Burano

Du phare, nous gagnons en bateau Burano, l'île des dentelières. Quelques unes (grosses et vieilles, les yeux usés par le travail cachés derrière de grosses lunettes) sont assises à l'extérieur et manient prestement l'aiguille tout en bavardant. L'île, plus bucolique que la précédente, est également bâtie de maisons multicolores aux jardins et balcons très fleuris. Au débarcadère, un parc ombragé de grands arbres offre son tapis vert aux touristes fatigués tandis que les cigales sur les branches crissent avec ardeur. Là encore, les canaux et petits ponts à escaliers offrent de superbes points de vue sur les compositions de fleurs aux fenêtres. Les boutiques étalent en devanture leurs ombrelles de dentelle ajourée, vêtements, voilages et tissus d'une finesse extraordinaire.

Des cadres entourent les plus petites pièces mises sous verre pour les touristes, et dont les sujets s'inspirent de Venise ou du bestiaire domestique. De riches tissus d'ameublement et tentures complètent la collection, de fabrication extérieure à l'île, je présume. Le village est paisible, hormis la rue commerçante qui fait face au débarcadère où se déversent les foules arrivées par bateau. Un pêcheur ravaude son filet, un autre embarque son matériel, les portes sont ouvertes pour rafraîchir d'un courant d'air l'intérieur des maisons ; ces portes sont souvent divisées en deux parties, seule celle du bas étant ouverte, tandis qu'un rideau extérieur cache aux regards curieux l'intimité familiale. Enfin, après avoir fait des tours et détours au gré de notre envie, nous sommes obligés de demander notre chemin car il n'y a aucune évidence sur la direction à prendre pour retrouver le vaporetto : l'île, par définition, est entourée d'eau de toute part, les maisons se ressemblent toutes, nous n'avons aucun point de repère, ni promontoire, ni monticule d'où saisir une vue d'ensemble.

 

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