Dorsoduro
Nous parvenons enfin dans la bonne rue et la parcourons deux ou trois fois avant de trouver le bon numéro où nous sonnons. Pas de réponse. Nous essayons la sonnette au-dessus. Toujours pas de résultat. J'ai téléphoné depuis Paris pour prévenir notre logeur de notre retard, et il nous a averti qu'il serait de sortie, mais qu'il rentrerait vers les 23 heures 30, bien assez tôt pour nous recevoir à notre arrivée qu'il évaluait aux environs de minuit et demie. En désespoir de cause, nous finissons par sortir le téléphone mobile qui, après plusieurs essais infructueux (il persiste à s'éteindre au bout de quelques secondes), atteint celui de notre correspondant, qui nous reproche de prime abord de ne pas l'avoir prévenu de notre arrivée à l'aéroport de Venise !!! Il est à l'autre bout de Saint Marc, il lui faudra sans doute un quart d'heure - 20 minutes pour arriver. En fait, il mettra le double de temps.
Nous sommes épuisés par cette longue journée d'attente, et je me suis recroquevillée contre sa porte en cherchant un repos illusoire sur la margelle inconfortable. Je tente de m'abriter de la brise nocturne derrière les grands pots de fleurs, tandis que J-L s'est posté au fond de la ruelle, face à la lagune que le vent pousse en vagues brusques contre le quai et regarde les îles dans le lointain. Des punks passent, bruyamment, sans s'occuper de notre présence. Un petit homme poivre et sel, au pantalon noir moulant ses hanches minces, débouche au coin de la rue et s'avance en hélant son petit chien. Il nous ouvre enfin la porte tout en s'excusant pour l'attente qu'il nous a infligée et persiste à nous reprocher de ne pas l'avoir prévenu par téléphone de notre arrivée à l'aéroport de Venise.
Nous n'avons pas le coeur à discuter. Nous le suivons dans l'escalier étroit jusqu'au second étage, en notant au passage la décoration très originale des lieux : des tentures de teintes diverses accrochées de façon théâtrale remplacent les cloisons. Sur chaque marche menant au second étage est disposé un chandelier le long duquel les bougies consumées ont laissé couler leurs larmes de cire. Dans notre chambre, un baldaquin au voile crème surmonte un lit bas, simplement posé sur des cageots de plastique bleu renversés en guise de pieds ! Après un passage dans la salle de bain (très propre), nous nous écroulons dans le lit et dormons d'une traite jusqu'à 7 heures et demie.
2/2
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