Lac de Barroude

Richard, Serge, Xavier et Dominique partent au pas de charge pour le lac de BarroudeLa deuxième nuit sous la tente est plus reposante, au moins pour ceux qui ne dorment pas dans une couche humide. Nous avons donné quartier libre aux enfants pour la journée suivante : ils préfèrent s'amuser tranquillement au camping sous la surveillance somnolente de Jean-Jacques et de Michèle. Pendant ce temps, nous entreprenons une marche plus aisée mais très longue dont le but est le lac de Barroude. Il s'agit d'une randonnée en moyenne montagne. Par rapport au pic du Néouvielle, le paysage est plus ouvert, riant et fleuri. Rosé des présDans l'herbe bien verte malgré l'avancement de l'été, de gros champignons poussent, rosés des prés et vesses de loup qui apprécient cette alternance quotidienne de soleil et de pluie. Max en mange un tout cru et semble se régaler (il paraît que les rosés sont de la même famille que les champignons de Paris).

MarmotteSoudain, nous percevons un mouvement : une marmotte court d'un rocher à l'autre, puis s'arête à distance respectable pour nous observer d'un oeil. Une autre surgit, puis encore une autre. Ceux sont de grosses mémères de la taille d'un chien qui courent en balançant leur longue queue fournie à raies noires transversales. Je fais halte pour les observer à la jumelle. Pendant ce temps, Dominique abandonne : nouveau venu dans notre groupe, il n'aura fait qu'une apparition fugace. Il a suivi le rythme de Richard, Serge et Xavier durant la première demi-heure et s'est retrouvé totalement asphyxié (il fume beaucoup et manque d'entraînement). Il nous attendra pendant toute la journée à Piau-Engaly où il fera une petite promenade en solitaire après une bonne sieste récupératrice.

DelphiniumUne petite grenouille jaune et noire bondit devant mes pieds et disparaît dans un terrier. Serge sera content : Pascal, notre guide de la veille, s'était moqué de lui quand il avait annoncé qu'il en avait vu une. Il était persuadé qu'il l'avait confondue avec une salamandre. Les moutons à moitié pelés, marqués d'un seau de peinture bleue jetée sur le dos, sont particulièrement affreux, surtout en comparaison avec leurs congénères d'Ecosse élevés pour leur laine douce et blanche. La nature est majestueuse ; elle varie au fur et à mesure que nous changeons de vallée. Nous avons laissé une voiture non loin d'Aragnouet et sommes partis de Piau-Engaly, ainsi nous profitons d'une plus grande diversité de paysages et évitons le simple aller-retour. Au pied d'un pan de montagne érodé, Serge et Jeannot ont repéré des taches marron clair : il s'agit de deux isards qui prennent le soleil, allongés sur un névé. A la jumelle, nous en distinguons un troisième qui broute dans les rochers à proximité.

FalaiseIl n'y a pas beaucoup de dénivelé, mais nous ne cessons de monter et descendre. Au bout du compte, cela doit bien faire une petite montagne si l'on additionne tout. Après les estives, nous passons dans un goulet en longeant une falaise impressionnante d'au moins 200 mètres de haut. J'imagine le panneau "Attention, chute de pierres" et j'espère in-petto que le ciel ne va pas me tomber sur la tête. Le lac de Barroude est toujours invisible, occulté par un repli de terrain, par contre, nous commençons à distinguer le glacier qui l'alimente. Glacier de BarroudeNous hâtons le pas pour rattraper les autres : enfin le voilà ! Qu'il est beau ! Ces îlots aux roches déchiquetées qui se reflètent dans l'eau pure lui donnent un charme particulier. L'eau change de couleur suivant la profondeur des fonds, les nuances du ciel et le reflet de ses rives. Nous restons sur les hauteurs et pique-niquons les yeux fixés sur ce tableau offert par la nature. Ensuite, nous nous approchons. L'eau est fraîche mais elle ne saisit pas, bien qu'elle soit directement issue de la fonte du glacier, cependant la main mouillée perçoit davantage le froid de la bise.

Lac de BarroudeAutrefois, il y a une vingtaine d'années, les glaciers pyrénéens étaient plus importants mais ils se réduisent d'année en année comme une peau de chagrin. Richard se souvient d'avoir traversé un seul gros névé au Néouvielle : nous en avons franchi trois petits. Celui de Barroude a façonné toute la vallée dont il n'occupe maintenant qu'une infime portion. Après avoir pris un café au refuge alimenté en électricité par des panneaux solaires près duquel est installée une petite station météorologique, nous nous séparons en deux groupes. Jeannot, Christine et Jean-Louis B. amorcent directement la longue descente vers Aragnouet tandis que le reste du groupe fait un crochet par le pic du Port Vieux.

Le rythme accélère. Suivant les indications du tenancier du refuge, nous grimpons au Port de Barroude sur un terrain de schiste tout délité en plaques fines rosées totalement dépourvu de végétation qui nous fait penser à un sol volcanique. Ensuite, nous allons au sommet, pour le plaisir, bien qu'il faille retourner en arrière pour trouver un sentier en contrebas du côté espagnol, exposé au sud, dont les rocailles instables et l'herbe glissante m'inquiètent quelque peu. Enfin, d'une démarche à demi dérapante, nous atteignons le Port Vieux à partir duquel Serge et Max dévalent la pente tout schuss en courant afin de dépasser l'autre groupe et arriver avant lui à la voiture : Quels fous ! Jean-Louis et Richard marchent plus posément tandis que sur la fin je m'aligne sur le rythme de Xavier qui souffre des genoux et nous arrivons bon derniers, juste au moment où la pluie se déclenche !

Nous considérons tous que c'est l'une des plus belles balades que nous ayons jamais faite, quant à la longueur, la variété des paysages traversés et la beauté du lac et de son site. En passant à Saint-Lary, nous aurons juste le temps de faire une halte sous des trombes d'eau pour nous enquérir de guides afin de faire du canyoning en Aragon le lendemain et nous arriverons à point nommé pour le dîner au camping : quelle journée...

 

Page précédente
Retour au début
Page suivante
1/1