Il Duomo
Déjà
le dernier jour à Venise ! Nous nous levons de bonne heure mais trouvons
déjà la queue pour la visite de la cathédrale dont
le guichet d'entrée n'est pourtant pas encore ouvert. Nous nous dépêchons
de monter au Campanile malgré l'air embrumé qui ne nous permet
pas d'avoir une vue bien dégagée.
Il
a plu dans la nuit, comme la veille, et nous ne risquons pas d'apercevoir
les Alpes ni la plaine du Pô. C'est à peine si nous distinguons
une partie des îles de la lagune autour de l'archipel serré
qui constitue Venise. Nous ne nous attardons pas et gagnons rapidement le
bout de la queue qui a déjà doublé de longueur depuis
tout à l'heure. Il n'est pas encore 9 heures 30, il faut attendre.
Nous patientons en relisant la brochure où figure la description
de l'intérieur du "Duomo".
L'entrée
est gratuite et, sitôt le signal donné, la file avance rapidement.
Evidemment, avec cette foule de touristes, cette cathédrale n'inspire
pas le recueillement mais plutôt l'étonnement devant toutes
ces dorures qui recouvrent la presque totalité de la voûte
en coupoles et ces immenses représentations de scènes et personnages
extraits de la Bible. Il faut payer par contre pour voir le "trésor"
(calices dont la matière et la forme a varié au cours des
siècles, coupes, plateaux, crosse et épée géante
très travaillée, et surtout, le plus curieux pour nous, reliques
diverses conservées dans des bocaux transparents : ossements, main
momifiée). Les deux pièces minuscules où nous nous
entassons sont d'une crasse à faire peur, y compris ledit trésor,
ce que je trouve assez choquant.
J'aurais
imaginé une pièce ressemblant à l'intérieur
d'une bijouterie, avec des vitres parfaitement transparentes protégeant
des objets d'une propreté rutilante. La réalité est
terne et sale. Par contre, nous ne regrettons pas d'avoir payé pour
accéder à l'étage supérieur qui expose "la
Pala d'Oro" (deux grandes planches accolées sur lesquelles sont
peintes des icônes qui devaient servir, je pense, lors des processions
religieuses). Nous apprécions surtout de nous être rapprochés
des voûtes : elles ne sont pas peintes.
Elles
sont entièrement recouvertes de mosaïques très fines
qui représentent un travail gigantesque. J'imagine les artistes sur
leurs échafaudages, tête et bras en l'air, en train de placer
des millions de minuscules céramiques, choisissant tour à
tour dans les récipients disposés à leurs pieds le
bon coloris et les bonnes nuances pour représenter les visages, les
yeux, les vêtements, avec des dégradés d'une grande
finesse.
Je
ne pense pas qu'ils aient pu suivre des traits préalablement dessinés
sur la voûte puisque la surface devait être recouverte d'un
enduit ou ciment pour fixer les pièces. Et tous ces motifs sont conçus
pour être visibles, reconnaissables, admirés et compris depuis
le sol, 20 ou 30 mètres plus bas. Quelle patience, quelle ferveur,
quel art !!! Nous sommes éblouis par ce travail de titan et restons
un bon moment à admirer ce qui est à notre portée.
Je lis peu après que la peinture, et notamment les fresques murales,
s'altéraient à cause de l'humidité provenant de la
lagune et des canaux, contrairement à la céramique, et que
cette technique de la mosaïque s'était imposée pour assurer
une plus grande longévité aux oeuvres.
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