Jean-Louis
B. et Elisabeth sont repartis avant le dîner. Il fait chaud dans les
chambres la nuit et j'ai du mal à m'endormir, bien que je me sois mise
au lit de bonne heure. Ce lundi, aucun des enfants n'a envie de bouger. Nous
prenons le temps de manger un bon petit déjeuner, avec du pain cuit
dans les fours de la cuisine du camping (sans doute à partir de pâte
surgelée, mais il est excellent). Ensuite, ce sont les corvées
de rangement des bungalows et d'établissement des comptes (toujours
très compliqués parce qu'il y a toujours des exceptions, des
acomptes versés à déduire, des repas non pris ensemble,
etc. etc.). Nous nous prenons la tête à trois, Serge, Christine
L. et moi, et cela dure une bonne heure de calculs alambiqués qui,
de toute façon, ne peuvent jamais contenter tout le monde. Bref !
Sylvie, Jean-Luc, Diana et bébé
Luc s'en vont chercher la fraîcheur au col du Somport. Nous laissons
les enfants tranquilles au camping, où ils alternent les bains dans
le rio Barrasil et les parties de cartes Magic, sans oublier de manger le
pique-nique que chaque famille leur a concocté. Evidemment, maintenant
que le canyoning est terminé, ils rentreraient bien tous immédiatement,
mais nous (les adultes) avons envie encore de profiter d'une dernière
balade dans le Mascun.
Fereydoun veut revoir les cheminées de fée, et part en tête
avec Christine et Jeannot L. Nous suivons avec Christine et Serge G.
Marcher tranquillement et s'arrêter
où l'on veut pour examiner à loisir le paysage, c'est aussi
un plaisir. Je guette un moment les poissons dans le lit peu profond de la
rivière. Seul leur mouvement permet de les déceler : mimétisme
voulu ou sélection naturelle ont adapté la couleur de leurs
écailles à celle du lit de galets. En fait, il faut chercher
l'ombre qui bouge et dénonce leur présence furtive.
Au moindre mouvement, ils disparaissent dans un creux invisible. Pourtant,
la truite de Jeannot demeure imperturbable malgré la présence
en aval de deux jeunes filles qui pataugent gaiement.
Dans
le ciel, les vautours planent dans les ascendances. Le guide m'a expliqué
comment distinguer un aigle (présent également dans les falaises)
d'un vautour. Il est plus ramassé, les ailes plus arrondies et de moindre
envergure,
qui
ne se terminent pas par des plumes en forme de doigts écartés,
le corps plus court, et surtout un vol à moindre altitude, moins plané,
avec des battements d'ailes qui le mènent plus directement à
sa proie mobile. A vrai dire, nous ne voyons que des vautours, si sa description
est exacte, et ils sont en très grand nombre, c'est impressionnant.
Comme
sur l'autre flan des Pyrénées, après une longue période
de destruction massive, il s'agit désormais d'une espèce protégée,
dont on soutient l'alimentation en apportant des carcasses sur des aires de
nourrissage, et dont on protège la reproduction en interdisant certaines
falaises à la pratique de l'escalade, particulièrement en cette
période-ci.
Nous
faisons halte de nouveau à la fontaine, résurgence naturelle
du Mascun après un périple dans la roche, comme l'explique un
schéma sur un panneau. Les insectes grouillent en surface, qui amusaient
tant les enfants la veille (ils s'amusaient à les immerger avec leur
casque enfoncé à grand bruit dans l'eau claire, et s'étonnaient
de les voir toujours aussi nombreux, apparemment indestructibles et imperturbables).
Alimentées par les minéraux perdus par la roche et dissous dans
l'eau, les herbes poussent nombreuses à cet endroit.
Curieusement,
nous faisons halte pour pique-niquer à l'endroit même où
nous avions mangé l'an dernier. Comme l'a observé Jeannot dès
le premier jour, le niveau de l'eau est sensiblement inférieur à
celui de l'an passé.
La
mare au bord de laquelle nous étions a disparu, laissant à sec
un creux empli de gros galets. Tout en déjeunant, nous nous laissons
charmer par le manège des hirondelles, très particulier, puisqu'elles
font des va et vient contre le flan vertical de la falaise qui nous domine,
s'arrêtant presque par moment pour perdre ensuite de l'altitude en basculant
de part et d'autre comme une feuille morte avant de reprendre leur vol rapide
habituel.
Il
est l'heure de retourner sur nos pas. Ne seraient les enfants qui nous attendent
et la perspective d'un retour à une heure trop tardive, nous nous attarderions
volontiers dans le calme de ce canyon. Les petits oiseaux nous accompagnent
de leurs chants. Malgré l'assèchement de la rivière,
les bosquets sont encore très verts et offrent à toute une faune
la fraîcheur de leur ombre douce. Nous ne résistons pas à
la tentation de nous baigner une dernière fois dans l'eau fraîche
et reprenons d'un pas gaillard la montée raide jusqu'au village.
Rodellar Canyoning au rio Mascun 7-8-9 juin 2003 |