Arsenale

Nous reprenons notre marche à travers le Dorsoduro et atteignons le pont du "Rialto", célèbre peut-être pour avoir gardé ses caractéristiques moyennâgeuses où les ponts n'étaient pas une césure dans la ville puisqu'ils étaient également recouverts de bâtisses et de commerces, cachant aux passants la vue de l'eau. Jusqu'à présent, nous avions trouvé Venise très tranquille. Nous déchantons : les touristes affluent en foules compactes sur le Rialto et aux alentours, achetant dans la hâte les marchandises à l'étalage, de la plus raffinée à la plus vulgaire. Les magasins se succèdent les uns aux autres dans les rues avoisinantes et la bousculade est à son comble. Nous errons un long moment et commençons à avoir faim. Nous sommes passés devant des "trattoria" en grand nombre, mais c'était trop tôt.

Maintenant que cela presse, les rues s'étirent, désespérément vides. J-L menace : quand il n'en pourra plus de marcher, il s'arrêtera, tout simplement, où que nous soyions. Heureusement, nous finissons par trouver une grande place calme dont un espace est aménagé en gradins pour le concert vespéral ou un spectacle théâtral. Nous nous installons à la terrasse de l'unique restaurant où nous déjeunons de pâtes tandis qu'un jeune couple installé à quelques mètres sur un banc à l'ombre d'un grand arbre s'embrasse continûment.

Enfin, nous allons récupérer nos valises, nous nous rendons par le vaporetto à la station Arsenale où, instruits par notre précédente expérience, nous ne tardons pas à téléphoner pour prévenir de notre arrivée Luiggia, la propriétaire de l'appartement que nous louons jusqu'à la fin du séjour. C'est son fils Luiggi qui finit par venir à notre rencontre, en retard bien qu'il soit venu avec son propre bateau. Il nous mène à deux-trois ruelles de là à notre logement propret mais bien moins pittoresque que le précédent, et qui comporte un défaut rédhibitoire. Imaginez : en ouvrant la porte des WC, dont le siège est tout au fond d'un long couloir, nous voyons à notre droite un petit renfoncement dans lequel a été installé un lavabo et un petit placard de toilette à miroir suspendu au mur. Nous allons visiter la cuisine-salle à manger, la chambre, retournons dans l'entrée où je pose la question : "Et la douche ?". Il ouvre de nouveau la porte des WC et nous dit : "Elle est là".

Nous nous avançons tandis qu'il explique : "Voyez, par terre, il y a la bonde d'écoulement de l'eau (à l'endroit où l'on pose les pieds lorsqu'on est assis sur la cuvette des WC) et, au mur, vous avez la paume de la douche accrochée à son support, ainsi que le rideau que vous pouvez déplacer pour le disposer autour de vous en arc de cercle au bout de ses baleines." Pas de bac de réception, l'eau tombe directement sur le carrelage. Quand je comprends l'installation, je fais une grimace. Dans un appartement spacieux comme celui-là, il faut tout de même être sacrément vicieux pour concevoir une telle incommodité. Nous sommes condamnés à nous mouiller les pieds à chaque fois que nous voudrons aller faire nos besoins ! Quelle horreur ! En outre, il n'y a ni fenêtre, ni ventilation, et l'eau stagne de longues heures après chaque douche ... Bref. Je préfère ne plus y penser. (A notre retour, lorsque je raconte ce désagrément à Babou, elle me confie qu'elle a vu une installation similaire d'une douche sans bac dans le logement où elle a couché à Florence : serait-ce une habitude italienne alors ?).

 

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