennes.
L'oiseau prend son envol d'un perchoir élevé, souvent d'un
grand arbre, monte en ligne oblique et, en un long crescendo, émet
une note répétitive ;
puis
les pattes pendantes, la queue relevée,
les ailes entrouvertes et tenues hautes, il revient en parachute, toujours
chantant, à son point de départ. Il se posera en un final vocal
très caractéristique se traduisant par un 'ti.a-ti.a-ti.a-ti.a'
très prononcé, de plus en plus étiré." -
Photos : Gentiane de Koch. Taupin. Faucon
crécerelle ?-
Un
vautour percnoptère
plane en altitude. Dimitri
attrape un taupin, un petit insecte qui creuse des galeries dans le sol,
d'où son
nom. Lorsqu'on
le met sur le dos, il s'arcboute
en coinçant son abdomen et saute pour se retourner. Un pan de falaise
apparaît à nu sur le bord du chemin. Nous
effectuons le test du couteau : s'il est rayé, c'est que le sable
est siliceux. Comme il ne l'est pas, nous savons qu'il s'agit de grès
formé d'un sable de calcaire mêlé à du calcaire
et du calcaire argileux. La
strate de calcaire repose directement sur une strate du secondaire dont
les couches avaient été dégagées par l'érosion.
Dimitri fait une pause et nous explique comment distinguer le chant
du grillon de celui du criquet.
L'ordre des Orthoptères (dont
les ailes sont en forme de toit) se divise en deux groupes, les Ensifères
et les Caelifères.
Le
premier regroupe les sauterelles et les grillons qui se reconnaissent à leurs
antennes qui le plus souvent dépassent
la longueur du corps. L'organe auditif, s'il est présent, se trouve
dans les tibias antérieurs (dans le genou doté d'une fente tympanique).
Ils
deviennent sourds, ou entendent moins bien, s'ils ont une patte arrachée.
Les Caelifères, qui comprennent
notamment les criquets, possèdent des antennes qui dépassent
rarement la moitié de la longueur du corps, l'organe auditif se
trouve dans le premier segment abdominal. Mais il y a aussi une différence
fondamentale au niveau du chant. Chez les sauterelles et les grillons,
le son est produit par le frottement des élytres l'une contre l'autre.
- Photos : Bousier - ? -
Chez
les criquets, la stridulation est très différente. Les
criquets chanteurs possèdent une crête stridulatoire sur
la face interne du fémur de la patte postérieure. Les sons
sont produits en frottant le fémur par des mouvements de va-et-vient
vers le haut et vers le bas contre la nervure radiale qui est légèrement épaissie.
Mais il existe aussi des espèces silencieuses, ou encore d'autres
qui grincent des mandibules comme les Miramelles.
Le
chant est généralement émis
par le mâle et sert à attirer la femelle, mais chez certaines
sauterelles ou chez les grillons et les criquets, les femelles peuvent
répondre aux mâles. Le grillon
femelle se distingue physiquement par la présence d'un
oviducte qui lui permet d'introduire les oeufs pondus dans la terre.
La cigale, elle, appartient à la famille des Cicadidae. Le mâle
possède
un organe phonatoire spécialisé,
les cymbales, qui est situé dans son abdomen. La
cymbalisation est le résultat de la déformation
d'une membrane (un peu comme le couvercle d'un bidon) actionnée
par un muscle. Le son produit est amplifié dans une caisse
de résonance
et s'évacue par des évents. Le
sphinx à tête
de mort (un papillon) fait du bruit avec sa bouche, le moustique grâce
à la vitesse du battement de ses ailes. Les organes de percussion
comme ceux de la cigale servent
à propager une vibration. - Photos : Chocard à bec jaune. Grillon
champêtre. -
Dimitri
ramasse une larve de papillon cachée dans
un fourreau protecteur
qu'elle a fabriqué à partir de fragments végétaux
assemblés avec de la soie. Il nous montre une fougère
pectinée
appelée
aussi 'blechnum spicant' (blechnon en grec désigne les fougères chez
Dioscoride
au 1er siècle de notre ère) dont les frondes stériles,
persistantes, sont assorties en été
de frondes fertiles qui partent du coeur de la plante et s'en distinguent
par des segments plus étroits.
Nous
apercevons (?) au loin la cascade de Pista. Des anémones
sylvie (c'est à dire de la sylve, de la forêt) tapissent
le sous-bois. Leur multiplication végétative par allongement
du rhizome de
deux à trois centimètres par an fait que ces plantes se
déplacent progressivement.
Par contre, leur capacité à suivre la course du soleil,
faculté dont la plupart des gens pensent que le tournesol est
doté,
me laisse perplexe.
Le premier à étuder ces mouvements est Charles Darwin qui
publie en 1882
'La
faculté motrice dans les plantes' rédigé avec
la collaboration de Fr. Darwin fils. Ces facultés sont en réalité de diverses
natures et provoquées par des mécanismes distincts. - Photos
: Larve d'un papillon Psyché (de la famille des Psychidae)
dans son fourreau de brindilles - Fougère pectinée. -
Le phototropisme,
expliqué
par l'université de Jussieu, fonctionne pendant la période de
croissance de la
plante. La lumière, captée par l'extrémité supérieure
de la jeune tige,
provoque l'envoi
d'une
substance vers le bas,
l'auxine,
qui se déplace préférentiellement vers la partie
opposée située dans
l'ombre, induisant un allongement plus important des cellules qui la fait se
courber
en direction du soleil de façon irréversible. C'est ce qui se
passe aussi pour le tournesol qui, une fois qu'il a atteint sa taille maximale
et que la fleur s'ouvre, reste penché vers l'Est - Sud-Est. Les
anciens sylviculteurs avaient
bien observé ce phénomène. Baudrillart, ce "compilateur
consciencieux et infatigable",
rapporte dans son Traité Général des Eaux et Forêts
publié en 1825 que l'orientation des troncs de chêne vers la
lumière permettait d'obtenir des bois de marine de courbures variées
et destinés à de multiples usages. Il semble même que
cet effet ait été systématiquement utilisé aux
XVIIe et XVIIIe siècle par les forestiers royaux.
Par
contre, l'héliotropisme,
décrit par l'INRA des Antilles, est un mécanisme réversible
: les fleurs ou les
feuilles de certaines plantes se déplacent
au
cours de la journée en fonction de la position du soleil. Le mouvement
de ces organes est possible grâce aux pulvinules qui sont des
massifs spécialisés de cellules, des pédoncules ou des
pétioles, qui peuvent se déformer assez rapidement en
fonction de la pression de l’eau interne. Les capteurs de la
plante qui repèrent la position du soleil sont des pigments
sensibles à la couleur bleue. Selon un biologiste de
l'université de Genève,
il
y
aurait
un
lien
entre
la
modification de la structure de la phototropine (un récepteur de la lumière)
et celle d'une
pompe à protons de la membrane des cellules du pulvinus. - Les phototropines sont
sensibles à la lumière bleue, ce sont des protéines, de grosses
molécules dont la forme influence les propriétés. La lumière bleue provoque
un changement de leur forme et les rend actives, c'est
à dire qu'elles
deviennent capables de modifier (par phosphorylation) la structure d'autres
protéines (pas encore identifiées dans le cas de l'héliotropisme) et de les
rendre actives à leur tour. - Photo : Escargot. -
La
manière dont le message parvient aux cellules motrices
n'est pas encore connue -. La
nouvelle conformation de cette pompe faciliterait, indirectement, le passage
de l'eau
au travers de
la membrane, entraînant un changement de turgescence et,
par conséquent, le mouvement de la feuille et de la fleur. Ce mécanisme
ressemble à un autre mouvement, également réversible,
dû à
la
sensibilité à l'humidité : en cas de pluie, l'anémone
referme
sa corolle pour protéger le pollen.
Toutes
les renonculacées sont toxiques.
Toute la plante est d’une âcreté extrême,
si bien qu’aucun animal n’y touche jamais. Cette espèce
contient les mêmes toxines que
toutes les autres Anémones, dont la protoanémonine,
qui est une substance vésicante et qui provoque de violentes
contractions musculaires, des coliques sanglantes, des troubles respiratoires
et
cardiaques et de l’hématurie
: 200g de cette plante peuvent suffire à causer
la mort d'un animal de 10kg. - Photos : Astragale. Arum
maculatum ou gouet tacheté, qui diffère de l'arum d'Italie par son spadice
violet.
-
Dimitri évoque en fin de balade son travail
d'expertise naturaliste qu'il effectue dans la Crau, où il doit inventorier
certaines espèces qui servent d'indicateurs sur l'état de santé de
la réserve. Le 7 août 2009, une vanne d'un pipeline qui
traverse la Réserve Naturelle
des Coussouls de Crau et relie Fos à Feyzin, a eu une fuite.
5 ha ont été pollués par le pétrole brut initialement
destiné à l'Europe du Nord. La société pétrolière
SPSE (Société du Pipeline Sud-Européen, dont le
capital est principalement détenu par Total, Exxon Mobil, Shell
et BP), responsable du désastre, est en train de restaurer la
zone protégée. Le sol a été raclé (excavation
de 66 000 tonnes de terres souillées),
puis recouvert de galets de la Durance. Contrairement à ce qui avait
été annoncé sur le moment, la nappe phréatique qui est sous la plaque
de poudingue a été également polluée, il faut aussi la nettoyer, pomper
l’eau,
la passer à travers des filtres. Après purification, elle est
ensuite rejetée plus bas. - Photo : Grillon
champêtre (ci-dessous). -
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Balade naturaliste avec Dimitri Marguerat | Holzarte |
28 avril 2011 |