Dorsoduro

A l'arrivée, le temps de récupérer nos bagages, il est déjà près de 23 heures 30. Il fait noir, mais très doux dehors (23°C), où nous attendons le bus-navette qui nous doit nous mener à la "Piazzale Roma" par l'unique route qui relie Venise au continent - Je n'avais pas vu qu'il fallait prendre les tickets dans la gare, si bien que nous voyageons en clandestins, sans que personne ne nous demande rien) -. Puis nous gagnons le quai d'embarquement pour le vaporetto où là, je dois sortir pour la première fois mes billets de 10 000 lires (très impressionnant !) après avoir tendu, royalement, des billets de 1 000 lires que l'employé refuse dédaigneusement. - Pour savoir le prix en francs, il faut diviser par 1 000 et multiplier par 3,5, c'est simple ! Vive l'euro !).

Enfin, le charme de Venise nous saisit. Nous nous sommes assis tout à l'arrière, à l'air libre, dans le bruit étouffé des hélices qui brassent l'eau avec lenteur, et nous voguons sur le Grand Canal qui partage Venise en deux de son long cours en forme de S. De superbes bâtiments aux façades de style souvent gothique ou byzantin plongent directement leurs fondations dans l'eau sombre (juchées sur pilotis sans doute, comme partout à Venise). Des troncs d'arbres dénudés, parfois peints de couleurs vives comme des sucres d'orge, servent de points d'attache pour les canots à moteur et, parfois, pour des alignements de gondoles fines et racées qui ne servent plus désormais qu'à promener les touristes.

A notre grand étonnement, nous nous apercevons que le vaporetto s'arrête tantôt à droite, tantôt à gauche du canal, desservant tour à tour les deux rives, tandis que les petites embarcations l'évitent habilement et circulent dans le plus grand désordre (apparemment sans code de navigation ni aucune priorité). Au douxième arrêt, nous descendons devant l'église de Santa Maria delle Salute, érigée en remerciement de la fin de la peste qui décima la population en 1630. J'ouvre ma petite brochure de Venise, mais la lumière parcimonieuse des lampadaires me permet à peine de suivre le tracé des rues sans que je puisse déchiffrer leur nom sur le plan. Nous marchons au jugé dans les rues silencieuses (il est minuit et demie), gravissons les marches d'un petit pont arrondi sur un canal secondaire et les redescendons pour avancer sur la chaussée pavée, uniquement piétonne, du quartier du Dorsoduro (ainsi dénommé "dos dur" car il est établi sur une île au sol plus compact qu'ailleurs).

 

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