Thermalisme

Les cèpesAvec une histoire géologique aussi mouvementée, la présence d'eaux thermales n'est pas étonnante. Les sources thermales jaillissent depuis des millions d'années dans le creux de ce vallon du haut-Béarn. Leurs propriétés curatives sont sans doute connues depuis des temps immémoriaux. Du temps où seuls les médicaments offerts par la nature existaient, elles représentaient vraisemblablement une grande valeur. Avant le XVIIème siècle, la relation de l'homme à l'eau est quasiment divine, voire miraculeuse. L'héritage gallo-romain est encore dominant (les Romains occupèrent notre région jusqu'au Vème siècle après Jésus-Christ et leurs apports culturels et techniques furent importants). On se rend bien compte des effets bienfaisants des eaux minérales sur la santé mais ils sont attribués à d'obscures forces souterraines. Les rémissions sont considérées comme providentielles.

Les Eaux Chaudes

Repas préparé par Serge, Jean-Marc et MaïtéLes Eaux Chaudes, qualifiées "station de la Maison d'Albret", semblent connues depuis la création de la Novempopulanie par les Romains. Cinq sources spécifiques méso-thermales jaillissent aux abords de l'Etablissement Thermal à des températures comprises entre 32° et 34° et une source à 14° qui est une eau de consommation. Elles sont à double sulfuration sodique et calcique. Elles sont silicatées et riches en glairine et barégine. Elles dégagent des gaz rares dont le thoron et le radon. Elles sont limpides, onctueuses au toucher et incolores.

En 890, Sanche 1er, roi d'Aragon, lui attribue la guérison d'une goutte rebelle. Au XIIème siècle, c'est la princesse Télèze, femme de Gaston IV, souverain du Béarn, qui s'y rend, suivie du vicomte auquel on doit en 1127 la fondation de l'Hospice de Gabas et la construction d'une chapelle dédiée à Sainte Christine. En 1471, Gaston XI y tient sa cour. Au XVIème siècle, les Béarnais de Gaston de Foix viennent y panser leurs blessures après Ravenne (1512). Marguerite de Valois, soeur de François 1er, devenue Reine de Navarre, s'y rend à plusieurs reprises. En l'été de 1569, Jeanne d'Albret, sa fille et son héritière, y vient avec ses enfants et une cour brillante.

Les côtes de boeuf du dînerEn 1591, Catherine de Navarre, qui gouverne le Béarn pour son frère Henri IV devenu roi de France, y fait un séjour. C'est en 1838 que le conseil municipal de Laruns décide la construction de l'établissement actuel en marbre et pierre de taille. Le département crée une nouvelle route sur la rive du Gabas pour remplacer la route périlleuse du Hourat. Parmi les visiteurs de race royale qui honorèrent les Eaux-Chaudes de leur présence, citons : le Prince de Prusse, le Duc de Montpensier, le Duc et la Duchesse de Nemours, l'Infant d'Espagne Don Enrique et l'Infante Doña Josepha. En 1854, l'impératrice des Français, Eugénie, descendue aux Eaux-Bonnes, vint pendant 16 jours prendre son bain quotidien à l'Esquirette. En 1954, c'est l'Entraide Sociale qui prit en main la station thermale pour l'adapter aux besoins des temps nouveaux. A l'aube de l'an 2000, la commune de Laruns a repris possession de l'Etablissement.

Les Eaux-Bonnes

Place de LarunsAucun vestige antique n'a été découvert à ce jour aux Eaux-Bonnes qui prouverait une utilisation romaine (comme à Saint-Christau par exemple). Il semble d'ailleurs que cela soit le cas pour toutes les stations pyrénéennes situées trop à l'intérieur des montagnes et éloignées des principaux axes de communication. Les sources des Eaux-Bonnes sont citées pour la première fois en 1462. Leur appartenance, longtemps disputée entre Aas et Assouste, est enfin concédée au premier des deux villages.

Eglise St Pierre de Laruns, fin du XIXe s.C'est au cours du XVIème siècle, qu'est citée pour la première fois dans la bibliographie, l'édification d'un bâtiment. C'est un hôpital militaire, construit par François 1er et destiné aux Béarnais blessés à la bataille de Pavie (1525). En 1771, un certain comte Antoine Marie de Cluzel, officier de l'armée de Condé, écrit y avoir fait construire la "première maison honnête, avec vitres". Un an plus tard, en 1772, le Duc de Biron fait un séjour aux Eaux-Bonnes. Il qualifie l'état de l'établissement thermal de "désastreux" et ajoute que "trois mille malades s'y disputent les six baignoires". Deux sources sont exploitées sur les neuf existantes. L'une, nommée Source Vieille, jaillit à une température de 44°C au pied de la Butte au Trésor (eaux complexes vivantes, riches en soufre, oligo-éléments, plancton thermal et gaz rare). L'autre, la Source Froide, est captée en face du bâtiment de la Mutuelle Générale des PTT à une température de 13°C. Leurs vertus permettent de soigner l'ensemble des voies respiratoires, les rhumatismes et séquelles de traumatismes ostéo-articulaires.

Lors de son "Voyage aux Pyrénées" en 1860, Taine décrit ce que peut être la journée d'un curiste :
Il est recommandé de boire de l'eau trois fois par jour. "Chacun va prendre son flacon de sirop, à l'endroit numéroté, sur une sorte d'étagère, et la masse compacte des buveurs fait la queue autour du robinet(...). Le premier verre bu, on attend une heure avant d'en prendre un autre ; cependant on marche en long et en large, coudoyé par les groupes pressés qui se traînent péniblement entre les colonnes (...). On allonge le cou à la porte pour voir un couloir sombre où les malades trempent leurs pieds dans un baquet d'eau chaude, rangés en file comme des écoliers le jour de propreté et de sortie."

(informations extraites des sites respectifs des Eaux-Bonnes et des Eaux-Chaudes)


Page précédente
Page suivante