Les
jeunes sont contents et tirent déjà des plans sur la comète.
Ce sera leur première installation officielle ensemble. Malgré le
temps pluvieux, nous allons déjeuner le lendemain avec Archangela
au Temple sur Lot. Sur les coteaux, Archangela nous aide à distinguer
les arbres fruitiers en fleurs : pruniers, cerisiers, poiriers, pommiers,
et les arbustes à kiwis aux branches taillées recourbées vers le sol,
pour faciliter la récolte, sans doute, et éviter qu'elles ne se cassent
sous
le poids des fruits, plantés sous des toiles plastiques enroulées (pour
créer, une fois étalées, un effet de serre ou bien les
protéger
des
averses de
grêle, je
ne sais).
La campagne est belle, et nous sentons sa richesse au nombre de châteaux
et grandes demeures que nous apercevons partout.
Nous entrons dans une élégante maison du XIXème où l'on accède par une longue allée de cèdres, et dont la piscine dans le parc semble se déverser dans le Lot, juste derrière. Archangela nous raconte qu'il existe une curiosité dans le village dont elle n'a appris l'existence qu'en visitant une exposition florale à Paris ! Il s'agit de Latour Marliac, la plus ancienne pépinière au monde pour la culture de nénuphars de toute provenance. Il est malheureusement trop tôt pour les admirer, bien que la visite soit possible dès la mi-mars, d'après le site internet que je consulte une fois revenue à Anglet.
Le Temple sur Lot (ou
Brulhe ou Breuil) doit son nom aux Templiers qui y avaient installé leur
commanderie
générale. C'était le chef-lieu administratif de
la baillie d'Agenais. Nous apercevons, non loin de la route, la
sévère silhouette massive dont les proportions
me font penser à la commanderie
d'Irrissarry, dans des coloris plus attrayants quand même, grâce à l'emploi
de la brique.
C'est
Rainford
1er, seigneur de Montpezat, qui est à l'origine de sa fondation à la
fin du XIIème siècle. Au cours du XIVème siècle,
après l'arrestation
des Templiers et la dissolution de cet ordre se fonde le village qui
devient
lieu de repos pour les pèlerins mais aussi pour les gens de
guerre, et
point de contrôle du commerce fluvial. Après
la guerre de Cent Ans, la Commanderie est reconstruite en briques toulousaines. De
là surviennent les guerres de religion qui éprouvent
le domaine du Temple de Breuil.
En 1789, la Révolution mettra fin au rôle historique de
la Commanderie. Actuellement, c'est un lieu d'accueil (restaurant,
bar) près de sa
base nautique et de son jardin aux nénuphars Latour-Marliac.
(Informations extraites du site de l'office du tourisme de Lot-et-Tolzac).
Sur
un autre site internet, j'apprends que la petite centrale hydroélectrique
de Temple s/Lot, construite par EDF, et qui comporte une chute de
10 mètres,
crée
des nuisances en aval en
raison du ralentissement du flux, ce qui engendre l'ensablement du
lit. En outre,
le renouveau des activités nautiques perturbe l'état
des berges et entraîne un risque de dégradation. Les
multiples retenues et écluses
qui contiennent
la fougue du Lot, le rendent navigable et fournissent de l'énergie,
empêchent
les grands migrateurs de remonter frayer à la source
: ils sont bloqués en aval du Temple. Moi qui ai passé un
bon moment dans la semaine à essayer de programmer une balade
en bateau sur le Lot pour ce week-end pascal, je ne me doutais pas
des conséquences
!
Après
le repas,
je motive les troupes pour visiter (la pluie n'a pas cessé) le
village
pittoresque
de
Clairac. Depuis
la route, nous apercevons au
bord d'un champ de blé vert la silhouette insolite d'un bateau.
Nous arrivons par les arrières du village, où les maisons
banales nous donnent presque envie de poursuivre notre route. Heureusement
que j'ai vu le site sur internet la semaine auparavant. Nous
nous garons et je pars
au hasard, en grimpant les escaliers qui mènent en haut de la
colline. Très vite, j'aperçois les premières maisons à colombage,
aux murs de torchis, de brique et de bois mêlés. Les ruelles
pavées se rapetissent
et contournent les maisons au hasard de leur implantation. Je repars
chercher les autres afin qu'ils puissent profiter de l'éclaircie passagère
et admirer ces maisons. Entretemps, Jean-Louis est parti aussi visiter
le village, et nous le retrouverons près du musée aux automates.
D'après
le petit historique de Clairac diffusé sur internet, c'est autour
d'une abbaye fondée
en 767 par Pépin le Bref qu'à partir du XIème
siècle s'est développé le village.
Je signale ici juste deux-trois détails qui m'ont intéressée.
En 1556, le moine André THEVET rapporte du Brésil des
graines de tabac qui sont semées dans le jardin de l'abbaye
(5 ans avant Jean NICOT). Un
autre moine rapporte d'un voyage au Moyen-Orient des plants de prune
d'ente
(le futur "pruneau d'Agen"). Au XVIIIème siècle,
Clairac est une ville importante, prospère, brillante aussi
par ses hommes de science : Jacques
de ROMAS (1713-1776) met au point le premier paratonnerre au château
de Vivens en 1753 (avant Benjamin FRANKLIN). Cela m'amuse de voir
qu'en visitant un village que j'imaginais "seulement" pittoresque,
nous avons rencontré l'Histoire.
Accessoirement,
Jean-Louis a le coup de foudre pour un
tableau dans une galerie de peintures où nous pénétrons,
attirés par
l'exposition du rez-de-chaussée. Elle est intéressante,
mais l'environnement ne l'est pas moins. Le
propriétaire a fait soigneusement retirer le crépis
qui cachait les poutres, et l'on peut désormais
clairement voir la nature des murs de boue et de paille insérés
entre les piliers
qui gardent la forme de leur tronc d'origine.
Sous
les fenêtres à
petits carreaux et volets individuels intérieurs, un évier
de pierre conserve
toujours son écoulement vers l'extérieur à travers
le mur du premier
étage. Ce
fond brut fait ressortir à merveille les tableaux par contraste.
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La Rhune, Bordeaux, Le Temple s/Lot, Clairac et Agen |
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20 mars et 26-27-28
mars 2005 (Pâques) |