J'oublie toujours la signification des styles "mozarabe" et "mudéjar". Après enquête, j'apprends qu'il s'agit de la combinaison d'éléments de l'architecture et de l'art islamiques avec des styles chrétiens. Suite au contact prolongé entre Maures et Chrétiens, ont été combinés des matériaux, des techniques et une esthétique islamique avec un contenu et un sujet chrétiens. Les Mozarabes étaient des Chrétiens qui vivaient en territoire maure, tandis que le style mudéjar provient de la collaboration d'artisans maures dans l'édification d'oeuvres chrétiennes, comme par exemple la construction d'églises.
Nous sommes partis d'Anglet très tard ce matin, à 10 heures passées, et l'heure du déjeuner approche. Nous reprenons la voiture et cherchons un bosquet sympathique avant Logroño. Nous finissons par trouver une petite route de campagne entre vigne et bois de pins, bordée de fleurs où domine le rouge flamboyant des coquelicots. Des chardons bleus se dressent également, parmi les marguerites et les boutons d'or. Une fois rassasiés, Jean-Louis s'installe pour une sieste-lecture tandis que je pars en reconnaissance. Sous mes pieds craquent les fines aiguilles de pin sèches et brunes qui dégagent une puissante odeur de résine. En terrain découvert, le thym abonde, aux senteurs capiteuses. Sur la butte soufflait une brise rafraichissante alors que sur la route en contrebas les rayons du soleil dardent fort et surchauffent l'air immobile, je regrette de n'avoir pas pris mon chapeau. J'observe un moment une vigne "moderne", aux ceps minuscules irrigués par un tuyau noir, et dont les futurs sarments devront grimper le long de piquets métalliques et s'étaler en s'accrochant à du fil de fer. Nous sommes loin du charme des vignes du Bordelais aux rosiers fleuris en tête de rangée.
Nous sommes déçus par Logroño. La ville nouvelle n'est pas mal, mais ce n'est pas ce que nous cherchons : j'aime visiter les quartiers anciens et ici, la vieille ville nous semble très désaffectée, percée de trous béants laissés par les maisons démolies où oeuvrent bruyamment les machines excavatrices et les grues. Parfois, une façade se dresse, fenêtres et portes condamnées, maintenue par des étais, cachant mal un tas de décombres qui s'empilent derrière, en attente d'une construction neuve pour la soutenir. Les gens habitent par endroits des taudis minuscules et sombres, aux façades lépreuses et crépis dégradés. Des herbes folles poussent entre les pierres et les tuiles, sur les façades, les toits et dans les gouttières, donnant une impression d'abandon et de laisser-aller. Heureusement que le climat n'est pas tropical, sinon tous les monuments auraient disparu depuis longtemps. Le point positif, c'est que la circulation automobile est circonscrite à l'extérieur, et très réduite dans les vieux quartiers.
Le très mauvais état des bâtiments n'est pas la généralité, mais nous trouvons dommage qu'il n'y ait pas plus d'effort fait dans le sens de l'amélioration de l'habitat ancien et la réhabilitation des monuments, tout spécialement ceux du Moyen-Age, puisque Logroño est sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Nous sommes surpris, car Bayonne réhabilite depuis fort longtemps son centre ville, devenu très coquet, de même que la plupart des villes et villages alentour, y compris Irun, Fontarrabie, Saint Sébastien, et le dynamisme du Pays Basque sud m'avait donné l'impression que toute l'Espagne était à son image, et avait évolué à peu près en même temps que nous. Du coup, à mon retour, je consulte les PIB comparés des régions espagnoles, par rapport à la moyenne européenne (à 15). Effectivement, la Rioja est un peu moins aisée que Madrid, la Catalogne, le Pays Basque et la Navarre (dans l'ordre décroissant), et son PIB est légèrement inférieur à la moyenne européenne (statistiques de 2001).
L'histoire de la Rioja a été plutôt mouvementée, tour à tour possession celte, romaine, maure, puis des divers royaumes environnants (Léon, Navarre, Castille, Aragon) pour enfin dépendre des municipalités de Burgos et Soria au XVIIIème siècle avant de devenir indépendante dans ses limites actuelles en 1833. Une fête est toujours célébrée le 11 juin pour se réjouir de la résistance de la ville au siège imposé en 1521 par les Français qui durent repartir bredouilles (Fêtes de San Bernabé, patron de la ville).
Nous reprenons la route en direction de Haro, où nous avons réservé une chambre pour la nuit. Le paysage de la Rioja est très varié, alternant campagnes cultivées, coteaux rocailleux aux couleurs blanches ou ocres, et barrières de sierras élevées à l'horizon. Les monticules incultes au milieu des champs de blé sont souvent occupés par des églises, des châteaux, ou de petits villages pittoresques.
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La Rioja alta |
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Séjour
culturel 20-22 Mai 2004 |
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Cathy et Jean-Louis |