 La
pause pique-nique est bienvenue. Nous nous asseyons sur des roches sèches
à l'abri des ajoncs, avec vue sur la mer. Les sacs à dos
seront plus légers. Chacun se trouve un creux confortable et nous
déballons les victuailles. Après ce repos, nous reprenons
le trajet d'un pas plus alerte.
A un croisement, ceux qui sont en
tête se trompent de chemin, et nous faisons un bon détour
(avec ascension d'une colline). Evidemment, comme toujours, nous trouvons
une bonne âme pour nous dire que les deux chemins se rejoignent
(oui, d'accord, mais à San Sebastian seulement). Il s'agit de la
nouvelle piste cyclable en plaques de béton récemment inaugurée,
je crois. Beaucoup de promeneurs en profitent, mais je trouve dommage
de ne plus voir la mer. Dès que possible, nous bifurquons pour
retrouver le sentier aux marques rouge et blanche (comme le GR10).
 Arrivés
en vue de San Sebastian, nous faisons un petit crochet par le fort désaffecté
situé en contrebas. Florian est ravi de partir en exploration à
la suite de Max. Il y a des tunnels et des soupiraux, catacombes et décombres
de murs, de quoi nourrir son imagination fertile. Ensuite, il faut franchir
l'unique passage délicat de la randonnée : à l'approche
de San Sebastian, ce sont des falaises vives, qui reculent sous les coups
de boutoir des tempêtes océaniques. Le sentier disparaît
à mesure et doit être retracé un peu plus haut, avec
les vagues qui cognent en contrebas. Nous avançons à la
queue-leu-leu, nous accrochant à un endroit à un filin métallique
fixé dans la roche à l'attention des promeneurs. Cet endroit
difficile d'accès fait le bonheur des nudistes et autres marginaux.
Florian en aperçoit soudain un qui se dresse à quelques
mètres de lui. "Maman ! Il était tout nu derrière,
et tout nu devant !" C'est l'aventure de la journée.
 Il
n'est que 2 heures et demie. Nous avons le temps de traverser la ville
par la plage (Florian se trempe le pantalon, avant de se décider
à l'ôter), de déguster une bonne glace et de visiter
l'aquarium. En principe, je n'aime pas trop que l'on enferme ainsi des
animaux sauvages en cages ou en bassins, mais il faut avouer que ce musée
de la mer moderne est aménagé avec beaucoup de goût
et une esthétique certaine. Avancer à l'intérieur
même du bassin avec des raies manta et des requins qui passent au-dessus
de nos têtes et tout à côté laisse une impression
inoubliable.
 Nous
nous dirigeons vers la gare du topo en traversant le petit port aux bateaux
rutilants. Sur le quai, des vendeurs proposent sur une petite table surmontée
d'un parasol des bouquets de crevettes dans des coquetiers blancs ou des
sachets de bigorneaux. Un dauphin pointe sa tête exactement à
l'endroit où nous l'avions déjà remarqué lors
de notre trajet pour l'île de Santa Clara où nous avions
organisé un pique nique, il y a quelques années.  Ce
n'est pas évident de le photographier. J'appuie toujours trop tard
sur le bouton. Après l'avoir observé un moment, nous longeons
la plage de la Concha sur le boulevard encombré d'une foule bruyante
et suivons un long boulevard bordé de belles maisons. San Sebastian
est une ville cossue où nombre d'entre nous ne dédaignerait
pas d'y vivre. Comme à l'aller, l'attente est minime à la
gare et nous reprenons le train en échangeant nos impressions.

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